Le duel ultime : faut-il miser sur l’or ou l’argent ?

L’or et l’argent. REUTERS/Angelika Warmuth © REUTERS
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

L’or est la valeur de confiance des banques centrales, l’argent le moteur industriel de la transition énergétique. L’heure du duel entre les métaux précieux a sonné : faut-il miser sur l’or ou l’argent ?

Les deux métaux profitent d’un monde confronté à un endettement élevé, à des tensions géopolitiques et à une inflation structurellement plus élevée. Nous avons retenu 11 éléments pour souligner les différences entre l’or et l’argent et tirer une conclusion.

1. Banques centrales

En 2022, les États-Unis ont gelé 300 milliards de dollars de réserves russes. Ce faisant, les Américains ont pris les choses en main et ignoré le droit international. Depuis lors, les banques centrales ont commencé à convertir leurs réserves en dollars en or. L’or n’a pas de contrepartie et ne peut donc être confisqué. Des pays comme la Chine et l’Inde augmentent leurs réserves d’or, mais la Pologne, la Turquie et Singapour font aussi partie des plus gros acheteurs. À l’échelle mondiale, les banques centrales ont acheté ensemble plus de mille tonnes d’or par an en 2023 et 2024, le niveau le plus élevé depuis les années 1960. Cette évolution explique pourquoi le prix de l’or a bondi de 113% depuis ce jour. Ceci dit, les banques centrales n’achèteront jamais d’argent. L’or reste la monnaie de confiance, 1-0 pour l’or.

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2. Demande industrielle

L’argent, lui, tire sa force de l’industrie. La consommation mondiale d’argent enfle d’année en année, aucun autre métal ne conduisant mieux l’électricité. Plus la technologie est avancée, plus la demande en argent est forte. Le marché de l’argent connaît depuis plusieurs années un déficit structurel, la demande croissant plus vite que l’offre. Il n’est pas possible de rétablir l’équilibre, même avec un recyclage accru, et cela fait baisser les stocks des bourses et des ETF. Alors que l’or disparaît surtout dans les coffres-forts, l’argent est réellement consommé. Cela rend le métal plus rare à mesure que la transition énergétique s’accélère et que la demande en technologie croît. L’argent l’emporte ici clairement et égalise : 1-1 !

3. Valorisation

S’agissant des cotations, l’argent est historiquement bon marché par rapport à l’or. Le ratio or/argent oscille depuis longtemps autour de 80, avec une moyenne de 61 depuis 1971. Mais les marchés haussiers ne s’arrêtent jamais aux moyennes, ils les écrasent. En 2011, le ratio est tombé à 30. Pour les investisseurs professionnels, le ratio or/argent permet de tirer parti des cycles. Lorsqu’il dépasse 80, les traders y voient souvent un signal pour acheter de l’argent et vendre de l’or. L’or n’est pas cher mais l’argent est sous-évalué. Ceux qui comprennent les ratios voient où se trouvent les meilleurs gains. L’argent mène au score : 1-2 !

4. Volatilité

Mais l’avantage est de courte durée. L’argent évolue deux fois plus vite que l’or, et c’est vrai dans les deux sens. En période favorable, il grimpe, mais au moindre doute, il redescend tout aussi vite. La raison est simple : l’or est un actif dont la capitalisation boursière dépasse 27 milliards de dollars, tandis que l’argent est près de dix fois plus petit. Sur un marché aussi petit, tout est plus intense. En 2020, le prix de l’argent est passé de 12 à 29 dollars l’once en à peine six mois, avant de céder 20 % en quelques semaines. De tels résultats sont rares pour l’or, qui reste plus stable. Si l’argent est le sprinter, l’or est le marathonien qui ne s’arrête jamais. L’expérience compte, l’or égalise à 2-2 !

5. Protection contre l’inflation

À 2-2, le moment est venu pour les grands acteurs de faire la différence : l’inflation. Historiquement, l’or a toujours pris le dessus dans ce domaine. Dès que l’inflation dépasse les 4 % et que la confiance dans la monnaie fiduciaire diminue, les investisseurs trouvent refuge dans l’or. Pendant les périodes d’inflation des années 1970, le prix de l’or a quadruplé, tandis que celui de l’argent a crû davantage, avant de s’effondrer dès que les taux d’intérêt ont grimpé. La leçon : l’or conserve sa force en cas d’inflation prolongée, tandis que l’argent dépend davantage de la croissance cyclique. En période de stress monétaire, l’or reste la meilleure assurance. L’or marque un point et porte le score à 3-2 !

