Malgré une nouvelle poussée de tension entre l’Iran et les États-Unis, les marchés financiers ont affiché une étonnante sérénité ce lundi. Alors que Téhéran a tiré une salve de missiles vers la base américaine au Qatar, les investisseurs semblent parier sur une désescalade du conflit, ce qui entraîne un net repli du pétrole et un rebond des bourses. Les nouveaux tirs, après un accord de cessez-le-feu proposé par Trump et accepté par Israël et l’Iran, n’inversent pour l’heure pas la dynamique des marchés.
D’après la chaîne américaine CNN, les missiles iraniens auraient été en partie interceptés. Une source proche du dossier indique même que le Qatar aurait été informé à l’avance, ce qui aurait permis de limiter les dégâts. Pour Kirk Lippold, ancien commandant de l’USS Cole interrogé par le média, « cette attaque revêt avant tout un caractère symbolique ». Cette modération contraste avec la riposte massive que l’Iran avait menée contre Israël le 13 juin. Avec comme résultat que les marchés misent sur un geste de façade plutôt qu’une réelle escalade dans le conflit.
Même son de cloche du côté du New York Times. Trois sources iraniennes informées des préparatifs ont précisé que cette riposte visait avant tout un effet symbolique à l’égard des États-Unis, tout en ménageant une issue diplomatique pour l’ensemble des acteurs.
“Cette stratégie rappelle celle adoptée en 2020, lorsque Téhéran avait informé Bagdad avant de lancer des missiles balistiques contre la base d’Al-Asad, en réponse à l’assassinat du général Qassem Soleimani par le président Trump”, explique le quotidien américain.
Ce mardi, les choses vont encore plus vers un apaisement. Donald Trump a proposé les conditions d’un cessez-le-feu aux belligérants, après ces frappes iraniennes de la nuit dernière. Israël l’a accepté, tout comme l’Iran. Cependant, en fin de matinée (heure belge), Israël a intercepté des missiles et accuse l’Iran d’être à l’origine des tirs et promet une riposte. Téhéran nie et se tient au cessez-le-feu. La situation est confuse… mais n’impacte pas l’optimisme des marchés.
Le pétrole sous les 70 dollars
Le cours du brut américain a chuté de plus de 7 % lundi, retombant à 68,51 dollars le baril. Il s’agit de la plus forte baisse journalière depuis avril. Cette correction survient après un (bref) bond de 6 % enregistré dimanche soir, après l’attaque des USA sur l’Iran. Selon Bob McNally (Rapidan Energy Group), cité par CNN, les marchés pétroliers attendent des preuves concrètes de perturbations avant de réagir durablement. Pour l’instant, les flux énergétiques du Golfe restent intacts.
Les prix de l’or noir ont accéléré leur dégringolade ce mardi après l’acceptation par Israël de la proposition de “cessez-le feu bilatéral” avec l’Iran précédemment annoncée par le président américain Donald Trump. Les prix du pétrole ont dégringolé de 5% en fin d’échanges asiatiques, après l’acceptation par Israël et l’Iran d’un cessez-le feu proposé par Donald Trump, le soulagement des investisseurs contribuant également à doper les Bourses. Vers 06H35 GMT (08H35, heure de Bruxelles), le prix du baril de Brent de la mer du Nord chutait de 5,02% à 67,89 dollars, et celui du baril de WTI américain dévissait de 5,21% à 64,94 dollars. Il est légèrement remonté sur le reste de la matinée, et affiche toujours une baisse de 3,3% peu avant midi, relativement inchangé depuis plus de trois heures, malgré ces nouveaux tirs.
Quelles conséquences pour l’Europe ?
En Europe et en Belgique, une hausse durable des prix de l’énergie impacterait aussi les coûts de production et le pouvoir d’achat. Si le calme actuel devait céder à une nouvelle flambée, les entreprises pourraient voir leur situation se compliquer à nouveau. Pour l’instant, les investisseurs parient sur une issue contrôlée. Mais comme le résume Cedric Leighton, analyste militaire pour CNN, “si les États-Unis devaient répondre plus vigoureusement, alors toutes les hypothèses redeviendraient possibles”.
Les bourses américaines en hausse
Ce climat de relative accalmie a soutenu les marchés d’actions aux Etats-Unis, ce lundi. Le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq étaient en hausse. CNN souligne que son indice “Fear & Greed”, qui mesure le sentiment de marché, est repassé dans la zone “greed”, signe d’optimisme retrouvé. Ce mardi, les futures sont également en hausse.
Mais cette confiance pourrait vite s’effriter. Une fermeture du détroit d’Hormuz, évoquée par les médias d’État iraniens, relancerait brutalement les tensions. Près de 20 % du pétrole mondial y transite. Une telle perturbation pourrait raviver l’inflation mondiale au moment où les banques centrales disposent de peu de marges de manœuvre.
L’Asie dans le vert
L’Asie boursière était dans le vert après le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en hausse de 1,08% à 38.770,43 points et l’indice élargi Topix de 0,79% à 2.783,06 points. La Bourse de Séoul a bondi de 2,96%, Sydney de 0,95%, Taipei s’est adjugé 2,10%. L’indice hongkongais Hang Seng progressait de 1,14% vers 06H30 GMT. “L’incertitude concernant la situation au Moyen-Orient se dissipe” après l’annonce du cessez-le-feu en dépit du flou qui l’entoure, ce qui encourage les achats en Bourse, soulignaient les experts de Tokai Tokyo Intelligence. La baisse des cours pétroliers “est également favorable” à cette reprise du marché, notent-ils.
Les opérateurs allaient aussi tourner leur regard vers les chiffres de la confiance des consommateurs aux Etats-Unis, attendus plus tard mardi, en quête d’indice sur la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), après l’appel d’une gouverneure de l’institution à abaisser très bientôt les taux.
Le BEL 20 en forte hausse
Les Bourses européennes ont ouvert en nette hausse mardi, portées par l’annonce de Donald Trump d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël sur sa plateforme Truth Social, accepté par Israël et Téhéran.
Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris bondissait de 1,73%, Francfort de 1,93%, Milan de 1,44% et Londres gagnait 0,45%. A Bruxelles, l’indice Bel 20 progressait d’1,5%, à 4.509 points, vers 9h20. Peu avant midi, après les nouveaux tirs post-accord de cessez-le-feu, la situation est relativement inchangée pour les indices. Le marché croit donc que le cessez-le-feu devrait tenir.
Les inquiétudes sur une escalade du conflit au Moyen-Orient s’étant atténuées depuis lundi, les traditionnelles valeurs refuges perdaient de leur éclat. Vers 06H30 GMT (08H35, heure de Bruxelles), l’or s’enfonçait de 1,27% à 3.325 dollars l’once. Le billet vert, qui de son côté s’était raffermi ces derniers jours dans un marché affolé, cédait 0,66% face à la monnaie japonaise, à 145,19 yens pour un dollar.