“ChatGPT est très mauvais pour choisir des actions” en bourse
Le plus grand fonds spéculatif du monde, Bridgewater, ne mise pas sur ChatGPT pour lui sélectionner des actions. Mais la société ne fait pas une croix sur le bot pour autant : en confrontant ses dires à des analyses statistiques, il serait possible d’en tirer quelque chose.
Comment réussir à la Bourse ? Voilà une question que tous les investisseurs se posent. Certains se reposent sur des systèmes d’intelligence artificielle pour essayer de trouver les actions sur lesquelles miser et déterminer les tendances. C’est d’autant plus vrai avec l’arrivée de ChatGPT à la fin de l’année dernière.
Mais ChatGPT et autres systèmes d’IA appelés Large Language Models (LLM) sont “terribles” pour sélectionner des actions ou pour analyser le marché. C’est le constat que dresse Greg Jensen, co-CIO de Bridgewater, le plus grand fonds spéculatif du monde. “Si quelqu’un veut utiliser de grands modèles de langage pour sélectionner des actions, je pense que c’est sans espoir”, explique-t-il à Bloomberg .
Mais il ne faut pas faire une croix sur l’IA pour autant
Jensen ajoute que le fonds utilise des LLM pour créer des hypothèses. Hypothèses qu’il faudrait toujours prendre avec des pincettes – on sait que ChatGPT peut vite créer des fausses nouvelles. Il n’a, en plus, pas accès aux informations boursières en temps réel, ni aux informations macro-économiques les plus récentes. “En tant que modèle linguistique d’IA, je n’ai pas accès à des données en temps réel et mes connaissances ne vont pas au-delà de septembre 2021”, confirme le bot lui-même.
Nous avons également testé l’idée de Jensen. À l’ordre “crée une hypothèse pour le marché boursier”, le bot a répondu : “L’introduction de nouvelles politiques énergétiques durables et les progrès technologiques dans le secteur des énergies renouvelables entraîneront une croissance significative des actions d’énergies renouvelables au cours de la prochaine décennie”, suivi d’une explication de plusieurs paragraphes. Mais ce n’est qu’une partie du travail que Jensen fait faire à l’IA. L’essentiel vient après.
Il confronte ensuite le résultat à des analyses statistiques, pour voir si cela s’est déjà produit dans le passé ou vérifier la probabilité que cela arrive, par exemple. “En combinant ces éléments, on commence à construire un écosystème qui, à mon avis, peut réaliser les mêmes choses que Bridgewater, mais à une échelle beaucoup plus grande”, explique-t-il.
Il ajoute que si on classait tous les analystes du marché du pire au meilleur, sur une échelle de 0 à 100, ChatGPT se placerait aux alentours de 80, ou dans le meilleur cinquième. Ce qui veut dire qu’il y a encore des lacunes. Mais : “si vous disposez d’un associé en investissement du 80e centile sur le plan technologique, que vous en avez des millions à la fois et que vous avez la capacité de contrôler leurs hallucinations et leurs erreurs grâce à une vérification statistique rigoureuse, vous pouvez faire énormément de choses à un rythme rapide”, souligne Jensen. L’IA aurait donc bel et bien sa carte à jouer à la Bourse et dans les stratégies des investisseurs.
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