Donald Trump, une “tempête passagère pour les bourses européennes”

Euronext. Image d'illustration. (Photo by DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

Les marchés européens craignent les conséquences du retour au pouvoir de Donald Trump. Mais cette incertitude et cette peur pourraient s’estomper rapidement et à terme, Trump pourrait même devenir un moteur pour les actifs européens, selon BCA Research.

Ce lundi soir, Donald Trump est arrivé au pouvoir aux États-Unis. Entre crainte et prudence, les investisseurs se demandent quel sera l’impact des politiques America First 2.0 du nouveau président sur les entreprises et les bourses européennes.

Il faudrait en effet s’attendre à des turbulences. “Les premiers mois de la seconde présidence Trump seront remplis d’incertitudes et accentueront des vents contraires majeurs pour la croissance et les actifs européens”, note d’emblée Mathieu Savary, stratégiste européen en chef de BCA Research, dans une note parue ce lundi.

Trump veut par exemple imposer de nouvelles taxes d’importation. L’analyse du cabinet de recherches économiques montre que l’Allemagne et la Belgique seraient les pays les plus vulnérables lors d’une telle guerre commerciale ; la Belgique étant “une petite économie très ouverte, elle souffrira des répercussions des droits de douane sur le commerce mondial.” La France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni le seraient un peu moins. Il n’est pas encore clair aujourd’hui ce qu’il en sera vraiment de ces taxes, pour l’Europe, et cette incertitude est ainsi un “vecteur de douleur” pesant sur les actifs.

Tempête passagère

Mais ce brouillard se lèvera, tôt ou tard. Et les investisseurs pourraient alors se rendre compte qu’il y a plusieurs éléments positifs qui s’y cachent. “L’Europe et les États-Unis ont suffisamment de points communs pour parvenir à un accord mutuellement bénéfique”, note l’expert.

Après ces premiers mois remplis d’incertitude, “ce frein s’estompera rapidement à mesure que les propositions fiscales de Trump seront réduites et que l’Europe et les États-Unis parviendront à des accords commerciaux”, continue-t-il. Concrètement, il recommande ceci : “Restez pour l’instant en position défensive sur les marchés européens, mais n’oubliez pas qu’une opportunité d’achat à long terme est proche.”

La période de disette d’aujourd’hui ne serait donc pas nécessairement négative pour le prix des actifs européens. Au contraire, il y a aujourd’hui un “pessimisme excessif qui est inclus dans les prix” – ce qui veut dire qu’ils pourraient fortement rebondir une fois que toutes ces craintes se réduisent.

Impact des politiques

Mathieu Savary passe en revue les différentes mesures politiques voulues par Trump, et comment elles peuvent impacter l’économie européenne et/ou américaine. “A long terme, la présidence de Trump soufflera dans le dos des actifs européens”, résume l’expert.

Concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie par exemple : Trump a annoncé vouloir parvenir rapidement à un cessez-le-feu. En façade, l’Europe s’opposerait à abandonner l’Ukraine, mais en coulisses, les gouvernements européens soutiendraient Trump, commente Savary. Un cessez-le-feu réduirait ainsi la prime de risque, très élevée, qui a actuellement cours en Europe, favorisant les investissements… Mais peut-être pas pendant bien longtemps. Car ailleurs dans ses projets géopolitiques, la Maison Blanche pourrait serrer la vis face à l’Iran. Téhéran répliquerait sur le marché du pétrole et l’or noir deviendrait plus cher. Avec lui, les risques de stagflation augmenteraient en Europe.

La politique fiscale est également à double tranchant. Car d’un côté, elle favoriserait la croissance de l’économie, ce qui est bon signe pour les exportations européennes. De l’autre côté, une économie américaine plus forte attire des investissements… qui n’iront pas en Europe.

La dérégulation voulue par Trump aurait cependant un aspect positif pour l’Europe. Elle pourrait pousser l’Europe à faire de réformes pour rester compétitive. Dont notamment améliorer l’intégration, c’est-à-dire faciliter les échanges commerciaux entre les pays membres de l’UE (où il reste de nombreuses barrières, coûteuses). Cela “générera un dividende de croissance pour l’Europe au fil du temps,” selon l’expert.

Autre politique de Trump qui pourrait favoriser l’Europe, et même nuire aux États-Unis : celle concernant l’immigration. Elle sert de vent dans le dos de la croissance américaine, et en la limitant, ce moteur viendrait à manquer. Ce serait donc l’Europe qui pourra plus facilement attirer des capitaux, à terme.

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