Le développeur chinois de semi-conducteurs Cambricon, challenger de Nvidia, annonce des résultats multipliés par plus de 40 en un an. Il profite de la situation délicate, en Chine, de l’entreprise américaine.
Alors que toute l’attention du marché est rivée sur Wall Street, où Nvidia annonce ses résultats trimestriels, très attendus, ce soir… ailleurs sur la planète bourse, un autre “Nvidia” a déjà présenté ses résultats ce mercredi. Il s’agit de Cambricon, challenger chinois de Nvidia sur le front des puces à IA.
Cette entreprise, qui produit donc des semi-conducteurs, a publié un chiffre d’affaires semestriel en hausse de 4.000% à 2,88 milliards de yuans. Le bénéfice net atteint 1,04 milliard (respectivement 350 et 130 millions d’euros). Une hausse folle, qui lui a valu un gain de plus de 3% en bourse à Shanghai, après l’annonce.
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Coup de pouce communiste
Son cours a plus que doublé sur l’année, passant à une valorisation de plus de 80 milliards de dollars. Le rallye est surtout flamboyant depuis début juillet ; l’action a gagné 160% en moins de deux mois.
Cela a en fait tout à voir avec Nvidia, et notamment la saga de la puce H20. Pour mémoire, l’exportation de cette dernière avait été suspendue pour la Chine (alors que c’est une puce spécifiquement désignée pour la Chine) en avril, par le gouvernement américain. Mi-juillet, Nvidia trouve un accord avec Trump (moyennant un fameux tribut à payer au Trésor) et peut de nouveau exporter vers la Chine. Mais ce n’est pas si simple : ses puces n’y sont plus les bienvenues, Pékin déconseille aux entreprises de les utiliser, craignant pour sa sécurité.
La mise au pilori de Nvidia est donc une opportunité pour les acteurs chinois comme Cambricon. La hausse spectaculaire des chiffres montre que la Big Tech chinoise cherche en tout cas des alternatives aux pièces américaines, vu l’incertitude qui règne autour de la possibilité d’en avoir. Pékin aussi soutient le secteur.
Mais remplacer Nvidia ne sera pas une mince affaire. D’un côté, les puces chinoises sont encore beaucoup moins avancées que celles de Nvidia, et d’un autre côté, certains équipements très poussés pour fabriquer les puces dernier cri, comme les machines d’ASML, sont soumis à des restrictions d’exportations vers la Chine. Une situation qui pourrait précisément contraindre la Chine à innover.