Que valent ces 6 constructeurs automobiles chinois à la conquête de l’Europe ?

He Xiaopeng, cofondateur de Xpeng, aussi appelé le Elon Musk chinois. © Matthias Balk/picture alliance via Getty Images
Sebastien Marien Stagiair Data News 

Avec leurs voitures électriques abordables et bien équipées, les constructeurs automobiles de l’empire du Milieu donnent du fil à retordre à Volkswagen, Stellantis et leurs pairs. Gros plan sur six de ces acteurs, autant de grands groupes que de plus petites entreprises. Que valent-ils en bourse et quelles sont les perspectives pour les investisseurs ?

BYD

Build Your Dreams (BYD) est le plus important fabricant de voitures électriques au monde. En incluant les véhicules hybrides, BYD vend 2,5 fois plus de voitures Tesla, en perte de vitesse.

L’intégration verticale reste le pilier du modèle économique de BYD, qui fournit à la fois voitures, pièces et batteries et développe les composants électroniques utilisés dans ses véhicules. Sur le continent européen, BYD n’occupe que la troisième place parmi les marques chinoises, avec une part de marché de 1,03%, soit 70.500 immatriculations de voitures neuves. Le constructeur devrait toutefois grimper rapidement dans le classement. BYD profite du taux le plus bas (17%) pour les droits de douane applicables aux véhicules électriques chinois, puisqu’elle dispose d’une ligne d’assemblage en Hongrie et souhaite construire une deuxième usine en Europe, en fonction de l’évolution des ventes.

L’accent mis sur le Vieux Continent vise à compenser le ralentissement en Chine, où la concurrence féroce entraîne une véritable guerre des prix. L’action BYD a perdu près de 20% depuis fin mai, mais affiche toujours une avancée d’environ 20% depuis début janvier. Après un cru 2025 difficile, les prévisions de bénéfices s’annoncent meilleures pour les années à venir. Le titre est donc digne d’achat.

Chery Automobile – la Range Rover chinoise

Chez Chery Automobile, la première voiture est sortie de la chaîne de production en 1999, construite sur le châssis d’une SEAT. 50.000 véhicules Chery Fengyu ont été vendus, mais uniquement dans la province chinoise d’Anhui. Il a fallu attendre 2003 pour que Chery obtienne l’autorisation de vendre en dehors de sa province d’origine. Aujourd’hui, Chery est numéro quatre en Chine, avec 2,6 millions de voitures vendues en 2024.

Chery a souvent utilisé des technologies sous licence, mais dans d’autres cas, la marque a acquis des connaissances grâce à la rétro-ingénierie, en reprenant les techniques des marques occidentales. L’entreprise a fait l’objet de poursuites judiciaires de la part de General Motors et Volkswagen, entre autres, qui ont chaque fois abouti à un règlement à l’amiable. En 2012, Chery a lancé une coentreprise avec le constructeur automobile européen Jaguar Land Rover afin de construire des véhicules pour le marché chinois. Chery détient la moitié des parts. En 2014, le Range Rover Evoque a été le premier modèle construit par la nouvelle coentreprise.

Chery construit des voitures électriques depuis 2009 et a annoncé il y a deux ans son intention de lancer deux marques de véhicules électriques destinées exclusivement aux marchés d’exportation : Omoda et Jaecoo. Ces deux marques sont également présentes en Belgique depuis l’année dernière. Les voitures Jaecoo se distinguent par leur design très similaire à celui des modèles Land Rover, la marque avec laquelle Chery travaille en étroite collaboration. À l’instar de la plupart de leurs concurrents chinois, Omoda et Jaecoo proposent des équipements de qualité à un prix abordable par rapport aux marques européennes.

Les voitures sont construites dans une ancienne usine Nissan que Chery a rachetée à Barcelone. L’entreprise souhaite vendre 1,4 million de voitures par an hors de Chine d’ici 2030. Chery a encore un long chemin à parcourir pour atteindre cet objectif, car en Europe, un marché important pour les véhicules électriques, 31.727 voitures Omoda et Jaecoo ont été immatriculées au cours du premier semestre de cette année. C’est moins de la moitié des 70.500 voitures vendues par BYD.

