Ce qui aurait pu être une année noire pour Google s’est finalement transformé en exercice exceptionnel. Menacé par plusieurs procès d’envergure et confronté à une concurrence de plus en plus féroce sur le marché de l’intelligence artificielle, le géant américain a non seulement résisté, mais a aussi signé une année 2025 record.
2025 s’annonçait comme une année difficile pour Google. La firme de Mountain View a en effet dû faire face à plusieurs défis suffisamment lourds pour faire vaciller n’importe quel acteur du secteur. Pourtant, le géant américain les a surmontés sans perdre pied, confirmant une nouvelle fois son statut d’entreprise technologique majeure. Une résilience saluée par les marchés : les résultats financiers ont été très bien accueillis par les investisseurs et Alphabet, sa maison mère, termine l’année sous les projecteurs avec une progression de près de 50 %.
L’action de Google a terminé 2024 autour des 188 dollars et se dispute aujourd’hui au-delà de 300 dollars.
Retour sur une année charnière pour Google.
Trois procès majeurs
Google a entamé 2025 avec une pression judiciaire rarement atteinte. En ligne de mire : un procès antitrust pour abus de position dominante aux États-Unis. Si l’entreprise est habituée aux remontrances des autorités européennes, cette procédure américaine présentait un risque inédit : une séparation forcée de son navigateur Chrome, un actif stratégique.
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À cela s’est ajouté un second dossier explosif concernant ses technologies publicitaires – Ad Exchange et Ad Manager – véritables piliers de ses revenus. Enfin, Google a dû gérer les suites du procès perdu face à Epic Games, dont l’issue pourrait l’obliger à revoir en profondeur le modèle économique du Play Store, notamment en réduisant ses commissions et en ouvrant la porte à des systèmes de paiement alternatifs.
La bataille de l’intelligence artificielle
En parallèle, Google a dû livrer une bataille décisive sur le front de l’IA. Face à Microsoft et Meta, mais surtout à de nouveaux acteurs très agressifs comme OpenAI et Anthropic, l’entreprise n’avait pas droit à l’erreur. Elle a donc investi massivement, au prix de dépenses colossales en R&D et en infrastructures, pour rester dans la course – et, si possible, prendre l’avantage.
Cette stratégie n’était pas sans risque. En intégrant l’IA au cœur de ses produits, Google a commencé à cannibaliser sa propre « poule aux œufs d’or » : le moteur de recherche, comme le souligne le média américain The Verge. De quoi inquiéter temporairement les investisseurs.
Mais les résultats ont suivi. Le générateur vidéo Veo 3 a connu un succès viral sur les réseaux sociaux, tandis que Nano Banana Pro s’est imposé comme l’un des générateurs d’images les plus convaincants du marché. Surtout, le lancement de Gemini 3 a marqué un tournant : malgré un démarrage hésitant face à ChatGPT, Google a démontré qu’il n’était ni spectateur ni suiveur dans la course à l’IA.
Une base forte
La réussite de Google en 2025 ne repose toutefois ni uniquement sur ses victoires judiciaires, ni exclusivement sur l’IA. Sa véritable force réside dans la régularité et la diversité de ses revenus. La publicité reste un pilier solide, tandis que Google Cloud bénéficie directement des avancées en intelligence artificielle.
Résultat : pour la première fois de son histoire, le groupe a franchi le cap des 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur un trimestre, pour 31 milliards de dollars de bénéfices.
Depuis le début de l’année, alors que les incertitudes étaient nombreuses, la valorisation de Google a fortement progressé, dépassant les 3.500 milliards de dollars, confirmant la confiance des marchés dans sa stratégie.
Quid en 2026 ?
Les perspectives pour l’année à venir restent positives. Du moins, sur le court terme. En plus de ses performances dans l’IA et le Cloud, Google commence à monétiser ses propres puces spécialisées pour l’intelligence artificielle. Anthropic prévoit ainsi d’en acheter près d’un million pour alimenter son IA Claude, tandis que Meta serait également en discussions pour un contrat de plusieurs milliards de dollars. Si Google ne rivalise pas encore directement avec Nvidia, son écosystème intégré, sa capacité d’investissement et la stabilité de ses revenus pourraient, à terme, rebattre les cartes.
Rien n’est toutefois gravé dans le marbre. Deux des procédures judiciaires se poursuivront en 2026, avec, en toile de fond, la menace d’une scission de son activité publicitaire – un risque existentiel pour le groupe. Le géant américain pourrait également faire l’objet de nouvelles procédures judiciaires. Par ailleurs, malgré ses avancées, Google n’est pas à l’abri d’une rupture technologique portée par de nouveaux acteurs de l’IA.
Mais pour une entreprise qui entamait 2025 sous la menace d’un démantèlement, terminer l’année intacte, plus rentable que jamais et stratégiquement renforcée relève déjà d’une victoire majeure.