La cybersécurité est un sujet brûlant dans de nombreuses entreprises. L’intelligence artificielle (IA) crée de nouveaux risques, tandis que les gouvernements introduisent des règles plus strictes – à la faveur des entreprises les plus performantes du secteur. Voici quatre titres prometteurs, pour investir en bourse.
Si l’IA permet de détecter plus facilement les failles des réseaux ou des logiciels, force est de constater que le maillon faible, c’est souvent l’humain. Un employé de la société de conseil Arup a ainsi transféré l’an dernier près de 25 milliards d’euros à des cybercriminels après un appel au nom de son CFO. Il s’est révélé in fine que le CFO et les participants à la réunion numérique avaient été créés à l’aide de deepfake. Outre le risque de dommages financiers directs, les entreprises sont aussi tout bonnement contraintes par la réglementation locale de protéger leurs systèmes et leurs données.
Suivez les cours des marchés sur notre plateforme Trends Bourse Live & abonnez-vous à notre newsletter Bourse
Course permanente
Les entreprises sont très sensibles aux fuites de données ou aux attaques de rançongiciel, et pas seulement en raison de l’éventuel dommage réputationnel. Selon le cabinet de conseil Forrester, le coût de la cybercriminalité atteindra 12 milliards de dollars cette année. Il est dès lors logique que les entreprises réservent une part croissante de leur budget informatique à la cybersécurité.Comme dans les guerres traditionnelles, la course à l’armement est permanente entre attaquants et défenseurs. Grâce à l’IA, les évolutions se font rapidement et les mécanismes de défense doivent être adaptés constamment. Nous présentons ici quatre valeurs qui devraient profiter du phénomène.
1. Palo Alto Networks
Les entreprises de cybersécurité surfent intelligemment sur cette vague en s’intégrant davantage dans la structure des entreprises clientes. Palo Alto Networks (ticker : PANW) troque ainsi le modèle d’abonnement habituel pour un système qui donne aux entreprises l’accès à une plateforme regroupant divers services (pare-feu, détection des menaces, réponse aux incidents). L’avantage est que les clients n’ont plus à se préoccuper de la sécurité. Le changement est une bonne occasion pour Palo Alto d’instaurer une collaboration plus forte et plus longue : les coûts élevés et les risques opérationnels dissuaderont nombre d’entrepreneurs de changer de plateforme.
Le groupe vise 2.500 contrats de plateforme d’ici 2030. Au troisième trimestre de l’exercice en cours, clos fin avril, leur nombre a augmenté de 90, à 1.250. Grâce à cette approche, Palo Alto s’est tracé un chemin de croissance clair vers les 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires (CA) récurrent au moins en cinq ans. Vu la marge bénéficiaire élevée du secteur, la hausse des ventes se traduit par une croissance rapide du bénéfice. La forte génération de liquidités joue aussi en faveur de l’entreprise. Le cash-flow disponible ajusté de 578 millions d’euros représentait plus d’un quart du CA ces trois derniers mois. Palo Alto vise 37,5 à 38% pour l’exercice.
La forte croissance du CA et la marge appréciable ont toutefois un prix. Au cours actuel, les investisseurs paient jusqu’à 35 fois le cash-flow disponible de l’exercice en cours. Toutefois, si Palo Alto parvient à convertir près de 40% de son CA en cash-flow disponible au cours de l’exercice 2030, ce ratio tombera à 20. En outre, la position de trésorerie nette s’élève à plus de 5 milliards de dollars. Palo Alto est donc notre premier candidat favori.
2. Check Point Software
Son homologue Check Point Software (CHKP) mise aussi sur le passage des services d’abonnement aux plateformes, même si l’entreprise est un peu en retard sur Palo Alto à cet égard. Elle se distingue surtout sur le marché des entreprises pour les solutions de cloud et le travail mobile. Le taux de croissance dans ce domaine, avec une hausse attendue du CA de 4 à 8%, est un cran en dessous de celui de son homologue. L’entreprise met aussi moins l’accent sur la croissance que de nombreux pairs. Ainsi, Check Point ne cherche pas à étoffer rapidement ses effectifs, actuellement de 7.000 personnes. Le déploiement intelligent de l’IA devrait plutôt stimuler la productivité des employés actuels.
