Bourse : quelles sont les nouvelles classes d’actifs qui ont la cote ?
En bourse et sur les marchés financiers, il n’y a pas que les actions qui se négocient. Deux classes d’actifs sont même très en vogue : les ETF (exchange traded funds, ou fonds négociés en bourse) et les cryptomonnaies. Tour d’horizon.
Si les actions restent les reines du marché, d’autres actifs ont également la cote. C’est notamment le cas des ETF qui s’imposent lentement mais sûrement dans le paysage et dans les portefeuilles.
Mais de quoi s’agit-il ? “Les ETF sont un panier diversifié, accessibles à bas coût, qui permettent d’investir de façon simple dans tout un marché ou tout un secteur”, définit Sebastian Aguilar, éducateur financier et fondateur de la communauté FIRE en Belgique.
C’est, pour faire simple, un fonds qui regroupe une série d’actions ou d’obligations (ou d’autres actifs), et ses parts se négocient en bourse, comme les actions d’une entreprise. L’idée est ainsi de reproduire un indice boursier : un ETF qui suit le S&P 500 par exemple comportera des actions des entreprises cotées sur cet indice américain. Ou un secteur en particulier, ou un marché obligataire.
Actif attrayant
Ces fonds négociés en bourse sont donc en train de conquérir les coeurs des investisseurs. Surtout des jeunes, des femmes et des personnes qui commencent à investir à en croire de nombreuses études, comme celle de BlackRock parue en octobre ou celle de la FSMA parue en janvier.
Et pourquoi cette classe d’actif est-elle si attrayante ? Selon Jérôme Folcque, du gestionnaire d’actifs BlackRock, il y a principalement quatre raisons. La première est l’accès aisé à une grande diversification. Avec une part qui coûte de quelques euros à une centaine d’euros, on “possède” des centaines ou des milliers d’actions d’entreprises ou des actifs différents. La deuxième est que les frais de gestion sont très bas comparés à des fonds traditionnels. La troisième est que l’actif est très transparent : la liste des actifs sous-jacents est mise à jour quotidiennement. La quatrième et dernière raison est que l’on a accès à l’entièreté du marché des actifs et à différentes thématiques. Une chose beaucoup moins évidente lorsqu’on achète des actifs à l’unité.
2024 a été une année record pour les ETF. Dans le monde, et sur le marché dans son ensemble, les flux entrants nets (dans les ETP, la grande famille des ETF) ont atteint les 1.800 milliards de dollars. Le dernier record datait de 2021, à environ 1.300 milliards dollars. “Il y a une dynamique d’accélération extrêmement marquée”, analyse Jérôme Folcque. Pour les ETF cotés en Europe, la collecte nette a été de 266 milliards de dollars (le précédent record datait aussi de 2021, à près de 195 milliards). Autre chiffre : auprès de nombreuses plateformes digitales belges, les ETF figurent en tête ou en deuxième position des actifs préférés par les investisseurs. Il y a cinq ans, ils étaient en quatrième ou cinquième position.
Nouvelles tendances
Au sein des ETF, de nouvelles tendances émergent. La première est l’ETF d’obligations maturité fixe. Ils fonctionnent un peu comme le bon d’Etat : lorsque les obligations sous-jacentes arrivent à terme, l’investisseur récupère son capital et les intérêts, nous explique Yoni Jennes de BlackRock : “Les ETF obligataires à maturité permettent de se positionner de manière simple sur les obligations, une classe d’actifs jusqu’ici plutôt réservée aux institutionnels, en donnant aux investisseurs une visibilité sur leurs revenus à l’échéance.” Le géant de la gestion d’actifs a lancé de tels produits il y a un an en Europe, et a récolté sept milliards d’euros déjà.
L’autre tendance est l’ETF à gestion active : contrairement aux ETF indiciels qui répliquent un indice, ceux-ci sont gérés par un expert, qui fixe un objectif et surpondère ou sous-pondère les actifs sous-jacents pour y parvenir. Et tout cela avec les avantages et caractéristiques des ETF.
