Fed : les marchés mondiaux retiennent leur souffle

Jerome Powell. REUTERS/Kevin Mohatt © REUTERS

Les marchés sont suspendus à la probable première baisse de taux de la Fed sous Trump.

Les places financières mondiales évoluent ce mercredi dans l’attente de la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui devrait annoncer dans la soirée sa première baisse de taux de l’année. Une décision qui serait également la première depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, après plusieurs mois de pressions exercées sur l’institution monétaire.

À Paris, le CAC 40 reculait de 0,16 % en début d’après-midi, tandis que Francfort gagnait 0,41 % et Londres 0,25 %. Zurich cédait 0,06 %. Outre-Atlantique, les contrats à terme sur les grands indices de Wall Street annonçaient une ouverture proche de l’équilibre. Sur le marché des changes, l’euro cédait 0,18 % face au dollar, tombant à 1,1844 dollar.

Une Fed sous tensions politiques

Les observateurs s’attendent quasi unanimement à une réduction du taux directeur de 25 points de base, qui passerait de 4,50 % à 4,25 %. « Cette réunion est l’une des plus attendues de l’année », souligne Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.

La décision intervient dans un contexte délicat : l’inflation, à 2,9 % en septembre, reste au-dessus de l’objectif officiel de 2 %, mais les signaux de ralentissement du marché du travail se multiplient. En juin, l’économie américaine a enregistré sa première contraction de l’emploi depuis plusieurs années, notamment dans le secteur industriel.

Pour Grégoire Kounowski, conseiller en investissements chez Norman K., « au-delà de la stabilité des prix, le plein emploi constitue un mandat central de la Fed, ce qui laisse entrevoir plusieurs baisses de taux d’ici la fin de l’année ».

Mais la décision sera scrutée aussi sous l’angle politique. La Maison Blanche n’a cessé de pousser Jerome Powell à agir plus rapidement. Donald Trump, qui cherche à remodeler le comité de politique monétaire, a obtenu la nomination de Stephen Miran, un de ses proches conseillers, après la démission surprise d’Adriana Kugler. Parallèlement, il tente d’évincer Lisa Cook, dont la présence a été confirmée temporairement par une cour d’appel.

« On pourrait donc voir les gouverneurs nommés par Trump voter pour de fortes baisses de taux, tandis que les démocrates plaideraient pour une approche plus prudente », estime Kathleen Brooks. Certains membres du comité pourraient même utiliser leur vote comme signal face aux attaques répétées du président contre l’indépendance de la Fed.

Des marchés optimistes

Malgré les tensions institutionnelles, les investisseurs anticipent déjà un cycle d’assouplissement monétaire. « L’histoire montre que les actions progressent en moyenne de 15 % dans les 12 mois suivant un cycle de baisse hors récession », rappelle Vincent Juvyns, stratégiste chez ING dans De Standaard.  

Les indices américains accumulent record sur record, portés par la perspective d’un crédit moins cher, qui soutient la consommation et la valorisation des actions.

« Une baisse de taux se répercute rapidement dans l’économie américaine, où de nombreux ménages sont endettés à taux variable sur leurs crédits immobiliers ou leurs cartes de crédit », rappelle un économiste.

Reste que l’équilibre s’annonce fragile : une réduction trop marquée risquerait de relancer les pressions inflationnistes, d’autant que la politique commerciale protectionniste de Donald Trump entretient une incertitude sur les prix importés.

Pour l’heure, les marchés choisissent d’ignorer ces risques, suspendus à la décision que Jerome Powell doit annoncer à 18h00 GMT, 20H, heure de Bruxelles.

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