Bourse : vers le grand retour de Rivian ?
Le constructeur de véhicules électriques (VE) Rivian a annoncé le feu vert du gouvernement américain pour un prêt de 6,6 milliards de dollars ce lundi. Des conditions doivent encore être remplies avant la signature, mais cet argent lui permettrait de (re)lancer son projet de nouvelle usine et d’augmenter ses ventes.
Rivian était une coqueluche de la bourse. Son introduction en bourse avait été la plus gigantesque de la folle année 2021. Mais après, avec la tempête de 2022, les choses se sont vite inversées. Rivian a perdu plus de 90% de sa valeur, tout comme d’autres constructeurs, menant des observateurs à penser que la hype autour des véhicules électriques à cette période était bel et bien une bulle.
Rivian était en effet encore loin d’annoncer des résultats mirobolants. La jeune entreprise ne faisait que débuter et a vendu une petite dizaine de milliers de véhicules en 2022 (13.700). Puis la hausse des taux d’intérêt est également passée par là : les jeunes entreprises, parfois encore en quête de rentabilité (comme Rivian), y sont particulièrement vulnérables. Et alors que la bourse a remonté la pente en 2023 et 2024, Rivian n’a pas pu suivre cette tendance. Le cours est toujours 91% en deçà de son sommet. Le contexte reste difficile pour les constructeurs de VE.
Mais faut-il maintenant s’attendre à un grand retour de Rivian ; ou plutôt, à un véritable départ ? Le constructeur a annoncé avoir reçu le feu vert – sous conditions – pour un prêt de 6,6 milliards de dollars auprès du ministère américain de l’Énergie. De l’argent qu’il veut injecter dans la construction d’une nouvelle usine (dans l’État de Géorgie). La nouvelle a été applaudie en bourse : l’action a grimpé plus de 13% ce lundi.
Nouveaux modèles
L’usine devrait être opérationnelle en 2028, si les choses se déroulent comme prévu. Rivian compte sur cette usine pour lancer la production des deux nouveaux modèles. Le R2 est un SUV et le R3 un mélange entre un SUV et une berline. Les deux doivent surtout être plus abordables que son modèle actuel, le R1. De quoi booster les ventes dans un contexte de ralentissement de la demande pour les véhicules électriques. L’usine devrait à terme permettre de produire 400.000 véhicules par an.
“Ce prêt permettrait à Rivian d’étendre de manière plus agressive sa présence aux États-Unis pour la fabrication de ses véhicules à prix compétitif, le R2 et le R3, qui mettent l’accent à la fois sur la capacité et l’accessibilité”, note le CEO RJ Scaringe dans un communiqué.
Mais au-delà des perspectives de croissance des ventes, l’annonce de la volonté de construire l’usine est un signe positif à un autre niveau encore. C’est que le projet avait été mis sur pause, plus tôt cette année. Rivian disait avoir besoin de liquidités, dans un contexte de soucis d’approvisionnement de parts qui impactent la production, et donc les ventes :
- En 2023, Rivian a d’ailleurs vendu 47.000 véhicules et 46.000 de janvier à septembre 2024.
- Ce qui laisse supposer une hausse moins importante, de 2023 à 2024, qu’entre 2022 et 2023.
- Au troisième trimestre, l’entreprise a enregistré sa première baisse de chiffre d’affaires depuis son entrée en bourse.
- Mais elle espère toujours enregistrer son premier bénéfice lors du trimestre en cours.
Ce prêt devrait donc résoudre ces problèmes de liquidités, vu que le projet d’usine est de nouveau sur les rails. Surtout que Volkswagen a également annoncé un investissement de près de 6 milliards de dollars dans une coentreprise avec Rivian, il y a deux semaines.
L’autre raison pour la mise au frigo du plan était de lancer la production du R2 plus rapidement. Celle-ci débutera en effet en 2026 dans l’usine située dans l’Illinois. Mais il s’agit de l’usine où sont produits les R1 aujourd’hui. Leur fabrication pourrait donc être impactée.
Prêt… et politique
Le feu vert a – préalablement – été donné… mais le prêt n’est pas encore signé. Le constructeur doit d’abord remplir des conditions techniques, légales, financières et environnementales. Le prêt vient aussi à une autre condition : Rivian ne pourra pas s’opposer à la constitution de syndicats sur le site de la nouvelle usine. C’est ce que glisse une source à Reuters, précisant que cela ne garantit pas de facto que les travailleurs peuvent se syndiquer.
Ces conditions pourraient en réalité être remplies très rapidement. Le ministère et Rivian vont travailler ensemble pour clôturer le dossier avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, indique la source. Une course contre-la-montre, car le nouveau président pourrait annuler de nombreuses mesures prises par Biden en faveur des véhicules électriques.
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