Très usité dans le contexte boursier, le terme “Sept Fantastiques” désigne les entreprises technologiques de premier plan que sont Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia et Tesla Motors. Mais en fait, plus de 30 actions techs valent 100 milliards de dollars, voire plus, en bourse.
Citons le géant du streaming Spotify, le commerçant virtuel canadien Shopify et, moins connu mais tout aussi intéressant, AppLovin, spécialisé dans la publicité pour les applications mobiles, qui pèse désormais 136 milliards de dollars. Une bonne vingtaine d’entreprises américaines exclusivement actives dans le secteur des logiciels ont par ailleurs une capitalisation boursière de 50 milliards au moins. Parce qu’elles combinent revenus prévisibles, extensibilité et rentabilité structurelle, les sociétés de logiciels sont un investissement intéressant.
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Cinq pépites
Notre analyse traite donc d’entreprises de logiciels ou similaires, aux revenus majoritairement récurrents. Les cinq sociétés examinées ici conjugent capitalisation boursière égale ou supérieure à 10 milliards de dollars, bénéfices à la croissance vertigineuse (de plus de 10%, dans la mesure du possible) depuis des années ainsi que, de préférence, bilan solide et valorisation attractive. Parce qu’elles versent des dividendes, Intuit et Verisign disposent d’un avantage supplémentaire.
N° 1 : Intuit
Avec une capitalisation boursière de plus de 210 milliards de dollars, Intuit (ticker : INTU) est, de loin, la plus grande action de notre sélection. Elle cote certes actuellement à un niveau historiquement élevé. Elle conçoit des logiciels administratifs et financiers (TurboTax, QuickBooks, Mailchimp, Credit Karma, etc.) destinés aux petites sociétés, aux indépendants et aux particuliers. Fondée en 1983, elle est une entreprise SaaS classique dont plus de 85% du chiffre d’affaires (CA) proviennent d’abonnements ou de licences.
Ses ventes progressent de plus de 10% l’an et ses derniers résultats ont dépassé les espérances. Pour l’exercice 2025 (clos fin juillet), les analystes misent sur une croissance du CA de plus de 15%, à 18,7 milliards de dollars, et sur une marge bénéficiaire stable dépassant 40%. À 38 fois, ce qui est élevé, le ratio cours/bénéfice (C/B) reflète la vigueur du CA et des bénéfices attendue ces prochaines années.
Société exclusivement spécialisée dans les logiciels, Intuit peut se prévaloir d’un bilan sans dettes et d’une trésorerie qui devrait continuer à grossir de plusieurs milliards de dollars par an. Elle verse depuis 2011 un dividende qui progresse d’un bon 10% chaque année (dividende de 1,04 dollar par trimestre, en hausse de 15%, en 2024). Estimés à 6 milliards de dollars, ses flux de trésorerie disponible couvrent largement le dividende, qui tourne actuellement autour de 1,2 milliard de dollars. L’action, qui file cette année, pourra être acquise en cas de repli.
N° 2 : Fair Isaac
Avec une capitalisation boursière de 43 milliards de dollars et un cours qui s’envole depuis quelques années, Fair Isaac (FICO) est un champion du secteur des logiciels. Discret, il compte pourtant parmi les cinq actions américaines les plus performantes des 10 dernières années – derrière Nvidia il est vrai, mais devant Netflix et Broadcom. Il est surtout connu pour avoir développé le score FICO, la note de crédit utilisée par les banques, les prêteurs et les emprunteurs américains ; il fournit également des logiciels spécialisés dans l’évaluation de la solvabilité, la gestion des risques, la détection des fraudes et l’analyse de la clientèle.
Un important pourcentage de son CA, que génèrent à parts égales ses divisions Scores et Software, est récurrent. Sa marge d’exploitation excède 50%. Après les 13% de croissance du CA actés en 2024 (exercice clos en septembre), les analystes pronostiquent une avancée de plus de 15%, à près de 2 milliards de dollars, pour cette année. Signalons toutefois que l’action se montre très volatile depuis que Bill Pulte, le directeur de l’Agence fédérale de financement du logement (FHFA), a publiquement critiqué les scores FICO.
