« Un compte d’épargne, c’est la certitude de s’appauvrir un peu chaque année », affirme l’investisseur néerlandais Friso Keijzer. Les fonds indiciels protègent-ils mieux le pouvoir d’achat ?
Les Belges sont les champions européens de l’épargne. Laisser l’argent dont on n’a pas besoin sur un livret d’épargne procure un sentiment de sécurité, d’autant plus qu’au sein de l’Union européenne, les avoirs sont protégés à concurrence de 100.000 euros par personne et par banque. Pour autant, l’épargne n’est pas entièrement dénuée de risque.
“Après inflation et impôts, l’épargne coûte environ 1% de pouvoir d’achat par an”, explique l’économiste néerlandais Friso Keijzer, auteur d’un ouvrage sur les ETF. Si vous détenez 10.000 euros et que l’inflation est de 2% par an, vous perdez en réalité 200 euros par an. Au bout de 15 ans, cette perte se chiffre en milliers d’euros, même si le solde nominal reste le même.
Une alternative consiste à investir via des ETF, des fonds cotés en Bourse qui suivent un indice, tel que le MSCI World ou le S&P 500. Ces produits permettent d’acheter en une seule transaction un panier d’actions de centaines, voire de milliers d’entreprises.
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Volatilité ou sécurité
Les fortes fluctuations des marchés boursiers peuvent toutefois dissuader les épargnants, habitués à la sécurité. “Sur un horizon de 10 ou 20 ans, une baisse de 20, 30, voire 50% va probablement se produire à un moment donné. Mais les statistiques montrent aussi qu’il est extrêmement probable que sur le long terme, l’investisseur gagne plus que l’inflation”, explique Friso Keijzer.
Les liquidités ont bien sûr leur place dans la gestion financière. L’économiste estime que tout le monde devrait disposer d’une réserve équivalente à six mois de frais fixes – voire un an pour les indépendants. Le compte d’épargne se prête aussi à l’anticipation de dépenses importantes : une maison, une voiture, des travaux de rénovation.
Au-delà, et particulièrement pour les horizons de placement supérieur à 10 ans, l’investissement est plus judicieux ; quel que soit l’environnement de marché, un ETF largement diversifié sur le plan géographique représente le meilleur choix.
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Risques de change
Nombre d’investisseurs s’inquiètent toutefois des risque de change liés aux ETF mondiaux. De nombreuses actions sous-jacentes sont en effet cotées en dollars. Friso Keijzer explique que les cours de change fluctuent généralement dans une certaine fourchette, sans pics extrêmes, sur un horizon long. “Couvrir le risque lié à l’évolution du dollar coûte généralement plus cher que de l’assumer sur le long terme”, affirme-t-il. De plus, l’exposition au dollar offre une diversification supplémentaire aux Européens.
ETF thématiques : séduisants mais dangereux
Les investisseurs débutants se laissent souvent séduire par des thèmes tels que l’intelligence artificielle ou la défense, qui promettent une forte croissance. Friso Keijzer tempère toutefois : “les ETF thématiques sont trop spécifiques et comportent un risque supplémentaire. Il vaut mieux commencer par portefeuille diversifié.”
Les ETF thématiques ont une place à jouer en portefeuille en tant que satellites, avec une allocation maximale de 10 à 20%. Le cœur de portefeuille doit rester un ETF mondial diversifié ou le S&P 500. “Mieux vaut un rendement ennuyeux mais pérenne qu’une promesse sexy non tenue, qui finit par gommer tous les gains.”
Rendement
Concrètement, l’indice MSCI World, qui inclut les plus grandes entreprises mondiales, a généré un rendement brut moyen de 8 à 9% par an au cours des 40 dernières années – soit 3 à 5% après inflation et impôts.
Cela peut sembler peu, mais grâce aux intérêts composés, un investissement de 10.000 euros à un rendement moyen de 4% net vaudra plus de 22.000 euros 20 ans plus tard.
Deux choix s’opposent donc : la sécurité de l’épargne entraîne l’érosion du pouvoir d’achat, tandis que la volatilité assure un rendement supérieur à long terme.