Les investisseurs redécouvrent le secteur des engrais cette année. Les producteurs profitent de la hausse des prix et la Bourse semble déjà anticiper la poursuite du redressement de ce marché. Les perspectives à long terme sont bonnes. La population mondiale continue de croître, alimentant la demande pour une agriculture efficace.
Les engrais peuvent contenir jusqu’à trois atomes : azote (N dans le tableau de Mendeleïev), phosphore (P) ou potasse (K). Nous mettons ici en lumière deux acteurs prometteurs spécialisés dans les engrais phosphatés.
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Yara, faiblement valorisée
Yara est le plus grand acteur des engrais phosphatés, avec 10% environ du marché mondial et plus de 25% en Europe. La demande d’engrais, notamment en provenance d’Inde, tire aujourd’hui les prix vers le haut, mais la société norvégienne s’attend à un resserrement prochain. La croissance des capacités devrait rester nettement inférieure à la croissance tendancielle de la consommation entre 2026 et 2029.
L’équilibre mondial entre l’offre bridée et la demande forte va devenir de plus en plus ténu. Les producteurs européens peuvent s’attendre à une amélioration de leurs marges, car les prix énergétiques à terme sont inférieurs aux niveaux actuels.
Alors que l’offre d’azote se réduit, Yara a su réduire ses coûts et optimiser son portefeuille de produits, ce qui lui assure un positionnement favorable. La direction table sur une augmentation de son cash-flow disponible et une rentabilité structurellement plus durable. Elle pourra donc mieux rétribuer ses actionnaires avec des dividendes et autres distributions, mais aussi investir dans des opportunités de croissance, notamment aux États-Unis.
L’effet de la hausse des prix était déjà bien visible dans les résultats du premier semestre. Le cash-flow d’exploitation (Ebitda) ajusté a augmenté de 27% au deuxième trimestre, à 652 millions de dollars (consensus : 668 millions). L’action se négocie à seulement 10 fois les bénéfices attendus pour 2026 – une valorisation trop faible par rapport à la hausse des prix et des bénéfices attendue ces prochaines années. Le titre est digne d’achat.
CF Industries, à la traîne
Le premier producteur mondial d’ammoniac anticipe lui aussi une pénurie croissante sur le marché du phosphore, estimant que la capacité de production mondiale ne croîtra pas assez rapidement, ces quatre prochaines années, pour suivre le rythme de la demande prévue. À la hausse d’environ 1,5% par an pour les applications traditionnelles s’ajoute une demande supplémentaire liée à la transition énergétique (transports propres, hydrogène).
Par ailleurs, l’entreprise s’inquiète de l’accessibilité financière des engrais pour les agriculteurs américains, car les prix du maïs sont restés à la traîne. Grâce aux nouveaux projets et au resserrement du marché, l’Ebitda ajusté de CF Industries devrait augmenter de 20%, à environ 3 milliards de dollars en 2030. Le cash-flow disponible devrait pour sa part bondir de 33%, à environ 3 milliards de dollars. Une grande partie des flux de trésorerie est reversée aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Le flottant a ainsi été divisé par deux depuis 2010. Une enveloppe de 2 milliards de dollars supplémentaires (15% environ de la capitalisation boursière) a été réservée pour le rachat d’actions d’ici fin 2029.
Contrastant avec l’optimisme vis-à-vis du secteur, le cours de l’action a cédé 2%. Les semestriels ont légèrement déçu et les investisseurs semblent également s’inquiéter d’une éventuelle hausse des exportations chinoises. Le positionnement concurrentiel de CF Industries est toutefois bon, compte tenu des faibles prix de l’énergie aux États-Unis. Avec un ratio cours/bénéfice de 15 pour 2026, l’action affiche donc une valorisation attrayante. Nous relevons notre conseil : le titre peut être acheté.
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