Jerome Powell et la conférence de Jackson Hole: à quoi faut-il s’attendre ?

Christine Lagarde de la BCE, Kazuo Ueda de la Banque du Japon àJackson Hole en 2023, image d’illustration. (Photo by Natalie Behring/Getty Images) © Getty Images
Charly Pohu

Jerome Powell, président de la Fed, s’exprimera sur l’état de l’économie américaine et la politique monétaire ce vendredi, lors de la fameuse conférence de Jackson Hole. Le marché l’attend au tournant, et espère des signes sur une baisse des taux. Quels sont les enjeux ?

Jackson Hole, un “trou” perdu dans l’État du Wyoming, est, tous les ans en août, le théâtre d’une conférence des responsables de la Réserve fédérale (Fed) et d’autres banques centrales sur la politique monétaire et l’état de l’économie.

Pour les marchés, c’est l’occasion de prendre le pouls des banques centrales et notamment de la Fed, d’une autre manière que lors des réunions régulières qui portent sur les décisions (hausse, baisse ou les laisser inchangées) des taux d’intérêt, en tant que telles.

C’est aussi un mauvais souvenir pour les marchés. En 2022, en pleine période de hausse drastique des taux, ils s’attendaient à avoir des indications sur le bout de ces hausses… mais Jerome Powell, président de la Fed, a souligné que la hausse était loin d’être terminée et les marchés ont connu quelques fortes turbulences.

Inflation versus marché de l’emploi

À quoi faut-il donc s’attendre pour cette année ? Les enjeux rappellent en fait un peu l’été 2022. Les marchés spéculent, en très grande majorité, que la Fed va baisser ses taux (inchangés à 4,45 à 4,50% depuis décembre) lors de sa réunion du 16-17 septembre, avant d’autres baisses par la suite. Si Powell, dans son discours de vendredi, laisse entendre un maintien des taux, cela pourrait susciter des déceptions sur les marchés.

Mais quels signaux pourrait-il envoyer ? Deux éléments principaux entrent en jeu.

D’un côté, l’inflation : elle s’élevait à 2,7 % aux États-Unis en juillet, comme en juin, alors qu’une hausse à 2,8 % était attendue. Peut-on parler de stabilisation ? Powell l’a répété à maintes reprises : la Fed anticipe une hausse de l’inflation liée aux droits de douane imposés par Donald Trump, qui devraient renchérir le prix des produits pour les consommateurs américains. Or, lutter contre l’inflation nécessite des taux élevés.

Emploi en ralentissement

De l’autre côté, le marché du travail : les créations d’emplois ont fortement ralenti en juillet, et les chiffres de mai et juin ont été sévèrement revus à la baisse. Cet élément plaide en faveur d’une baisse des taux. La mission de la Fed est aussi de soutenir l’emploi, et des taux plus bas pourraient relancer l’activité. Mais les créations d’emplois restent positives et le taux de chômage est stable depuis un an. Situation bien différente de celle d’il y a un an, lorsque le chômage augmentait rapidement et que Powell avait profité de la conférence de Jackson Hole pour annoncer que la Fed ferait tout pour soutenir l’emploi — décision suivie d’une baisse de 50 points de base en septembre.

L’essentiel sera donc ce que Jerome Powell dira sur ces deux volets, et surtout sur ses anticipations à plus long terme. Le point crucial reste de savoir lequel de ces deux paramètres — inflation ou emploi — est le plus susceptible de se détériorer, et comment la Fed compte y répondre. Réponse vendredi.

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