Un mois à peine après son installation au poste de CEO, Philipp Navratil annonce la suppression de 16.000 emplois avec, à la clé, une économie de 3 milliards de francs suisses (CHF) d’ici à la fin de 2027.
La nouvelle a fait gagner à l’action 9,3%, sa plus forte hausse journalière depuis 2007. Après avoir assisté pendant des années au recul du chiffre d’affaires (CA) et des bénéfices, les observateurs comptent sur le pragmatique CEO pour reconquérir des parts de marché, compresser les coûts et alléger la dette du groupe.
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Nestlé
Avec une capitalisation boursière de 210 milliards CHF (225 milliards d’euros environ), Nestlé est une des plus grandes entreprises agroalimentaires du monde – une des plus diversifiées, aussi, puisqu’elle est par exemple active dans près de 200 pays. Des 91,4 milliards CHF de CA réalisés en 2024, 36,1 provenaient des États-Unis, 17,1 d’Europe et 21,2 d’Afrique-Asie. Dans un monde polarisé, cette large répartition géographique intéressera l’investisseur en quête d’un placement défensif.
Tombé de 94,4 milliards CHF en 2022 à 93 milliards en 2023 et à 91,4 milliards en 2024, le CA devrait cette fois culminer à 89,8 milliards. L’évolution des bénéfices n’est guère plus encourageante. Quant au bénéfice par action, après trois ans d’une relative stabilisation (grâce au rachat d’actions propres), il devrait passer de 4,77 à 4,31 CHF, estiment les analystes. Pour le marché, il est temps de trancher dans le vif.
2.000 marques ; trop ?
Les difficultés ne sont pas dues qu’à la vigueur de la devise. Nestlé recense quelque 2.000 marques (trop, selon les critiques), organisées en sept divisions. Les Boissons ont réalisé l’an dernier un CA de 24,6 milliards CHF. Numéro 2 mondial, le segment Animaux domestiques a clos l’exercice sur un CA de 18,9 milliards CHF ; avec une croissance de 6,7% en moyenne ces trois dernières années, il est, de loin, celui dont la progression est la plus vigoureuse.
Nutrition & Santé a généré 15,1 milliards de CA. Repas préparés & Compléments (10,7 milliards) et Produits laitiers & Glaces (10,4 milliards) affichent des revenus en baisse et des marges moyennes, sans plus. Nespresso (6,4 milliards) contribue moins au CA, mais d’autant plus à sa croissance.
Les volumes ont progressé de 0,6% à périmètre constant entre janvier et septembre. Compte tenu d’un effet “prix” de 2,7%, la croissance organique du CA a atteint 3,3% mais effets de change inclus (-5,4%), le CA a reculé de 67,1 milliards CHF en janvier-septembre 2024 à 65,9 milliards sur la même période en 2025.
Étonnamment, la plus forte croissance organique est à mettre au crédit de la zone euro (+4,3%), et non des États-Unis (+2,5%). Avec 7,5% et 6,7% de croissance organique de leur CA, les Boissons et Nespresso se distinguent particulièrement, alors que les pôles Animaux domestiques (+1,2%) et Nutrition & Santé (+0,5%) évoluent en queue de peloton.
Le groupe table pour 2025 sur une croissance organique supérieure à celle de 2024 (+2,2%, un chiffre qui devrait atteindre 4% à moyen terme). La marge d’Ebit sous-jacente devrait, elle, décliner (de 17,2% en 2024 à 16% cette année).
Conclusion
Le consensus mise donc sur un bénéfice de 4,31 CHF par action, soit un ratio cours/bénéfice escompté inférieur à 19, contre 23,5 en moyenne ces cinq dernières années. Cette moindre valorisation, combinée à la qualité des marques, à la politique défensive d’un groupe actif dans le monde entier et, surtout, au changement de CEO, nous incite à penser que l’action va faire (beaucoup) mieux que le marché.
Conseil : acheter
Risque : faible
Rating : 1A
Cours : 81,07 francs suisses
Ticker : NESN SW
Code ISIN : CH0038863350
Marché : Zürich
Capit. boursière : 210,5 milliards CHF
C/B 2024 : 20
C/B attendu 2025 : 18,5
Perf. cours sur 12 mois : -1%
Perf. cours depuis le 1/1 : +9%
Rendement du dividende : 3,7%