Nombreuses sont, surtout aux États-Unis, les chaînes de restaurants cotées en Bourse. Leur business model conjugue croissance à périmètre organique et nouvelles ouvertures. Voici nos favoris du secteur.
Les points de vente sont exploités par l’entreprise propriétaire elle-même, ou par des franchisés – une formule particulièrement intéressante quand on ne connaît pas le marché local, par exemple lors de phases d’extension à l’international. La construction exige également moins de capitaux, puisque les franchisés mettent la main au portefeuille. Restaurant Brands International, le premier de nos favoris, y a abondamment recours.
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Favori 1 : Restaurant Brands International
Coté à la fois aux États-Unis et au Canada, Restaurant Brands (ticker : QSR) semble être un choix relativement sûr pour l’investisseur. Sa double cotation s’explique par des raisons historiques. Restaurant Brands est née en 2014 de la fusion de la chaîne américaine Burger King et de la chaîne canadienne de cafés et restaurants Tim Hortons. Sont venues s’y greffer, en 2017, Popeye’s Lousiana Kitchen (spécialisée dans le poulet frit) et, en 2021, la sandwicherie Firehouse Subs. Ces chaînes ont en commun la rapidité de leur service (on les appelle des quick service restaurants, d’où leur ticker QSR).
La marque Restaurant Brands compte 32.000 établissements au bas mot, répartis dans plus de 120 pays à travers le monde. Nonante-neuf pour cent d’entre eux sont franchisés. Elle a clos l’exercice 2024 sur un chiffre d’affaires de 44,5 milliards de dollars, en hausse de 5,4% en glissement annuel. Comme les franchisés lui paient des redevances, le holding a, lui, engrangé pour 8,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires. À l’exception du plongeon effectué en 2020, en pleine pandémie, le chiffre d’affaires augmente systématiquement depuis 2014. Le bénéfice d’exploitation tourne depuis quelques années autour de 25%, ce qui est excellent. D’après le plan quinquennal présenté en février 2024, le nombre d’établissements devrait passer à 40.000 dès la fin de 2028, soit une augmentation de 25% en quatre ans. Quant au chiffre d’affaires, il devrait atteindre 60 milliards de dollars, en hausse de 8% par an.
Le bénéfice ajusté par action s’est élevé à 3,34 dollars en 2024 ; escompter, pour 2025 et au-delà, une progression de 8%, semble réaliste. À cela s’ajoute un dividende à la croissance structurelle (2,24 dollars par an à l’heure actuelle), générateur d’un rendement de 3,3%. Si le bénéfice par action s’établit à 3,60 dollars cette année, le ratio cours/bénéfice sera de 19. Ce qui, compte tenu du potentiel de croissance à long terme et de l’importance du rendement en dividende, est tout sauf onéreux.
Favori 2 : Texas Roadhouse
Les amateurs de holdings dont le chiffre d’affaires, les bénéfices et les dividendes progressent rapidement apprécieront Texas Roadhouse (TXRH), chaîne spécialisée dans les steaks qui comptait fin 2024 784 restaurants. L’enseigne Jaggers (restauration rapide et décontractée) en recensait 14, dont, depuis l’an dernier, un situé en Corée du Sud. Créée en 2014, Jaggers présente un format assez similaire à celui de McDonald’s. Bubba’s 33 s’articule autour de 49 établissements de type service complet et décontracté, aux prix tout à fait dans la moyenne. La part de Jaggers (1,8%) et de Bubba’s 33 (6,3%) est toutefois presque éclipsée par les 721 sites Texas Roadhouse. Pour sa taille, la chaîne possède un nombre remarquablement élevé de restaurants en gestion propre (666 sur 784, soit 85%).
Stratégiquement, Texas Roadhouse opère une nette distinction entre ses marchés intérieur et étrangers. Aux États-Unis, le holding privilégie une gestion interne, qui lui permet de mieux contrôler ses marges et sa cohérence opérationnelle – il a d’ailleurs racheté 13 de ses points de vente franchisés en janvier encore. Vue sous un angle international en revanche, la franchise est considérée comme le meilleur moyen de s’étendre : la connaissance qu’ont les partenaires locaux de leur marché, de ses lois et de ses réglementations ainsi que de l’organisation du financement est, là, qualifiée de valeur ajoutée. En confiant l’exploitation à des franchisés, Texas Roadhouse limite de surcroît son exposition (directe) à des marchés qu’il connaît mal.
