“Le prochain bull market” : pourquoi les marchés émergents pourraient se démarquer en bourse

Cours du marché en Chine, principal marché émergent. (Photo by Ying Tang/NurPhoto via Getty Images) © NurPhoto via Getty Images
Charly Pohu

Alors que les investisseurs “vendent les États-Unis”, les marchés émergents sont-ils l’alternative pour trouver du rendement ? Ce pan du marché a, en tout cas, le vent en poupe, et les analystes sont optimistes.

Malgré une récente euphorie suite à une pause dans l’application, les droits de douane reviennent hanter les marchés. Et ils ne sont pas seuls : l’autre cavalier de l’apocalypse, ce sont les craintes sur la viabilité des finances publiques de Washington. Moody’s a récemment dégradé sa note de la dette américaine (qui n’a désormais plus aucun triple A) et la loi de Trump sur les impôts a été votée ce jeudi. Elle devrait creuser la dette et le déficit, déjà élevés. Les indices US sont en chute sur la semaine, et les taux d’intérêt sur les obligations ont gonflé.

Bref, la petite musique qui se met en place est celle de “Sell America”, Vendre les États-Unis d’Amérique. Ancien aimant du capital du bon nombre des investisseurs du monde, Wall Street attire désormais moins, dans le contexte actuel. Les investisseurs ont moins confiance en l’Oncle Sam. Ils placent donc leurs billes ailleurs, et c’est notamment vers les marchés émergents qu’ils se tournent.

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Marchés émergents

En avril déjà, la tendance s’est remarquée dans les flux mondiaux du marché des ETF. Les investisseurs ont acheté moins d’actions américaines – 36 milliards de dollars, en net, contre 55 en moyenne sur le premier trimestre –, mais beaucoup plus d’actions des marchés émergents – 31 milliards de dollars récoltés en avril, contre 8 en mars.

L’indice clé des marchés émergents, le MSCI Emerging Markets, a gagné 9% sur l’année, contre une légère baisse pour le S&P 500 de Wall Street. Depuis le 9 avril, jour de mise sur pause des droits de douane, l’indice a gagné 18%. Le S&P 500 a gagné 17% depuis, mais a appuyé sur les freins cette semaine, comme dit plus haut.

Et la tendance pourrait continuer et l’écart se creuser. Pour Bank of America, les marchés émergents sont le prochain bull market. “L’affaiblissement du dollar américain, le sommet des rendements obligataires américains, la reprise économique en Chine… rien ne fonctionnera mieux que les actions des marchés émergents”, écrivent les analystes dans une note. La banque n’est pas la seule à être optimiste : JP Morgan a également revu son avis à la hausse, de “neutre” à “surpondérer” et estime que “le rabais de ce marché est plus important que d’habitude”.

Malcolm Dorson, responsable de l’investissement actif chez le gestionnaire d’ETF Global X, renchérit. « Après avoir sous-performé le S&P au cours de la dernière décennie, les actions des pays émergents sont particulièrement bien placées pour surperformer au cours du prochain cycle. Cette possible tempête parfaite découle d’un dollar américain potentiellement plus faible, d’un positionnement extrêmement bas des investisseurs (les investisseurs américains ont en moyenne 3 à 5% de leur portefeuille investi dans les marchés émergents, ajoute-t-il, NDLR) et d’une croissance surdimensionnée, à des niveaux de valorisation qui représentent des rabais”, explique-t-il à CNBC.

Il cite notamment l’Inde, pour le long terme, l’Argentine, pour sa valorisation basse, et la Grèce et le Brésil pour la révision à la hausse de la note, comme exemples.

Risques ?

Les marchés émergents reviennent régulièrement sous le feu des projecteurs, en surperformant des marchés développés. Mais le rallye n’est rarement de longue durée ni solide, de manière structurelle. Mais cette fois, les choses pourraient être différentes. Selon Ola El-Shawarby, gestionnaire de portefeuilles chez VanEck, relayée par nos confrères américains, “des progrès structurels plus durables sur les marchés clés, comme l’histoire de la croissance à long terme de l’Inde, ancrée dans la demande intérieure”, entre autres, pourraient changer la donne.

Mais des risques persistent. Les droits de douane de Trump sont sur pause mais peuvent toujours être appliqués. Entre Washington et Pékin notamment, malgré un grand élan d’espoir, les négociations pour un accord commercial pourraient être difficiles, vu le passif de ces dernières années sur le front économique. Ces pays émergents sont notamment des exportateurs et leur croissance pourrait donc être touchée par ces droits de douane. Et certains ont des dettes auprès des États-Unis… qui augmentent avec la hausse des taux d’intérêt américains. Cela avait notamment plombé les marchés émergents en 2022.

Marchés émergents

“L’indice MSCI Emerging Markets représente les grandes et moyennes capitalisations de 24 pays des marchés émergents. Avec 1.206 constituants, l’indice couvre environ 85 % de la capitalisation boursière ajustée au flottant dans chaque pays”, peut-on lire.

Voici la liste des pays émergents, compris dans l’indice MSCI : Brésil, Chili, Chine, Colombie, République Tchèque, Égypte, Grèce, Hongrie, Inde, Indonésie, Corée du Sud, Koweït, Malaisie, Mexique, Pérou, Philippines, Pologne, Qatar, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Taïwan, Thaïlande, Turquie et Émirats arabes unis. Voir graphiques ci-bas pour la répartition et les secteurs.

TOP 10 des entreprises du MSCI Emerging Markets. Pays, capitalisation, poids dans l’indice, et secteur d’activités. Image : MSCI.
Répartition du MSCI Emerging Markets par secteurs et pays. Image : MSCI.

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