Malgré les excellents résultats obtenus en 2025 (croissance de 25% du bénéfice au deuxième trimestre), les incertitudes que fait planer la politique du gouvernement pèsent lourdement sur le titre qui, du sommet à 2.400 dollars atteint fin novembre, est tombé à 1.750-1.800 dollars actuellement. Même si les analystes prédisent une croissance des bénéfices de 25% par an en moyenne au cours des trois prochains exercices, le ratio C/B (59) est très élevé. Quasi dépourvue de dettes, FICO rachète chaque année un nombre important de ses actions. Compte tenu du froid qu’ont jeté les commentaires de la FHFA, il ne sera intéressant d’acquérir le titre que sur correction.
N° 3 : Cadence Design
Cadence Design Systems (CDNS), qui brille au firmament de la Bourse depuis une décennie, produit des logiciels et de la propriété intellectuelle spécialisés utilisés dans la conception et les tests de semi-conducteurs et de puces pour le compte de clients comme Intel, AMD ou Nvidia. Ses logiciels sont indispensables aux semi-conducteurs, qui sont à leur tour essentiels à l’industrie automobile, au cloud computing, à la technologie médicale et surtout au marché en pleine expansion de l’intelligence artificielle.
Son CA, dont quelque 85% sont récurrents, croît de plus de 10% par an depuis des années. Pour l’exercice en cours, les analystes calculent une progression de 12%, à près de 5,2 milliards de dollars. Cadence n’est pas endettée et réalise une marge stable, supérieure à 40%. Avec un ratio C/B de 43, l’action, qui flirte actuellement avec son plus haut niveau historique, est onéreuse. Synopsys (SNPS), sa grande concurrente, a beau afficher une valorisation plus faible et un bilan plus solide, elle est sous pression en raison du projet d’acquisition (soumis à l’approbation des autorités chinoises), pour un montant de 35 milliards de dollars, du spécialiste des logiciels de simulation Ansys (ANSS). Investir sur repli.
N° 4 : Autodesk
L’éditeur de logiciels et spécialiste de la conception assistée par ordinateur Autodesk (ADSK) se distingue lui aussi à Wall Street. Il continue à se développer d’une manière intéressante, dans un secteur de niche auquel la numérisation, le cloud et le besoin de solutions de conception et de simulation avancées dans des secteurs tels que la construction, la production et l’ingénierie, promettent une forte croissance.
Après les 11,5% de hausse réalisés l’an dernier par le CA, les analystes tablent pour l’exercice clos fin janvier sur une évolution proche de 14%, à 7 milliards de dollars. Autodesk, dont la quasi-totalité des revenus est à mettre au crédit des abonnements, est un parfait exemple de la manière dont une entreprise de logiciels “à l’ancienne” a su se transformer en une société moderne, aux marges bénéficiaires élevées (plus de 36%) et à la clientèle très fidèle. Avec une trésorerie en pleine expansion et un ratio C/B de 30, tout recul un tant soit peu significatif peut être vu comme une fenêtre d’entrée.
N° 5 : Verisign
Verisign (VRSN) est une action magnifique, peut-être même un peu monotone, que Warren Buffett himself a acquise. Verisign gère les systèmes de noms de domaine en .com et .net. Il dispose d’un modèle économique très prévisible, dont les revenus presque entièrement récurrents proviennent de contrats de licence et de gestion conclus pour des années. Chaque fois qu’un internaute surfe sur un site en .com ou .net, il passe par son infrastructure. Son exclusivité réglementée et les effets de réseau lui garantissent de n’avoir quasi aucune concurrence sur son marché principal. Il existe bien d’autres opérateurs de registres, mais .com est si dominant qu’il fait de Verisign un acteur infrastructurel (qui prélève des droits de passage) incontournable, aux marges élevées et peu vorace en capitaux.
Le CA de l’entreprise augmente de 4%-5% l’an environ, soit bien plus lentement que celui des autres actions analysées ici mais à près de 70%, sa marge bénéficiaire est considérablement plus élevée. Avec un cours proche de son sommet historique et un ratio C/B supérieur à 30, Verisign est une machine à cash éminemment prévisible. Après avoir racheté ses propres actions pendant des années (près de 30% durant la dernière décennie), elle a récemment versé son premier dividende. Son rendement en dividende s’élève actuellement à 1,2%. À acquérir sur repli, elle aussi.