Malgré les tensions commerciales et les dépenses massives en intelligence artificielle, les résultats trimestriels des poids lourds américains de la tech ont dépassé toutes les attentes.
Le deuxième trimestre restera dans les annales de Wall Street. Les mastodontes technologiques américains – Microsoft, Meta, Google, Apple et Amazon – ont affiché des résultats à faire pâlir les prévisionnistes, en pleine tourmente géopolitique et malgré des investissements colossaux dans l’intelligence artificielle.
“Il y a des moments qui resteront longtemps gravés dans l’histoire des marchés… et la soirée d’hier en fait incontestablement partie, avec les résultats spectaculaires publiés par Microsoft et Meta”, résume Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities.
Microsoft a franchi le cap symbolique des 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, devenant la deuxième entreprise à atteindre ce seuil après Nvidia. Le géant de Redmond a publié un bénéfice net de 27,2 milliards de dollars (+24%) pour un chiffre d’affaires de 76,4 milliards (+18%). Sa division cloud, qui inclut aussi ses services d’IA pour entreprises, génère désormais plus de 100 milliards de revenus annuels – davantage que l’ensemble de Microsoft il y a dix ans.
Meta n’est pas en reste. Le groupe de Mark Zuckerberg a bluffé les marchés avec un bénéfice net en hausse de 36%, à 18,34 milliards, pour un chiffre d’affaires de 47,5 milliards (+22%). Des performances que son patron attribue à l’intégration de l’IA dans ses systèmes de recommandation de contenus et d’optimisation publicitaire.
L’obsession de la superintelligence
Zuckerberg ne cache plus son ambition de se positionner en chef de file de la future “superintelligence”, ce Graal technologique aux capacités cognitives surpassant celles des humains. Pour y parvenir, il a recruté à prix d’or chez OpenAI, Google et Anthropic, et prévoit des investissements de plusieurs centaines de milliards de dollars dans des centres de données nouvelle génération.
Chez Google, les dépenses suivent la même courbe. Le groupe prévoit 85 milliards de dollars d’investissements cette année – 10 milliards de plus qu’annoncé – pour soutenir la croissance de son cloud, dont les ventes ont bondi de 32%. Des efforts soutenus par des bénéfices solides : 28,2 milliards de dollars au deuxième trimestre pour un chiffre d’affaires de 96 milliards (+14%).
Pour l’instant, Google résiste bien à la concurrence des nouveaux venus comme ChatGPT ou Perplexity, notamment grâce à ses propres intégrations d’IA générative dans son moteur de recherche.
“Le marché ne prend pas encore pleinement la mesure de la vague de croissance qui se profile, alimentée par quelque 2.000 milliards de dollars de dépenses prévues sur les trois prochaines années pour déployer des technologies d’IA”, anticipe Dan Ives.
L’ombre des tensions commerciales
L’autre enjeu surveillé de près par les marchés reste l’impact des politiques commerciales américaines. Dans un contexte incertain, Meta et Amazon profitent d’un effet d’aubaine : les annonceurs privilégient les plateformes déjà éprouvées, et les restrictions douanières visent de plus en plus directement la concurrence chinoise.
Amazon tire ainsi avantage de la perte d’exemptions douanières pour les colis de Shein et Temu. Résultat : des performances meilleures qu’attendues, grâce à l’IA aussi bien côté consommateurs que via AWS, sa plateforme cloud. Mais AWS croît à un rythme moins soutenu que ses rivales chez Microsoft et Google. De quoi doucher les attentes : le titre Amazon chutait de plus de 6% dans les échanges après Bourse.
Apple : un rebond malgré tout
De son côté, Apple a également rassuré les marchés, malgré un retard à l’allumage sur l’IA et une facture douanière salée. Le groupe californien a dégagé un bénéfice net de 23,4 milliards de dollars (+9%), porté par les ventes d’iPhone.
Une performance supérieure aux prévisions, malgré un coût de 800 millions de dollars lié aux surtaxes américaines – un montant qui devrait franchir le milliard de dollars au trimestre prochain.