Europe, dollar, IA, secteurs à retenir… à quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre pour le second semestre ? Le point sur les perspectives, avec BlackRock, Lombard Odier et AG.
Après un premier semestre fortement chamboulé en bourse, entre DeepSeek, les taxes d’importation américaines, les tensions géopolitiques, la dette américaine… à quoi peut-on s’attendre pour le second semestre ?
Suivez les cours du marché sur notre plateforme Trends Bourse Live & Abonnez-vous à notre newsletter Bourse
Contexte
Pour Olivier Pauwels, responsable Wealth et Stratégies Multi asset chez BlackRock, il y a notamment une lame de fonds que les investisseurs doivent garder en tête : la perte des ancrages macro-économiques classiques. C’est ce qu’il nous explique à l’issue de la publication du rapport sur les perspectives pour le second semestre du géant de la gestion d’actifs, intitulé “Prendre en main l’incertitude”, en donnant des thématiques importantes pour la période de juillet à décembre.
Cette perte des ancrages, cela veut dire que les investisseurs ne peuvent plus se fier aux facteurs macro-économiques en place ces dernières années. “La croissance n’est plus stable, comme avant, l’inflation n’est plus structurellement basse, il y a moins de discipline budgétaire. La confiance dans les ancrages comme l’indépendance de la banque centrale et le rôle de refuge des actifs américains a été ébranlée”, détaille l’expert. “La politique n’est plus un facteur stabilisateur, mais est devenue source d’incertitude et de volatilité.”
Changement de paradigme chez Lombard Odier également. “La volatilité inattendue de la politique commerciale américaine a créé un climat d’incertitude économique, nous incitant à revoir à la baisse nos prévisions de croissance mondiale. Même si nous projetons un ralentissement de l’économie américaine, celle-ci devrait éviter la récession. Les tensions géopolitiques et l’instabilité politique exigent une stratégie d’investissement disciplinée”, expliquent Nannette Hechler-Fayd’herbe et Luca Bindelli dans les prévisions de la banque privée suisse.
Europe
Olivier Pauwels fait ensuite le point sur l’Europe. “La situation est en train de changer en Europe, dans le sens positif. Et cela, rapidement. Elle n’est plus la même qu’il y a six mois ou un an. Avec le changement politique aux États-Unis, il y a aussi du changement en Europe. C’est justement dans les moments difficiles que l’Europe se réveille et répond présent.”
L’absence d’accord sur les droits de douane avec Trump pourrait avoir un impact sur le continent, mais globalement, il y a surtout des opportunités. “Le chômage est historiquement bas et le taux d’épargne très élevé. Les salaires augmentent et au niveau de la politique monétaire, les taux ont fortement baissé.”
BlackRock Investment Institute retient donc deux secteurs en Europe : la finance (la baisse des taux faisant augmenter les marges des banques et l’appétit d’investissement des clients, branche qui rémunère le plus) et l’industrie (portée par les investissements dans l’infrastructure et la défense, ainsi que dans l’IA et les infrastructures dont elle a besoin).
AG est également optimiste sur l’Europe, pour les six mois à venir. Et cela, dans deux approches différentes. D’un côté, le groupe reste “prudent” par rapport aux actions, à cause de l’incertitude des droits de douane pour les résultats des entreprises, et “positif” pour les obligations d’État européennes, explique-t-il dans ses prévisions. De l’autre côté, dans son portefeuille d’actions, il surpondère légèrement l’Europe par rapport aux États-Unis.
Lire aussi | Le rallye européen a encore du carburant
Dollar
L’autre thématique abordée par Pauwels, c’est le dollar. “Nos clients nous demandent si l’hégémonie du dollar est remise en question et si son rôle de monnaie de réserve mondiale pourrait venir à changer rapidement. Nous n’en sommes pas convaincus. Il faut beaucoup de temps pour changer ce rôle. Il a fallu des années, et des guerres mondiales, pour que le dollar obtienne ce statut. Et il reste prédominant dans les échanges internationaux aujourd’hui”, analyse l’expert.
Mais sa récente chute par rapport aux autres devises est néanmoins une faiblesse, qui peut impacter les investisseurs et la manière dont ils construisent leurs portefeuilles. “Il faut se couvrir contre ce risque, pour réduire les fluctuations. Avec la situation de la dette publique américaine, le marché demande une prime plus élevée pour détenir des bons du Trésor, ce qui pèse sur le dollar. Ce facteur pourrait perdurer.”
Communication, matériaux et semi-conducteurs (européens)
“Nous privilégions les obligations souveraines telles que la dette publique japonaise (couverte contre le risque de change) et les bons du Trésor américain protégés contre l’inflation. Le crédit de qualité permet d’accroître la diversification. Les actions devraient bien se comporter et notre préférence va aux valeurs cycliques”, indique Lombard Odier, pour le second semestre.
Et d’ajouter : “Les classes d’actifs alternatives peuvent renforcer la diversification : l’immobilier bénéficie de la baisse des taux et les stratégies de hedge funds neutres au marché peuvent offrir une certaine stabilité. L’or reste un outil de diversification stratégique précieux dans un contexte de consolidation des prix.”
La banque fait aussi le point sur d’autres secteurs “à privilégier”, pour les investisseurs en actions. Pour les matériaux, le prix de l’or élevé est par exemple une aubaine pour les mineurs du métal précieux et les projets d’infrastructure, à échelle mondiale, pour les entreprises actives dans les matériaux de construction. Dans la tech, les services de communication ont “une valorisation attrayante, des fondamentaux moins volatils et une opportunité de croissance de qualité”. Le secteur gagne ainsi plus de points que les semi-conducteurs et le matériel informatique. Mais : les semi-conducteurs européens sont aussi retenus par la banque, qui anticipe “une performance à moyen terme malgré les incertitudes de court terme dues aux incertitudes tarifaires.”
Long terme
Comme les facteurs macro-économiques listés plus haut ne sont plus des certitudes comme par le passé, les investisseurs doivent chercher d’autres ancrages sur lesquels se baser. Les mégaforces qui traversent la société notamment : l’intelligence artificielle, la transition énergétique et le vieillissement de la population, décrit Pauwels.
Le deux premières sont d’ailleurs liées. L’IA a besoin d’énormément d’énergie, notamment pour les datacenters, et pour la localisation et construction de ces derniers, l’accès à l’énergie est souvent prise en compte. “En 2030, les investissements dans l’énergie seront de 3.500 milliards de dollars, et de 600 milliards dans l’IA. Pris ensemble, c’est la taille de l’économie de l’Inde, une des plus importantes au monde.”
Pour Lombard Odier, les thèmes à jouer sur le long terme sont les infrastructures (pas que les matériaux cités plus haut, mais “les sociétés situées tout au long de la chaîne de valeur, allant des matériaux aux exploitants, qui bénéficieront de l’augmentation des dépenses infrastructurelles”) et la protection de la nature. C’est notamment l’eau qui entre en compte pour ce dernier point : “La sensibilisation du public, l’action des gouvernements et l’émergence de technologies efficaces créent un environnement favorable aux entreprises leaders dans le domaine des technologies et du traitement de l’eau, qui peuvent ainsi déployer à large échelle des solutions prometteuses afin de restaurer les ressources en eau.”
Disclaimer : Cet article ne représente pas un conseil d’investissement, mais doit se lire à titre d’information sur les tendances de l’économie et du marché. Investir comporte toujours de risques.
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.