Intel, cible pour un rachat ?


L’action Intel a lourdement chuté l’an dernier. Y a-t-il lieu de craindre un rachat ?
La valorisation d’Intel est tombée particulièrement bas en 2024. La concurrence s’intéresse dès lors à certains pans du groupe, tandis que les spéculateurs espèrent un rachat, doublé d’une jolie prime. La rumeur s’emballant, le titre a rebondi à plusieurs reprises, avant de systématiquement corriger.
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Cela fait plusieurs années qu’Intel rate le train des avancées technologiques. Le segment des micro-processeurs pour PC, que le groupe dominait autrefois, est désormais régenté par AMD. Le marché des semi-conducteurs pour appareils mobiles est tiré par Qualcomm. Intel est récemment passé à côté de marchés de croissance, comme celui des puces pour centres de données et systèmes de stockage.
Sa tentative de développer une puce dédiée à l’intelligence artificielle pour concurrencer celle de Nvidia a fait long feu : la Falcon Shore ne sera jamais commercialisée et la Jaguar Shore, sa version améliorée, ne le sera pas avant 2026 au plus tôt. D’où le recul, pour la 3e année consécutive, du chiffre d’affaires (CA) du groupe en 2024. Si le 4e trimestre a été légèrement moins mauvais que prévu, les ventes du trimestre en cours pourraient céder jusqu’à 14% et les marges, se contracter encore. L’exercice 2025 sera au mieux celui d’un statu quo pour le CA, tandis que les marges continueront de baisser.
Les principaux marchés ralentissent donc, alors que les besoins en capitaux demeurent élevés. Patrick Gelsinger, le précédent CEO, avait choisi pour Intel un très capitalistique profil de fonderie. Les flux de trésorerie étant négatifs, les fonds doivent provenir de subventions ou d’emprunts, or les 8 milliards de subsides que la loi CHIPS accorde au groupe ne suffiront pas à couvrir les investissements prévus (20 milliards de dollars rien qu’en 2025). Endetté à hauteur de plus de 50 milliards, Intel a achevé 2024 sur une perte nette de 18,8 milliards. Les bénéfices de 2025 sont estimés à 0,2 à 1,2 dollar par action. Décidé à réduire rapidement les coûts, Lip-Bu Tan, le nouveau CEO, a commencé à sabrer dans les effectifs.
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Scission ?
Le meilleur scénario serait celui d’une scission. L’entreprise est valorisée à 135 milliards de dollars, mais les analystes estiment à la moitié de cette somme seulement la valeur de remplacement des actifs et des usines. Reste à savoir qui en voudrait – et, plus encore, qui le pôle fonderie pourrait séduire. Qualcomm et Broadcom avaient, naguère, renoncé à acquérir le groupe dans son ensemble. Le seul candidat possible serait le taïwanais TSMC, ce qui irait à l’encontre de la volonté des États-Unis de maintenir la production de puces sur leur territoire. Intel pourrait aussi verser la plupart de ses activités dans une joint-venture conclue entre TSMC et des fabricants américains.
La spéculation est la seule raison expliquant les rebonds du titre. Sur le plan opérationnel, les perspectives sont plutôt sombres et les bénéfices prévisionnels pour 2025 sont trop optimistes encore. Les positions peuvent être conservées, mais les achats seront purement spéculatifs.
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