Bourse : Richemont explose, mais le luxe garde-t-il une épine dans le pied ?
Une hausse des ventes de 10%, explosant les estimations : les résultats de Richemont, annoncés ce jeudi, font décoller l’action. Elle gagne 15%. Mais certains analystes restent pessimistes quant aux perspectives pour le secteur du luxe. À moins qu’un élément en particulier ne s’améliore.
Ce jeudi matin, le groupe Richemont a annoncé ses résultats trimestriels. Les ventes de la maison mère de Cartier, Piaget, IWC et Jaeger-LeCoultre sont en hausse de 10% par rapport au même trimestre de 2023, pour atteindre 6,2 milliards d’euros. Soit un record absolu pour un trimestre. Les chiffres pulvérisent les estimations, qui tablaient sur une hausse de 1% en moyenne.
Le marché accueille néanmoins les résultats comme une très bonne nouvelle, passant outre une baisse de 18% des ventes en Chine. L’action, cotée en Suisse, est en hausse de près de 15% ce jeudi, à l’heure d’écrire ces lignes.
Les résultats sont vus comme un signe encourageant pour les ventes sur la période de fêtes de fin d’année. Ils tirent d’ailleurs le secteur vers le haut : LVMH gagne 8% (et annoncera ses résultats le 28 janvier), tout comme Swatch, Kering plus de 7,5% et Hermes 5% (les résultats des deux suivent en février). Cela, surtout après une longue période de disette en bourse pour le secteur du luxe. Ses cours sont en chute depuis des mois.
Lire aussi | Le luxe enfin abordable
Consommateurs chinois
Est-ce donc la fin de la tempête, pour le luxe ? Pas vraiment, met en garde Hannah Gooch-Peters, de Sanlam Investments, s’exprimant ce mardi au micro de CNCB. Elle y voit notamment un inconvénient, rébarbatif : la baisse des achats par les consommateurs chinois.
“Beaucoup de ces entreprises européennes tiraient leur croissance des consommateurs chinois et lorsque nous avons commencé à voir des erreurs d’exécution, c’était presque la tempête parfaite pour L’Oréal et LVMH”, explique-t-elle. La chute serait donc logique, car avant ces signes de faiblesse, les entreprises culminaient à des “valorisations exceptionnellement élevées pour la croissance qu’elles avaient à offrir.”
Dans les derniers résultats de LVMH par exemple, les ventes étaient en baisse de 3%. En Asie hors-Japon, elles avaient même chuté de 16%. La société notait alors la confiance des consommateurs chinois était retombée aussi bas que durant la pandémie.
Gooch-Peters évite donc aujourd’hui d’acheter des actions du secteur du luxe. Mais elle indique ce qui doit s’améliorer pour qu’elle y investisse de nouveau : “Ce que nous voulons voir, c’est un peu plus de confiance dans l’amélioration de la situation du consommateur chinois. Nous aurions besoin d’une plus grande marge de sécurité pour pouvoir nous engager dans cette partie du marché.”
L’analyste s’exprimait avant le rebond spectaculaire de Richemont (et consorts) de ce jeudi. La chute de 18% des ventes en Chine pourrait donner de l’eau à son moulin… mais vu ce rebond, tous les investisseurs ne sont pas d’accord avec son avis. Reste à voir comment se débrouilleront les autres entreprises.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici