Les résultats des Sept Magnifiques seront-ils à nouveau flamboyants ?
Nul doute qu’on jugera le succès de la saison des résultats à l’aune des bilans des « Sept Magnifiques ». L’occasion de passer en revue les attentes et de les comparer aux notations de ces entreprises vedettes.
Meta Platforms : en pleine forme
Meta Platforms est l’un des mastodontes qui ouvrira le bal le 29 janvier. Les actions de la société de Mark Zuckerberg sont en pleine forme. La capitalisation boursière a grimpé de 72% l’année dernière et la holding qui chapeaute Facebook, WhatsApp et Instagram, entre autres, vaut aujourd’hui 1.550 milliards de dollars. Le cours de l’action a augmenté beaucoup plus vite que le bénéfice par action l’année dernière, et pour l’exercice en cours, la croissance du bénéfice sera encore plus faible. Meta vise à utiliser l’IA pour rendre les publicités sur ses différentes plateformes plus efficaces en les faisant correspondre au public cible. Toutefois, les investissements dans l’IA ne sont pas négligeables et atteindront 55 à 60 milliards de dollars en 2025, contre près de 40 milliards de dollars l’année dernière.
Pour les trois derniers mois de 2024, le consensus est autour d’un bénéfice de 6,73 dollars par action, soit environ un quart de plus qu’un an plus tôt. Le chiffre d’affaires devrait augmenter de 17% pour atteindre 47 milliards de dollars. Au troisième trimestre, le chiffre d’affaires a encore augmenté de 19%. Meta se négocie à 26,8 et 24 fois ses prévisions de bénéfices pour respectivement 2024 et 2025. Ce n’est pas extrême. D’où la recommandation de conserver l’action.
Microsoft : à la traîne
Ce même 29 janvier, après les heures de cotation, les actionnaires de Microsoft découvriront également les performances de leur entreprise préférée. Ces actionnaires ont dû se contenter d’une hausse de 12% du cours de l’action l’année dernière, ce qui a laissé l’action loin derrière le Nasdaq. Avec une valeur de 3.160 milliards de dollars, Microsoft occupe la troisième place, après Nvidia et Apple, sur la liste des capitalisations boursières les plus élevées au monde.
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Le consensus prévoit un chiffre d’affaires de 68,9 milliards de dollars et un bénéfice de 3,13 dollars par action. Cela représente respectivement une augmentation de 11 et 7% par rapport à la même période de l’année dernière. Pour l’exercice 2025, qui s’étend jusqu’à la fin du mois de juin, le consensus s’attend à un bénéfice de 13,04 dollars par action, soit 10% de plus que l’année précédente. Microsoft se distingue par un bilan solide qui lui permet de payer des dividendes élevés malgré de lourds investissements dans les datas centers destinés à l’IA. À 32 fois les bénéfices attendus et plus de 11 fois le chiffre d’affaires, Microsoft est onéreuse, même au vu de la croissance projetée. Le cours actuel de l’action n’est donc pas un point d’entrée favorable, mais plutôt une occasion d’engranger des bénéfices. Notre colseil : “vendre”.
Tesla Motors : absurde
Jamais deux sans trois. Après la clôture de ce 29 janvier, Tesla, l’action star du moment, publiera également ses résultats trimestriels. La capitalisation boursière de l’entreprise dirigée par Elon Musk est passée à 1.130 milliards de dollars. Fait remarquable: l’essentiel de cette hausse s’est produit dans les derniers mois de 2024, lorsque les cartes politiques ont été rebattues aux États-Unis. Et elle doit beaucoup à l’implication d’Elon Musk au côté de Donald Trump. Le marché suppose que ce pouvoir politique conduira à des réglementations favorables aux activités de Tesla. Car on ne peut pas dire que Tesla a connu une année exceptionnelle sur le plan opérationnel.
Le bénéfice moyen prévu est de 0,76 dollar par action, contre 0,71 pour la même période l’année précédente. Le chiffre d’affaires augmenterait d’environ 8% pour atteindre 27,1 milliards de dollars. Des nouveautés telles que le Robotaxi, une voiture partagée à conduite autonome, et le robot Optimus (qui a demandé de lourds investissements) pourraient à terme commencer à générer des bénéfices pour Tesla… ou pas. Google a en effet une longueur d’avance sur Tesla avec sa voiture autonome Waymo. Mais surtout les livraisons de véhicules électriques diminuent, ce qui entraîne une baisse de la rentabilité. Sa valorisation est de 160 fois les bénéfices, près de 100 fois l’EBITDA et près de 13 fois le chiffre d’affaires. Une folie. Tesla est une action dont les investisseurs ayant un certain sens de la réalité ont tout intérêt à s’éloigner le plus possible. La recommandation “vendre” reste donc d’actualité.
Apple : la plus forte capitalisation boursière
Un jour plus tard (30 janvier), ce sera à Apple de donner un aperçu de ses chiffres. Sa capitalisation boursière a augmenté de 35% l’année dernière et s’élève désormais à 3.580 milliards de dollars. De quoi faire du fabricant de l’iPhone l’entreprise à la plus forte valorisation au monde. Le trimestre de fin d’année est traditionnellement le plus important pour ses ventes. Mais il y a trois mois, les prévisions d’Apple étaient plutôt prudentes : le chiffre d’affaires devait augmenter de 2 à 5% par rapport à l’année précédente, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 7%.
Ces prévisions ont depuis été quelque peu ajustées et le consensus table désormais sur un chiffre d’affaires de 124,2 milliards de dollars, soit 3,9% de plus qu’un an plus tôt. En tenant compte de l’inflation, il n’y a donc pas de croissance en termes réels. Le bénéfice par action devrait augmenter de 7,8% pour atteindre 2,35 dollars. Apple espère que l’intégration d’applications d’IA (Apple Intelligence) permettra d’accroître la croissance. Warren Buffett n’est pas convaincu, car Berkshire Hathaway a déjà vendu la majeure partie de sa position dans Apple. Malgré l’absence totale de croissance, Apple n’a jamais été aussi cher. L’action se négocie à 32 fois les bénéfices attendus et à 8,5 fois le chiffre d’affaires pour le nouvel exercice. La recommandation reste de vendre.
Alphabet : la valorisation la plus basse
Cela reste à confirmer, mais en principe Alphabet annoncera également ses résultats le 30 janvier. En 2024, la maison mère de Google a surperformé le Nasdaq avec une hausse de 40%. Le consensus attend un bénéfice par action de 2,12 dollars, soit autant qu’au troisième trimestre. Sur une base annuelle, cela représenterait une croissance de 29%. Le chiffre d’affaires, qui s’élèverait à 96,7 milliards de dollars, serait supérieur de 12% à celui de la même période de l’année précédente.
Pour l’ensemble de l’exercice 2024, la croissance attendue des bénéfices et du chiffre d’affaires est respectivement de 12 et 38%. Il convient toutefois de noter que les bénéfices de l’exercice nouvellement lancé augmentent nettement moins (prévision de +12%) que ceux de l’exercice 2024. Le titre est coté à 24 fois les bénéfices attendus en 2024 et à 21,5 fois les bénéfices en 2025. Ce qui fait d’Alphabet le titre le moins bien valorisé parmi les Sept Magnifiques. La recommandation est « conserver ».
Amazon : des investissements élevés
Le 31 janvier, Amazon publiera ses résultats. Amazon fait partie de la liste des gagnants en 2024 avec une augmentation du cours de l’action de 45% ! Avec une capitalisation boursière de 2.340 milliards de dollars, Amazon est à peu près de la même taille qu’Alphabet. Le commerce de détail représente 83% des ventes, mais génère de faibles marges. La véritable rentabilité se trouve dans la division « cloud » Amazon Web Services (AWS), qui génère près de 60% du bénéfice d’exploitation. AWS ne croît pas aussi vite que Microsoft Azure et Google Cloud.
Pour le quatrième trimestre qui vient de s’achever, le consensus estime le bénéfice à 1,48 dollar par action. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui du troisième trimestre (1,43 dollar) et presque 50% plus élevé que celui de l’année précédente (1 dollar). Le chiffre d’affaires, à 187,3 milliards de dollars, devrait être environ 10% supérieur à celui du même trimestre de 2023. Amazon se négocie à 42,5 fois les bénéfices et 35 fois le chiffre d’affaires – ce qui en fait une action chère. Le fondateur Jeff Bezos semble du même avis puisqu’il a vendu pour plus de 16 milliards de dollars d’actions Amazon l’année dernière. Les coûts d’investissement sont très élevés (IA et centres de données en cloud) et Amazon veut également se lancer sur le marché des satellites, très gourmand en capitaux. Ici aussi la recommandation est de “vendre”.
Nvidia : taux de croissance plus faible
Les actions de Nvidia ont progressé de 171 % l’année dernière, portant sa capitalisation boursière à 3.310 milliards de dollars. Pour le quatrième trimestre, les prévisions tablent sur un chiffre d’affaires de 38 milliards de dollars et un bénéfice de 0,85 dollar par action. Ces chiffres sont respectivement supérieurs de 72 et 64% à ceux de la même période de l’année précédente. Au troisième trimestre, la croissance du chiffre d’affaires était encore de 94%. Nvidia est cotée à 46 fois le bénéfice attendu et 26 fois le chiffre d’affaires pour l’exercice 2025. Pour le prochain exercice, ces chiffres tombent à 31 fois et 17 fois, respectivement.
Cela signifie que l’entreprise ne peut se permettre aucun dérapage. Si la croissance de Nvidia reste impressionnante, ce taux de croissance ralentit. La société dépend de quatre clients pour la moitié de son chiffre d’affaires et les incertitudes concernant les règles d’exportation augmentent. Nous ne pensons pas qu’il soit judicieux pour l’instant de prendre des positions sur un titre dont les investisseurs sont guidés par le sentiment et le momentum. Par conséquent, nous maintenons une recommandation de vente sur Nvidia. La société devrait présenter ses résultats le 26 février.
En résumé, les chiffres clé :
Evolution du cours en 2024 | Valeur marchande (en 1.000 milliards de dollars) | Ratio C/B attendu en 2025 | |
Apple | 35% | 3,58 | 32,3 |
Nvidia | 171% | 3,31 | 46 |
Microsoft | 12% | 3,16 | 32,1 |
Alphabet | 40% | 2,39 | 24 |
Amazon | 45% | 2,34 | 42,5 |
Meta | 72% | 1,55 | 26,8 |
Tesla | 62% | 1,33 | 160,1 |
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