6. Scénario de croissance

Mais la situation s’inverse dès que l’économie redémarre. En phase de croissance, l’argent prend son envol. Il profite d’une demande accrue dans l’électronique, l’énergie solaire et les infrastructures, tandis que l’or perd du terrain, les investisseurs ayant moins besoin de protection. Alors que le monde se prépare à une phase de reprise de la croissance, le jeu est à nouveau ouvert. Dans ce contexte, la demande d’argent est souvent la première à enfler. En période de reflation et de reprise de la croissance, l’argent est souvent le joueur du match. Le rythme est soutenu, le public applaudit, l’argent marque et le score est à nouveau à égalité, 3-3 !

7. Du côté de l’offre

Du côté de l’offre, l’argent a un net avantage. La majeure partie de l’argent est produite comme sous-produit des mines de cuivre, de zinc et d’or. Traduction : l’offre ne peut pas juste grimper quand le prix augmente. Il existe peu de mines d’argent pur, ce qui rend le marché structurellement plus restreint qu’on ne le pense. Le Mexique, la Chine et le Pérou génèrent ensemble plus de la moitié de la production mondiale. Cela rend le marché vulnérable aux perturbations politiques ou logistiques. Les mines d’or, en revanche, réagissent beaucoup plus vite à la hausse des prix et peuvent accroître leur production. Une offre moindre signifie un plus grand pouvoir de fixation des prix, l’argent en profite et reprend la main, 3-4 !

8. Actions minières

Dans le secteur minier, la tendance est à nouveau à l’or. Les mines d’or sont généralement plus rentables, ont des coûts par once moins élevés et des cash-flows plus stables. De nombreuses mines d’argent sont déficitaires tant que le prix ne grimpe pas fortement, ce qui les rend plus sensibles aux fluctuations de prix. De plus, les grands producteurs d’or versent de plus en plus de dividendes et utilisent leurs cash-flows pour réduire leur dette. La rentabilité des entreprises argentifères reste irrégulière, ce qui réduit la confiance des investisseurs. L’expérience des clubs de tête l’emporte ici sur l’opportunisme des challengers. L’or égalise et revient dans le match : 4-4.

9. Durabilité

La transition énergétique ne concerne pas seulement l’augmentation des matières premières mais aussi une production plus propre. L’argent bénéficie pour sa part d’une meilleure image. Ce métal est considéré comme faisant partie de la solution, et non du problème. Sans argent, pas de panneaux solaires, pas de voitures électriques et pas d’électronique moderne. Chaque cellule solaire ne contient qu’une fraction d’argent, mais compte tenu de l’ampleur de la transition énergétique, ce n’est pas rien. De plus, le marché du recyclage est en plein essor et l’argent bénéficie de plus en plus souvent d’une seconde vie. Dans un monde qui embrasse la durabilité et les énergies renouvelables, l’argent s’inscrit parfaitement dans la tendance. Sur ce point, il l’emporte haut la main. Le public est debout : 5-4 !

10. Confiance à long terme

À long terme, la confiance est primordiale. L’or a bâti cette confiance au fil des siècles. Des pharaons aux banques centrales modernes, partout dans le monde, l’or a été, et reste reconnu comme une réserve de valeur. L’argent, en revanche, est davantage une promesse éternelle, mais jamais une valeur stable. À une époque où les monnaies numériques, les obligations et les devises vont et viennent, l’or reste une valeur constante. L’argent peut certes gagner en vitesse à certains moments, mais l’or l’emporte toujours en termes d’endurance. Un point supplémentaire et c’est à nouveau égalité : 5-5, quel suspense !

11. Test pratique

Début des prolongations l’or marque et gagne sur le fil. Vous pouvez cacher un million d’or dans votre coffre-fort, mais pour un million d’argent, vous aurez besoin de plus d’espace. Dans un monde où règnent pénurie et confiance, c’est le métal compact avec la plus grande histoire qui l’emporte. Le coup de sifflet retentit, fin du match. L’or l’emporte de justesse mais de manière convaincante, score final 6-5.

LES MEILLEURS ETF SUR L’OR ET L’ARGENT

Les meilleurs ETF pour investir dans l’or sont iShares Physical Gold (code ISIN IE00B4ND3602) et WisdomTree Physical Gold (code ISIN JE00B1VS3770). Mais nous prévoyons donc aussi une année forte pour l’argent et nous optons pour le WisdomTree Physical Silver (code ISIN JE00B1VS3333) ou le iShares Silver Trust (code ISIN US46428Q1094).

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