Depuis septembre, Chery est cotée à la bourse de Hong Kong. L’entreprise a ainsi levé environ 1 milliard d’euros. L’État chinois est le principal actionnaire avec une participation de 36,34%. Selon les analystes, le bénéfice par action (BPA) de Chery s’élèvera à 2,81 yuans en 2025. En 2027, le BPA devrait atteindre 4,71 yuans. Pour ceux qui croient au potentiel des marques Chery, l’action semble bon marché avec un ratio cours/bénéfice de 10,25.

Le Jaecoo 7. Image : Sjoerd van der Wal/Getty Images.

SAIC Motor Corp

Fondée en 1955, Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC) est la plus grande des quatre entreprises automobiles publiques chinoises. L’acquisition de son concurrent chinois Nanjing Automobil, qui possédait la marque britannique MG Motor, a ouvert les portes de l’Europe au groupe. Aujourd’hui, MG veille à respecter un bon rapport qualité-prix et à rester fidèle aux racines sportives de la marque fondée à Oxford.

Il y a deux ans, SAIC a annoncé qu’elle partagerait sa plateforme pour véhicules électriques avec l’allemand Audi. Un tel partenariat ne suffit toutefois pas pour échapper aux droits d’importation européens sur les voitures chinoises, en vigueur depuis 2024. La société d’État chinoise s’est vu imposer le taux le plus élevé de toutes les marques chinoises, à savoir 37,6%, pour non-coopération à l’enquête anti-subventions menée par Bruxelles.

Parmi les constructeurs chinois, SAIC détient la deuxième plus grande part de marché (2,37%) en Europe, avec 162.153 immatriculations. Le bénéfice par action est en chute libre depuis plusieurs années, mais SAIC escompte un redressement à partir de 2025. Les analystes sont confiants.

Xpeng : la Tesla Chinoise

Parmi les constructeurs automobiles chinois, Xpeng est celui qui répond le plus directement à Tesla. Tout comme l’entreprise d’Elon Musk, Xpeng met l’accent sur la technologie, la recherche et le développement, les logiciels intelligents et un intérieur sobre mais spacieux. Xpilot est la réponse de Xpeng à la technologie semi-autonome Autopilot de Tesla. Par ailleurs, le Xpeng G6, un SUV de taille moyenne, est commercialisé comme concurrent du Tesla Model Y.

Xpeng est un jeune acteur du marché automobile chinois, puisque l’entreprise n’a vu le jour qu’en 2018. Elle tire son nom de l’un de ses fondateurs et investisseurs de premier plan, He Xiaopeng. Ce dernier occupait auparavant un poste de direction chez Alibaba avant de devenir président du conseil d’administration de Xpeng. Aujourd’hui, il est le principal actionnaire avec une participation de 18,7%. Alibaba est l’un des principaux investisseurs de Xpeng, aux côtés des fonds d’investissement d’Abu Dhabi et du Qatar et de Volkswagen.

Depuis 2023, le constructeur automobile allemand détient 4,99% des actions de Xpeng et les deux entreprises ont mis en place une coopération étroite. Elles développent ensemble une plateforme pour les voitures électriques — une base technologique pour différents modèles de voitures — et Xpeng développe également des logiciels pour Volkswagen. Depuis août, cette coopération s’est encore élargie, car Xpeng et Volkswagen s’associent désormais également dans le domaine des technologies pour les voitures hybrides et les voitures à moteur à combustion.

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Malgré ce lien avec la marque allemande, le lien avec Tesla reste évident. He Xiaopeng déclare, dans le plus pur style Elon Musk, que Xpeng a l’ambition d’être plus qu’un simple constructeur automobile. Depuis des années, l’entreprise développe des prototypes de voitures volantes. Xpeng est parfois critiqué par ses actionnaires, qui considèrent ces efforts comme une distraction. Cependant, Xpeng affirme avoir l’intention de lancer la production en série de sa première voiture volante en 2026. Et la ressemblance avec Tesla ne serait pas complète sans Iron, le robot humanoïde de Xpeng, qui rappelle fortement Tesla Optimus.

Xpeng est présent en Europe depuis 2021 et s’est d’abord implanté en Norvège, qui n’est pas par hasard le pays ayant la plus grande part de marché des véhicules électriques au monde. Dans notre pays, les voitures Xpeng ne sont en vente que depuis l’année dernière. La part de marché de Xpeng reste pour l’instant modeste, avec seulement 8.338 immatriculations au premier semestre 2025.

