Grâce à Trump, tous les ingrédients d’un krach boursier sont rassemblés


Donald Trump avait demandé d’être attentif à ce qu’il aurait à dire en ce début de semaine. On n’a pas été déçu.
Confirmation de droits de douane de 25% sur les produits canadiens et mexicains, et l’annonce d’une généralisation des tarifs douaniers de 20% aux produits chinois ont précipité les marchés financiers dans la crainte d’une récession, aggravée encore par le découplage politique des Etats-Unis du reste du bloc occidental, sur fond de crise concernant la guerre en Ukraine.
Fed d’Atlanta
L’inquiétude des marchés est également alimentée par les prévisions de la Fed d’Atlanta, dont le modèle indique désormais que les Etats-Unis finiraient le premier trimestre sur une chute de 2,8% du PIB, alors qu’au début du mois de février, le même modèle s’attendait encore à une progression de 3,9%. Les prévisions des autres banques régionales de la Fed sont en effet moins pessimistes : les Fed de New York et de Dallas tablent sur une croissance (taux annualisé) de 2,9% et 2,4% au premier trimestre, mais leurs modèles semblent moins branchés sur l’actualité immédiate.
Un écart de croissance de près de 7% en un mois tel que l’indique la Fed d’Atlanta est énorme. Il s’explique par le fait que ce modèle intègre rapidement les données, ce qui le rend très volatil. Toutefois, ce qui pèse sur les prévisions est bien réel : c’est une forte baisse du baromètre de la construction (dans ces temps troublés, les Américains commencent à faire le gros dos) et une accélération du déficit commercial (les entreprises américaines se sont empressées de faire des stocks avant l’application des tarifs douaniers, ce qui a réduit l’activité manufacturière).
Effet de richesse
«Même si le chiffre (de la Fed d’Atlanta) semble complètement aberrant et excessif et que la croissance pourrait revenir en territoire positif, cet indicateur est suivi de très près par les économistes et analystes et reflète les énormes doutes concernant l’impact négatif de ces mesures, observe le chief economist de CBC, Bernard Keppenne, dans son blog matinal. « Si on rajoute à cela la forte correction sur les marchés boursiers américains qui a inéluctablement un effet négatif sur la richesse des ménages américains, plusieurs facteurs négatifs se conjuguent », dit-il.
Fed prise au piège
C’est la menace d’un alignement des mauvais astres qui ébranle aujourd’hui le moral des marchés, car si la consommation intérieure a des ratés, si les exportations sont ébranlées par la guerre commerciale, et si l’inflation redémarre, la Réserve fédérale sera prise au piège, avec d’un côté une inflation exigeant une remontée des taux, et de l’autre une faiblesse économique qui exigerait une baisse des taux.
Or on voit mal comment l’inflation ne serait pas réveillée puisque les mesures de rétorsion chinoises et canadiennes (on ne connaît pas encore les mexicaines) visent principalement les produits agricoles et le secteur automobile, afin de faire le plus de mal possible aux consommateurs américains.
On comprend dès lors la grosse fatigue des investisseurs, qui voyant l’absence totale de réaction de l’administration Trump face à la volatilité des marchés, désertent la Bourse américaine. Certaines actions souffrent plus que d’autres : depuis le premier janvier, Tesla a perdu 30% de sa valeur. Et si cette grosse fatigue perdure, elle engendrerait une très forte correction boursière, aux Etats-Unis et sans doute ailleurs. Autrement dit, un krach.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici