Cette nouvelle règle du gendarme boursier américain… qui pourrait créer une vague d’IPO en Europe

La bourse de Paris, image d’illustration. REUTERS/Benoit Tessier/File Photo © REUTERS
Charly Pohu

Le gendarme boursier américain compte serrer la vis aux entreprises étrangères cotées aux États-Unis. Ces entreprises pourraient alors opter pour une double cotation, et notamment s’introduire en bourse en Europe.

Il y a de nombreuses entreprises européennes qui sont cotées à Wall Street au lieu des marchés où est établi leur domicile. Liquidité, taille du marché, facilité, culture d’investissement… il y a différentes raisons qui peuvent justifier ces choix.

Nouvelle règle

Mais cette possibilité pourrait bientôt changer. En cause : une nouvelle règle que propose la SEC, le gendarme boursier américain, qui serrerait la vis pour les entreprises étrangères cotées aux États-Unis. Elles y sont enregistrées sous le statut de “Foreign Private Issuer”, ce qui leur permet d’échapper à certaines règles de la SEC qui incombent aux entreprises américaines. Elles ne doivent par exemple pas publier leurs résultats tous les trimestres mais peuvent le faire deux fois par an, et cela dans un langage comptable international (IFRS) au lieu du système américain.

Avec la réforme que propose la SEC, ces entreprises auraient alors deux choix. Soit elles s’introduisent en bourse ailleurs aussi (ayant alors une double cotation) et peuvent continuer à bénéficier de ces règles plus souples, soit elles se plient aux règles américaines en matière de déclaration de résultats.

La SEC revoit ces règles, car de base, lors de la création il y a 20 ans, le statut était surtout destiné à des entreprises britanniques et canadiennes, soumises à des règles similaires à celles des États-Unis dans leurs pays. Fiables et compréhensibles donc pour les investisseurs américains. Elles pouvaient ainsi avoir droit à des règles plus souples aux États-Unis, puisqu’à domicile, elles étaient déjà soumises à un cadre rigoureux. Mais aujourd’hui, la majorité de ces entreprises sont enregistrées comme véhicule financier aux Iles Caïmans (connues pour leurs règles plus limitées en la matière). La plupart des entreprises étrangères cotées aux États-Unis sont chinoises et ont leur siège social en Chine, où il peut aussi y avoir d’autres règles.

Aubaine pour l’Europe ?

Entre ces deux options, les entreprises choisiraient plutôt celle de la double cotation, notamment à cause des frais élevés que représente l’autre option, estiment des experts relayés par CNBC. Ce qui voudrait dire, pour les entreprises européennes, qu’elles feraient une introduction en bourse en Europe. Il y a par exemple 142 entreprises néerlandaises qui seraient concernées, 149 irlandaises, 234 grecques et 536 britanniques.

Mais il n’y a pas que les entreprises européennes qui pourraient choisir une cotation en Europe. Nombre d’entreprises internationales pourraient être attirées par Londres, selon les experts. Le cadre réglementaire britannique, connu par la SEC (comme mentionné plus haut), pourrait jouer un rôle dans ce choix. Mais le groupe Euronext, qui comprend la bourse de Bruxelles, Paris, Amsterdam, Milan et Dublin (entre autres) et tente de racheter la bourse d’Athènes, pourrait aussi être une option. Tout comme les bourses scandinaves, qui ont un déjà lien avec le Nasdaq.

Hong Kong pourrait aussi entrer en ligne de mire – bourse qui bat d’ailleurs largement le reste du monde en termes d’introductions en bourse, cette année. En Europe, la tendance est à la baisse, et des grands noms comme le développeur britannique de puces Arm ou le service de streaming de musique suédois Spotify ont récemment préféré faire leur introduction en bourse à Wall Street. Le service de paiements différés suédois Klarna prépare également son IPO aux États-Unis. Le Vieux Continent pourrait ainsi prendre sa revanche.

Mais il reste à voir si cette réforme aura bien lieu. La proposition n’est qu’à un stade précoce et pourrait finalement être modifiée.

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