Sur le plan financier, Xpeng a traversé une période difficile en raison de ses dépenses élevées en recherche et développement, mais des nouvelles positives semblent se profiler à l’horizon. Xpeng souhaite réaliser ses premiers bénéfices d’ici la fin de l’année. Au deuxième trimestre, les pertes ont déjà été fortement réduites à 480 millions de yuans (60 millions d’euros), contre 1,28 milliard de yuans (155 millions d’euros) à la même période l’année dernière.

Les analystes de Bloomberg sont plus prudents et prévoient une perte par action de 0,68 yuan cette année. Selon eux, le premier bénéfice de 1,51 yuan par action suivra en 2026. En 2027, le bénéfice devrait presque doubler pour atteindre 2,96 yuans par action. Ce positivisme se reflète également dans les recommandations, puisque 38 des 42 analystes qui suivent l’action émettent une recommandation d’achat positive.

Xpeng G6. Image : Alexander Bogatyrev/SOPA Images/LightRocket via Getty Images.

Geely Automobile Holdings

Souvent qualifié de “Volkswagen chinois”, Geely possède de nombreuses marques automobiles, dont Volvo et Polestar (sous-marque du premier, axée sur la technologie et l’aspect sportif) mais aussi Lynk & Co et Zeekr. L’Europe constitue un marché de croissance important pour ces marques, déjà bien établies en Chine. Après avoir racheté Volvo à Ford en 2008, Geely lui a insufflé une nouvelle vie, lui conférant une grande autonomie de gestion en étroite collaboration avec les autres marques du groupe.

Geely se profile comme le champion de la pollinisation croisée. En 2017, le groupe a acquis une participation majoritaire dans la marque de voitures de sport Lotus et, en 2018, elle a lancé une joint-venture autour de Smart avec le groupe Mercedes-Benz. La direction mène une stratégie d’expansion qui s’appuie sur son vaste portefeuille de marques. Les analystes saluent les perspectives du constructeur. L’action est relativement bon marché, avec un ratio cours/bénéfice attendu de 11 pour 2025. Elle peut donc être achetée.

Leapmotor : une action remarquablement bon marché

La société chinoise Leapmotor a été fondée par un groupe d’investisseurs en collaboration avec l’entreprise technologique Dahua Technology, qui fabrique des caméras de sécurité. L’entreprise a été créée en 2015. Leapmotor est un constructeur automobile chinois typique qui propose des voitures généreusement équipées à des prix relativement bas. Les voitures de Leapmotor sont spacieuses et ont un design plutôt prudent, afin de séduire un public aussi large que possible. Leapmotor souhaite vendre 50.000 à 60.000 voitures hors de Chine cette année. Selon des chiffres récents, elle a déjà atteint 16.485 immatriculations rien qu’en Europe.

Les voitures de Leapmotor sont les plus occidentales parmi les voitures chinoises qui ont envahi notre marché ces dernières années. Cela s’explique par le fait que Leapmotor distribue ses voitures en dehors de la Chine via une joint-venture avec le groupe automobile Stellantis. Depuis l’année dernière, Stellantis détient 51% des actions de Leapmotor International et possède également une participation de 20% dans l’entreprise chinoise, ce qui représente un investissement d’environ 1,5 milliard d’euros.

Cependant, cette structure de coentreprise n’a pas suffi à éviter les droits d’importation européens sur les voitures électriques chinoises, car Leapmotor continue de construire ses véhicules en Chine. Leapmotor International avait donc l’ambition de produire le nouveau SUV B10 en Pologne, mais le gouvernement chinois s’y est opposé, car la Pologne fait partie du groupe de pays qui ont soutenu les droits d’importation. La production débutera donc l’année prochaine en Espagne, un pays farouchement opposé à cette taxe.

Leapmotor International n’est pas cotée en bourse, mais les investisseurs peuvent investir dans la société mère chinoise. Contrairement à Xpeng, les analystes s’attendent à ce que Leapmotor parvienne à être rentable cette année. L’année dernière, la société a enregistré une perte par action de 2,11 yuans, mais cette année, le BPA devrait s’élever à 0,59 yuan. Le bénéfice devrait passer à 2,88 yuans par action en 2026 et à 4,86 yuans en 2027. L’action est remarquablement bon marché, avec un ratio cours/bénéfice prévu de 6,32 en 2025. Il n’est donc pas surprenant que 32 des 33 analystes émettent un avis d’achat positif sur Leapmotor.

Leapmotor. VCG/VCG via Getty Images.

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