D’un côté, Check Point bride ainsi son potentiel de croissance. De l’autre, cette approche permet aux investisseurs de prévoir plus facilement l’évolution de la génération de liquidités pour les années à venir. Cette différence avec Palo Alto se reflète clairement dans la valorisation. Check Point se négocie à environ 20 fois son cash-flow attendu de 11 dollars par action. L’entreprise dispose aussi de 2,9 milliards de dollars de liquidités.
En termes d’allocation de capital, Check Point se positionne plus comme une “vache à lait” que comme une entreprise à croissance rapide. Durant les premiers mois de l’année, l’entreprise a utilisé les trois quarts de son cash-flow disponible opérationnel (421 millions de dollars) pour des rachats d’actions (325 millions de dollars). Si l’on ajoute à cela sa position toujours solide sur le marché des solutions de pare-feu, l’action est attrayante pour l’investisseur en quête de revenus.
3. SentinelOne
SentinelOne (ticker : S) se concentre, comme Check Point, sur un marché spécifique. Le taux de croissance du spécialiste de la sécurité des endpoints (soit tous les appareils dont les utilisateurs se servent pour accéder à un réseau : ordinateurs portables, téléphones…) est toutefois plus élevé. Les points terminaux, ou endpoints, présentent en théorie un risque pour la sécurité.
SentinelOne a été l’un des premiers à déployer l’IA pour défendre tous ces points d’accès contre les hackers et autres dangers. Cela lui a permis de répondre aux nouvelles menaces plus vite, plus efficacement et avec moins d’erreurs. Entre 2020 et 2023, l’entreprise a augmenté ses revenus de 100% ou plus chaque année. En 2021, SentinelOne est entrée en Bourse à 35 dollars et a plus que doublé, passant à 75 dollars en quelques mois.
Aujourd’hui, son cours est retombé à 20 dollars. La concurrence accrue sur le marché de la sécurité des endpoints est l’une des principales raisons de cette chute. SentinelOne a l’avantage d’avoir une clientèle très fidèle. Une étude réalisée l’an dernier par le cabinet de conseil Gartner a révélé que 98% des clients recommanderaient l’entreprise: c’est le pourcentage le plus élevé du secteur.
Sur le plan financier, SentinelOne récolte de plus en plus les fruits de sa stratégie adaptée. Sur les quatre derniers trimestres, la croissance annualisée du CA récurrent a été légèrement supérieure à chaque reprise. Le CA du groupe devrait augmenter de 22% lors de l’exercice en cours, à plus d’un milliard de dollars. La marge brute s’est rapprochée de 80% au cours des derniers trimestres, mais pour les investisseurs, le fait que le cash-flow disponible soit devenu positif pour la première fois au cours des derniers mois de l’exercice précédent est surtout un bon signe. Avec une capitalisation boursière de 6,6 milliards de dollars, SentinelOne semble afficher une valorisation élevée. Mais si l’on tient compte de sa trésorerie de près d’un milliard de dollars et de son positionnement fort sur le marché, l’action constitue un investissement attrayant pour l’investisseur conscient du risque.
4. Gen Digital
Gen Digital (ticker : GEN) se situe à l’autre extrémité du spectre. Avec des marques comme Norton, Avast, Lifelock et Avira, l’entreprise cible surtout le marché des consommateurs et des PME. Ses solutions sont moins complexes, ce qui se traduit par une marge d’exploitation d’un peu moins de 60%, soit bien moins que celle de SentinelOne.
Pour augmenter son CA, le groupe mise surtout sur les acquisitions, comme le récent achat de MoneyLion. En outre, son cash-flow disponible en constante augmentation, estimé à 1,4 milliard de dollars pour l’année en cours, sera utilisé pour des rachats d’actions propres et le paiement de dividendes. Avec une distribution annuelle de 0,50 dollar (rendement de 1,8%), Gen Digital est le choix par excellence pour les investisseurs en dividendes du secteur.
S’exposer à la cybersécurité grâce aux ETF
Outre les quatre actions présentées dans cet article, il existe des dizaines d’autres entreprises actives dans la cybersécurité. Plusieurs ETF permettent cependant aux investisseurs de mieux profiter des belles perspectives du secteur. Les deux plus importants sont l’iShares Digital Security ETF (code ISIN : IE00BG0J4C88) et le Global X Cybersecurity ETF (code ISIN : IE00BMH5Y871). Tous deux ont généré de beaux rendements ces dernières années. Sur certains crus, ils ont même dépassé les 50%.