Ce sont les soldes à la Bourse de Londres
Les actions britanniques ont eu beaucoup de mal à séduire les investisseurs depuis le Brexit. Entre-temps, les dégâts sur le marché boursier britannique sont tels que cela vaut la peine pour les investisseurs d’aller fouiller dans ce qui reste du champs de ruines.
Huit ans après le référendum et trois ans après l’accord officiel avec l’Union européenne, il est clair que le Brexit est devenu tout sauf un conte de fées pour l’économie britannique. Malgré tous les slogans, le divorce d’avec l’UE n’a guère ramené le Royaume-Uni au sommet sa gloire. Fini les ego trips du type “Rule Britannia, Britain rules the waves” auxquels les Britanniques sont pourtant si enclins.
Cette baisse d’égo se remarque aussi sur le marché boursier britannique. Il se négocie à bas prix, si l’on se place dans une perspective historique et par rapport à l’UE et aux États-Unis.
Le Brexit a également grignoté les marges bénéficiaires des entreprises britanniques cotées en bourse, en particulier celles des petites capitalisations dont les revenus dépendent fortement de l’économie nationale du Royaume-Uni. Le gestionnaire d’actifs Verdad Capital a calculé que la différence de marges bénéficiaires et d’évaluation entre les sociétés cotées au Royaume-Uni et en Europe s’est fortement réduite au détriment des premières. Avant le Brexit, les petites capitalisations britanniques étaient plus rentables et avaient une valorisation plus élevée.
Les évaluations des petites capitalisations britanniques ont également été touchées. Par rapport aux petites capitalisations européennes, elles affichent une décote de 10 %. Par rapport à leurs homologues américaines, cette décote atteint 25%, alors que le rendement des dividendes sur le marché boursier britannique est plus de deux fois supérieur à celui des États-Unis.
Le gestionnaire d’actifs Schroders a également remarqué que l’évaluation du marché boursier britannique, par rapport aux marchés boursiers américain et européen, est à son plus bas.
Même par rapport à sa propre moyenne historique, le marché boursier britannique est actuellement relativement bon marché.
Et si l’on compare spécifiquement les actions de valeur britanniques aux actions de croissance, la sous-évaluation est encore plus frappante.
Attention, cette valorisation historiquement basse ne fait pas automatiquement des actions britanniques une opportunité d’achat indéniable. Selon le gourou de l’évaluation Aswath Damodaran, supposer que les valorisations reviennent automatiquement à leurs moyennes historiques – ce que l’on appelle dans le jargon des investisseurs la mean inversion – est un péché trop souvent commis par de nombreux investisseurs, principalement de ceux qui investissent dans les actions de valeur.
Mais selon les deux gestionnaires d’actifs, l’écart de valorisation est actuellement si important qu’il devrait au moins être dans le collimateur des investisseurs et valoir la peine d’être étudié, même s’il s’explique en partie par la réduction des marges bénéficiaires. Tous deux notent également que les acteurs du private equity, ou capital-investissement, ont récemment racheté très activement des entreprises britanniques cotées en bourse. Le premium moyen, c’est-à-dire le prix de rachat par rapport à la valorisation, est de 51%. Cela veut dire qu’il y a au moins un groupe qui recherche des opportunités sur le marché boursier britannique.
Les investisseurs qui passent au crible les indices boursiers britanniques devraient ainsi trouver au moins quelques graines de bonnes idées.
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