Le private equity est de plus en plus populaire, mais quels sont les risques ?

Private equity, image d’illustration. © Getty Images/iStockphoto
Charly Pohu

Les fonds de private equity gagnent en popularité en Europe. Ils deviennent de plus en plus accessibles aux investisseurs particuliers. Mais les risques persistent.

Le private equity, ou les entreprises non cotées, est tendance dans le monde de l’investissement. En tant qu’investisseur particulier, on peut y avoir accès via des fonds d’investissement ou des holdings (qui eux peuvent être cotés en bourse) comme Brederode ou Whitestone en Belgique, qui détiennent ces entreprises, en tout ou en partie. Ces actifs sont vus comme une manière de se diversifier et ont la réputation de réaliser de belles performances de croissance.

De plus en plus d’investisseurs particuliers sont ainsi attirés par le non coté, et les moyens d’accéder à ce marché sont de plus en plus nombreux. Au Royaume-Uni par exemple, la plateforme d’investissement Hargreaves Lansdown a annoncé un partenariat avec le fournisseur de fonds Schroders Capital ce lundi. Les Britanniques qui investissent pour leur propre pension, sous le statut de SIPP (self-invested personal pension, un plan de pension fiscalement avantageux), ont ainsi accès à deux fonds d’actifs non cotés du groupe. L’un porte sur les petites et moyennes entreprises et l’autre sur les infrastructures énergétiques.

Ce serait ainsi la première fois que les investisseurs particuliers britanniques ont accès au private equity pour ces pensions. Via ces fonds au statut de “long-term asset fund” (LTAF) du moins – qui ont été autorisés en 2021 comme véhicule d’investissement pour le non coté. Les investisseurs intéressés devront cependant savoir mettre le prix : la mise minimale est de 10.000 livres et il y a des conditions d’éligibilité (ce qui est moins cher que le ticket d’entrée de certaines banques privées, mais pas non plus très démocratique).

Bref, le signal qui en ressort, c’est que c’est un important pas en avant dans les efforts pour étendre l’accès des investisseurs particuliers au private equity en Europe, analyse le média financier CNBC. En France aussi, il y a eu de telles actions, pour ajouter le private equity aux assurances-vie et plans de pension, tout comme à niveau de l’UE et de son régime ELTIF. Cela témoigne aussi de l’intérêt des investisseurs pour ce marché. Mais cette extension ne va en réalité pas sans risques.

Risques ?

Quels sont donc les risques qui accompagnent le private equity ? Pour les investisseurs, il y en a plusieurs. Déjà, il s’agit d’un actif moins liquide. C’est-à-dire qu’il y a moins d’acheteurs et de vendeurs qu’en bourse, et qu’on peut mettre plus de temps à revendre ses parts. Puis dans certains de ces fonds, il peut y avoir un délai plus ou moins long pour retirer ses fonds.

Le marché est aussi moins transparent : il n’y a pas de cours en direct mais des valorisations mises à jour moins souvent, les entreprises n’ont pas les mêmes obligations concernant les annonces de résultats, il y a moins de recommandations de spécialistes et autres formes de contrôle externe… Il y a aussi plus de risques – comme il s’agit de petites entreprises, elles peuvent être plus vulnérables en cas de crise que les grandes entreprises cotées. Il s’agit également d’actifs plus complexes que les actions, et les frais peuvent aussi être plus élevés, ce qui peut impacter le rendement.

“Pour les investisseurs particuliers ayant un horizon d’investissement à long terme, disposant des connaissances et des ressources appropriées, et dans le cadre d’un portefeuille bien diversifié, les marchés privés peuvent jouer un rôle important en offrant des opportunités de croissance uniques, au-delà de ce qui est généralement disponible sur les marchés boursiers”, met aussi en garde Hargreaves Lansdown.

À niveau institutionnel, cette arrivée d’investisseurs particuliers – pas toujours au fait de toute cette complexité – peut aussi inquiéter. “En cas de turbulences sur les marchés, les investisseurs particuliers pourraient se précipiter vers la sortie, ce qui aggraverait les besoins de liquidité et le risque d’inadéquation entre la liquidité disponible d’un produit et les attentes des investisseurs”, note Moody’s dans une note, citée par CNBC. Voilà qui nous rappelle quelques règles d’or de l’investissement : il y a toujours des risques, et il faut bien s’informer sur les produits.

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