Jaggers entend croître rapidement là où des opportunités se présentent, que ce soit en interne ou par le biais du système de franchise. Comme l’enseigne n’a pas encore d’influence significative sur le chiffre d’affaires et les bénéfices du holding, la stratégie semble judicieuse. Si sa croissance est conforme aux prévisions, Jaggers pourrait devenir un nom avec lequel il faudra compter ; dans le cas contraire, la direction sera bien avisée de consacrer son attention et ses ressources à autre chose.
Le chiffre d’affaires de Texas Roadhouse a grimpé de 1,6 milliard de dollars en 2014 à 5,4 milliards de dollars en 2024. Le bénéfice par action a de son côté été multiplié par cinq, à 6,48 dollars. Avec un ratio cours/bénéfice de 27 escompté pour 2025, Texas Roadhouse est, au regard de la croissance de son chiffre d’affaires, raisonnablement valorisé. Son dividende progresse en outre rapidement (+21,2% en moyenne ces cinq dernières années). Il était tombé de 1,20 dollar à 0,36 dollar par action en 2020 ; il s’est ensuite résolument redressé, puisque sa dernière augmentation a atteint 11,5%, à 0,68 dollar par trimestre. Une croissance de plus de 10% par an ces prochaines années n’aurait rien d’impossible. À valorisation inchangée, un retour sur investissement de 11,5% par an (rendement en dividende, de 1,4% actuellement, inclus) est envisageable.
Favori 3 : Papa John’s Pizza
Avec plus de 6.000 restaurants répartis dans 51 pays, Papa John’s Pizza (PZZA) est une des plus grandes chaînes de pizzérias au monde. Elle est majoritairement présente en Amérique du Nord (3.514 points de vente, soit 59% de l’ensemble). Fin 2024, 552 restaurants, presque tous situés dans cette région, étaient gérés par le groupe même.
Papa John’s Pizza sort d’une période difficile. Ses ventes ont stagné pendant tout un temps et le chiffre d’affaires de 2024 (2,1 milliards de dollars) accusait même un léger recul (-3,6%). La marge nette et le bénéfice par action sont respectivement passés de 5,9% et 3,44 en 2021 à 4,2% et 2,65 l’an dernier. Son action en a bien sûr souffert : alors qu’il dépassait 130 dollars au début de 2022, son cours vaut moins d’un tiers de cette somme aujourd’hui. Est-ce pour cette raison que Rob Lynch a quitté son poste de CEO en avril 2024, pour être remplacé, en août, par Todd Penegor, qui dirigeait précédemment la chaîne de restaurants de burgers Wendy’s.
Aujourd’hui, la stratégie consiste à simplifier le menu et à se concentrer sur la qualité. Papa John’s s’attelle en outre à faire progresser son programme de fidélité, pour multiplier ses revenus récurrents. L’informatisation et l’intégration de l’intelligence artificielle devraient lui permettre de personnaliser davantage les contacts avec ses clients. Enfin, l’optimisation des itinéraires de livraison des commandes à domicile et de la gestion des stocks devraient jouer en faveur de l’efficacité. Le groupe cherche également à accélérer la croissance de ses volumes au sein de ses marchés internationaux, ainsi qu’à pénétrer le gigantesque marché indien.
Début mai, la direction a fait état de trimestriels supérieurs aux prévisions : ce jour-là, le titre a bondi de 15,8%. Les recettes par restaurant ont été légèrement plus élevées qu’escompté et le chiffre d’affaires total a gagné 1% en glissement annuel. La chaîne a par ailleurs ouvert 47 nouveaux points de vente. Elle table pour l’exercice en cours sur une croissance de son chiffre d’affaires comprise entre 2% et 5%, assortie d’un cash-flow d’exploitation de 200 à 220 millions de dollars. En raison de dépréciations (70-75 millions de dollars), son bénéfice par action sera inférieur à celui de 2024.
Si le bénéfice par action atteint 1,80 dollar, le ratio cours/bénéfice tournera autour de 23 – une valorisation certes élevée, qui pourrait toutefois devenir plus raisonnable si les projets se concrétisent. Dans l’intervalle, l’investisseur peut compter sur un rendement en dividende de 4,5%. Depuis que l’entreprise en distribue (2013), les dividendes n’ont pas toujours augmenté, mais ils n’ont jamais diminué. Dans l’immédiat, le maintien du dividende à 0,46 dollar par trimestre semble plausible ; si la croissance s’accélère, ce chiffre devrait grimper. L’action Papa John’s Pizza est un peu plus risquée que les deux autres, mais son rendement peut aussi s’envoler beaucoup plus rapidement.