La française Edenred domine le monde des avantages extra-légaux pour les employés. Ses services relient 1 million d’employeurs et 60 millions d’employés dans plus de 45 pays, à plus de 2 millions de fournisseurs d’avantages sociaux.
L’Europe se taille 60% du chiffre d’affaires (CA) et constitue une base stable ; l’Amérique latine reflète 30% et assure la croissance. Son CA est deux fois supérieur à celui de son principal concurrent, Pluxee. Edenred bénéficie aussi de marges opérationnelles plus élevées. Tout a commencé avec les chèques-repas, qui reflètent encore 43% du CA.
Edenred s’est par ailleurs diversifiée vers d’autres avantages sociaux, qui recèlent le plus gros potentiel de croissance. Les clients d’Edenred sont aussi bien de grandes multinationales que des PME locales.
Les avantages sociaux sont moins courants dans les PME, ce qui offre aussi des opportunités. Edenred propose à ses clients une plateforme pour composer et distribuer ces avantages. Ces clients paient des frais de démarrage uniques et des frais d’abonnement récurrents.
Chaque fois qu’une personne paie avec des chèques-repas, Edenred encaisse
Mais la principale source de revenus provient des commissions sur les transactions effectuées sur la plateforme. Chaque fois qu’une personne paie avec des chèques-repas ou recharge une voiture électrique avec une carte de recharge, Edenred encaisse. Les commerçants lui versent des commissions colossales sur ces transactions.
Ils ont donc intérêt à ce que la plateforme compte le plus grand nombre d’employés. C’est là que l’échelle d’Edenred joue en sa faveur. Au total, la société traite 45 milliards d’euros de transactions par an sur ses plateformes. Le plan stratégique 2022-2025 arrivera à son terme à la fin de cette année et les objectifs fixés seront largement atteints.
Les chèques-repas restent la principale source de revenus, ce qui n’est pas sans risques.
L’entreprise souhaitait augmenter son Ebitda (cash-flow d’exploitation opérationnel) de 12% l’an, il s’agira plutôt de 20%. Le CA est passé de 2 milliards d’euros en 2022 à 2,9 milliards en 2024. L’objectif pour 2030 est de dépasser les 5 milliards. Le bénéfice d’exploitation est passé de 557 millions en 2021 à 1.100 millions en 2024. Le bénéfice par action a grimpé de 1,55 euro à 2,41 euros à la même période. Les résultats semestriels récents confirment également les objectifs pour cette année.
Le CA a enflé de 7% et le cash-flow d’exploitation de 18%. Cette croissance est due pour l’essentiel aux acquisitions réalisées par Edenred ces 10 dernières années. Cela se traduit par une importante provision pour goodwill au bilan. Les marges bénéficiaires opérationnelles sont restées stables mais le rendement du capital investi est sous pression. Les dettes ont grimpé en flèche en raison de ces acquisitions mais le ratio d’endettement reste maîtrisé, surtout compte tenu des cash-flows disponibles élevés. Les chèques-repas restent la principale source de revenus, ce qui n’est pas sans risques. Il s’agit en effet d’un marché très réglementé. Cela offre une certaine stabilité, mais aussi une incertitude, les règles pouvant changer, comme cela a été le cas récemment dans certains pays clés.
Conclusion
Au vu de cette incertitude, le cours est inférieur d’un tiers à celui du début de l’année et de deux tiers à celui d’il y a deux ans. Sur le fond, peu de choses ont changé en termes financiers et opérationnels. Les valorisations ont donc chuté bien en-deçà des moyennes historiques, tandis que les bénéfices et les cash-flows continuent de croître. D’où notre conseil. Nous jugeons le sentiment négatif exagéré, mais il pourrait persister.