L’économie en K ou la prospérité sélective : seuls quelques-uns en profitent

Economie du K
© DR
Muriel Lefevre

Bienvenue dans l’ère du K, ou prospérité sélective et croissance moyenne cache un monde à deux vitesses.

L’expression “économie en K” décrit une dynamique où les trajectoires économiques divergent : certains secteurs et populations prospèrent (la branche supérieure du K) tandis que d’autres stagnent ou régressent (la branche inférieure). Ce schéma est accentué par la numérisation et l’Intelligence Artificielle (IA), conduisant à une économie mondiale de plus en plus fragmentée et inégalitaire.

Le moteur de l’IA et la fracture américaine

Aux États-Unis, l’économie en K est manifeste. La croissance, qui s’est établie à 1,6 % au premier semestre 2025, est presque entièrement portée par l’IA. Les investissements massifs dans l’IA ont contribué à 1,4 à 1,5 point de cette croissance. Sans ces dépenses technologiques, la croissance aurait été quasiment nulle (0,1 % annualisé), confirmant que quelques secteurs technologiques tirent l’ensemble de l’économie. Cette divergence se retrouve dans la consommation, que le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a qualifiée d'”économie bifurquée”.

Les 10 % les plus fortunés représentent désormais près de la moitié de toutes les dépenses. Les deux phénomènes – boom de l’IA et concentration de la consommation – sont intimement liés. L’explosion des investissements tech propulse les marchés actions à des sommets historiques. Cette envolée gonfle le patrimoine des ménages aisés, principaux détenteurs d’actions (20% de la population possède 87% des titres). Ces derniers dépensent alors davantage, tandis que les ménages modestes peinent.

Risque de bulle et vulnérabilité

L’euphorie boursière, alimentée par des investissements en IA qui devraient atteindre plus de 2 000 milliards de dollars d’ici 2026, soulève un risque de bulle. Les experts mettent en garde contre le fait que l’économie en K est plus vulnérable : l’éclatement d’une bulle pourrait provoquer une correction boursière, pesant sur la consommation des plus riches et déclenchant un cercle vicieux. Si les licenciements s’intensifiaient, de nombreux demandeurs d’emploi se retrouveraient sans nouvelles opportunités dans des secteurs en stagnation. Pour sortir de ce schéma, il faudrait un partage plus équitable des gains de l’IA et une compensation des pertes d’emplois par de nouvelles créations.

L’Économie en K en Europe

Bien que l’Europe présente des systèmes de redistribution plus développés, les inégalités sont également croissantes. Même si elles restent structurellement moins importantes qu’aux États-Unis. En Europe, les 10 % les plus riches captent 36 % du revenu national, contre 45 % aux États-Unis. Cependant, la concentration de la richesse est marquée. Les 10 % des ménages les plus riches de la zone euro possédaient 57,4 % de la richesse totale au début de 2025, selon la BCE.  À l’inverse, la moitié la plus modeste des ménages ne détenait qu’environ 5 % de la richesse totale.

Le rapport Global Wealth Report 2025 publié par UBS confirme cette inégalité à travers le coefficient de Gini, qui mesure la répartition des richesses. Plus la valeur se rapproche de 1, plus les inégalités sont fortes. Par exemple, la Suède enregistrait le coefficient le plus élevé d’Europe (0,75). Tandis que la Belgique (0,47) se situait en bas de l’échelle. On notera cependant que pour la Belgique de nouvelles données indiquent une inégalité de revenus plus élevée qu’estimée auparavant.

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