Cinq ans après la fin de leur collaboration, Apple et Intel pourraient-ils renouer leurs liens ? Il n’en a pas fallu davantage pour enthousiasmer les investisseurs. Malgré un léger repli, ce lundi, l’action Intel a gardé une large part du bond de 10 % enregistré vendredi.
À l’origine de cet engouement : les révélations de l’analyste Ming-Chi Kuo, spécialiste reconnu de l’écosystème Apple. Selon lui, la firme de Cupertino pourrait confier à Intel la fabrication de son futur processeur maison d’entrée de gamme, un retour discret mais stratégique au sein de la chaîne d’approvisionnement d’Apple.
Le rôle d’Intel resterait toutefois limité : il ne s’agirait pas de concevoir les puces – la firme de Cupertino s’en charge désormais de A à Z – mais bien de les fabriquer selon ses propres plans. Si cette hypothèse se confirme, Intel pourrait rejoindre en 2027 le cercle encore très restreint des partenaires industriels d’Apple.
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Un potentiel catalyseur pour le redressement d’Intel
Un tel rapprochement, même partiel, serait perçu comme un signal fort par les marchés. Après des années de difficultés, Intel se redresse depuis quelques mois et l’annonce d’un client aussi prestigieux pourrait consolider cette dynamique.
« Apple est un client de référence dont la présence validerait l’offre de fonderie haute performance d’Intel », rappelle Paul Markham, directeur des investissements chez GAM Global Equities. Selon lui, cette première étape pourrait ouvrir la voie à des contrats plus ambitieux, comme la production de processeurs d’iPhone ou de puces destinées à d’autres géants du secteur.
Pressions américaines
Les deux groupes partagent une longue histoire commune. Intel a fourni pendant des années les processeurs des Mac, jusqu’à ce qu’Apple annonce en 2020 sa transition vers ses propres puces Apple Silicon, mettant fin à leur partenariat. Une rupture qui avait marqué un coup d’arrêt pour Intel.
Mais si Apple se charge d’élaborer ses propres processeurs, l’entreprise américaine fait toujours appel à une société externe pour les fabriquer. La société de Tim Cook a confié cette tâche au taïwanais TSMC, leader mondial de la fonderie de pointe, et demeure encore aujourd’hui le fabricant exclusif des puces Apple pour iPhone, iPad et Mac. De ce fait, le possible retour d’Intel parmi les partenaires industriels d’Apple pourrait redessiner les contours de son accord avec Apple.
Kuo tempère néanmoins les inquiétudes : les volumes confiés à Intel pour ce processeur d’entrée de gamme resteraient modestes et ne devraient pas affecter significativement la performance du géant taïwanais.
Ce potentiel changement de cap pourrait toutefois répondre à une autre dynamique : les pressions politiques grandissantes aux États-Unis, sous l’impulsion de l’administration Trump, pour encourager les entreprises technologiques américaines à relocaliser une partie de leur production sur le sol national.