Ça y est, nous sommes dans une bulle !

Sam Altman, CEO d’Open AI

Les signes s’accumulent pour indiquer que tout ce qui touche à l’IA n’est pour l’instant que du vent. Soit cela va rapidement changer, soit cela va retomber.

Les transactions liées à l’IA conclues ces derniers mois sont tout simplement incroyables et confirment une fois de plus – outre les valorisations exubérantes et les résultats décevants – que l’IA, dans sa forme actuelle, est une bulle spéculative. Par extension, elle touche également une partie des marchés boursiers. La question est de savoir combien de temps cette bulle peut encore durer, et si elle va se dégonfler ou éclater.

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Déraillement

Prenons l’accord entre Nvidia et OpenAI, la société mère de ChatGPT. Nvidia construit une capacité de centre de données de 10 gigawatts pour OpenAI. Un GW de puissance de calcul coûte 10 milliards de dollars, ce qui porte la valeur totale de ce projet à 100 milliards de dollars. Curieusement, la deuxième partie de l’accord prévoit que Nvidia investira 100 milliards de dollars dans OpenAI au cours des prochaines années. Pourquoi ? Parce qu’OpenAI n’est actuellement pas en mesure de mettre 100 milliards sur la table pour 10 GW de puissance de calcul. Au cours du premier semestre, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 4,3 milliards de dollars et subi une perte opérationnelle de près de 8 milliards.

En tant que fournisseur, investir de l’argent dans l’un de vos clients afin qu’il continue à acheter vos produits tout en espérant que ce client réalise suffisamment de bénéfices avec vos produits pour que votre investissement dans votre client soit rentable… De tels raisonnements et investissements circulaires complexes montrent que la hype autour de l’IA est en train de dérailler.

Des accords incestueux

À cela s’est ajouté la semaine dernière l’accord entre OpenAI et AMD. Encore un raisonnement monstrueux. OpenAI, une fois de plus, accepte d’acheter pour des dizaines de milliards de semi-conducteurs à AMD. Dans la deuxième partie du même accord, OpenAI obtient des warrants qui lui permettent d’acquérir potentiellement 10% des actions d’AMD. Et ainsi de suite : hier, OpenAI jetait son dévolu sur Broadcom, faisant de cette dernière la 7e valorisation au monde.

L’inimitable chroniqueur de Bloomberg, Matt Levine, a imaginé comment cette conversation entre les deux parties avait dû se dérouler. Ce petit scénario imaginaire est trop bon pour ne pas être partagé ci-dessous.

OpenAI : Nous aimerions acheter 6 GW de vos puces pour entraîner nos modèles d’IA.

AMD : Super. Cela coûtera 78 milliards de dollars. Comment comptez-vous payer ?

OpenAI : Eh bien, notre idée était plutôt d’annoncer l’accord, ce qui ajouterait 78 milliards de dollars à votre valeur boursière, et que ce serait tout.

AMD :…

OpenAI :…

AMD : Je suis presque sûr qu’il faut payer pour les puces.

OpenAI : Pourquoi ?

AMD : Je ne sais pas, cela semble tout simplement incorrect de ne pas le faire.

OpenAI : D’accord. Nous vous donnerons de l’argent pour les semi-conducteurs, en échange, vous nous donnerez une partie de votre capital. Lorsque nous annoncerons l’accord, le cours de l’action augmentera et nous aurons récupéré nos 78 milliards.

(Source : Matt Levine – Bloomberg Money Stuff)

Cela ne rapporte rien

Lorsque des transactions incestueuses aussi difficiles à expliquer font bouger les marchés boursiers, nous atteignons le summum de l’irrationalité. Surtout si l’on regarde qui fait bouger ces cours. OpenAI est un pivot dans tout cet écosystème. L’entreprise est désormais liée à presque toutes les grandes entreprises technologiques par le biais de toutes sortes de constructions, son patron lui-même déclare dans les médias que l’IA est une bulle spéculative, et pourtant, chaque titre de journal concernant l’entreprise fait grimper les cours boursiers.

Et ce, alors qu’elle n’a en fait encore affiché aucun résultat financier digne de ce nom. Selon les estimations, le chiffre d’affaires d’OpenAI s’élèvera cette année à environ 13 milliards de dollars. Il n’est pas encore question de bénéfices ou de flux de trésorerie positifs. Mais elle est évaluée à 500 milliards de dollars, ce qui donne un ratio cours/chiffre d’affaires d’un peu moins de 40.

De plus, les grandes entreprises technologiques investissent également massivement dans la puissance de calcul de l’IA, de plus en plus souvent avec des montages financiers et de dettes qu’elles ne font pas apparaître dans leurs bilans, ce qui est toujours un mauvais signe. Mais elles ne font pas vraiment de bénéfices avec cela. S’il y a une entreprise dont on pourrait s’attendre à ce qu’elle vende de l’IA, c’est bien Microsoft. La dernière fois que Microsoft a explicitement mentionné son chiffre d’affaires lié à l’IA, le groupe parlait de 13 milliards de dollars par an. Pour donner une idée du rapport, le chiffre d’affaires total du géant technologique s’élevait l’année dernière à 245 milliards de dollars.

Et puis il y a les rapports du MIT et de McKinsey qui affirment que les entreprises qui utilisent l’IA n’en tirent jusqu’à présent pratiquement aucune valeur ajoutée. Est-ce dû aux entreprises et aux personnes qui utilisent mal l’IA, aux produits d’IA qui ne sont pas encore à la hauteur, ou à un mélange des deux ? Mais la hype ne rapport pas assez pour justifier les accords complexes et coûteux et les valorisations élevées. Soit l’IA commence à produire des résultats de toute urgence, soit la bulle éclate.

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