L’autre tendance qui devrait s’accélérer en Belgique est l’investissement récurrent en ETF. Pour faire simple, c’est un peu comme un ordre permanent : tous les mois, par exemple, on achète automatiquement des parts d’ETF. KBC l’a mis en œuvre en fin d’année sur sa plateforme Bolero, et les autres banques pourraient suivre dans les mois à venir, estime Yoni Jennes.
Comment choisir un ETF ?
Il y a beaucoup d’ETF sur le marché. Comment faut-il choisir si on veut se lancer ? Pour Sebastien Aguilar, “il faut se poser la question ‘de quoi ai-je besoin?’ : est-ce pour le long ou le court terme ? Puis il faut regarder les autres critères : quels frais ? Quelles taxes ? Est-ce un ETF distribuant ou capitalisant ? Tout cela a un impact sur la performance et le rendement.”
Pour Jérôme Folcque, il faut aussi se poser la question du profil de risque : est-on prêt à potentiellement perdre une partie de son investissement, ou préfère-t-on la protection ? “Sur combien de temps investit-on ? Quelles sont nos contraintes et nos limitations? Tout cela détermine notre choix d’instrument.” Il ajoute que la qualité de la réplication de l’indice suivi par l’ETF est d’ailleurs plus importante que les frais de gestion : plus l’ETF se rapproche de l’indice, mieux c’est.
Yoni Jennes analyse ce que font les investisseurs débutants. Ils se tournent avant tout vers les ETF qui répliquent le MSCI World ou le S&P 500. 80% des investissements sur les plateformes digitales belges vont ainsi vers ces deux fonds, en moyenne. Voilà le coeur du portefeuille de nombre d’entre eux. Puis au-delà de ce coeur, les investisseurs se tournent alors vers d’autres thématiques, qui dépendent de leurs objectifs spécifiques.
Cryptomonnaies
L’autre actif très en vogue dans le monde de l’investissement, ce sont les cryptomonnaies. Il s’agit d’actifs numériques, créés comme récompense lorsque des mineurs résolvent des calculs informatiques, sur une blockchain. Il en existe des milliers de différentes, avec des caractéristiques spécifiques, mais la plus connue est le bitcoin.
Erald Ghoos, CEO Europe de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies OKX, fait le point sur le marché. Ce lundi, l’entreprise était la première plateforme d’échange à obtenir la licence européenne MiCA. Elle lui permet d’accéder très facilement à tous les marchés des États membres de l’UE, en étant établi dans un des pays du bloc (dans ce cas, Malte). En Belgique, OKX s’est officiellement lancé fin novembre, avec un produit qui intègre les spécificités locales comme itsme ou Bancontact, pour un accès simple et fluide. Depuis, l’entreprise voit une “hausse significative des utilisateurs.” L’acteur, qui est notamment connu pour être le sponsor de l’équipe de football Manchester City et de l’écurie de Formule 1 McLaren, compte maintenant investir davantage dans la reconnaissance de marque pour attirer encore plus d’investisseurs.
Tendances en 2025
L’attrait des cryptomonnaies a fortement augmenté ces dernières années, surtout en 2024. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025. Erald Ghoos distingue plusieurs catalyseurs pour le marché ; pour l’adoption de l’actif ainsi que son prix.
L’un d’entre eux, en Europe, est la licence MiCA. Ce “cadre régulatoire clair et complet” permettra d’encore plus conscientiser le public et ouvrira des portes vers de nouveaux moteurs de croissance. Elle facilitera l’accès des acteurs du secteur des cryptomonnaies aux banques et autres institutions financières. La Big Tech, jusque-là frileuse quant aux publicités sur la crypto, pourrait aussi donner libre cours aux annonces. “Une fois que cet élan va se mettre en place, il y aura un grand impact sur l’adoption”, prédit le spécialiste.
L’autre élément est Donald Trump. Le nouveau président américain a fait campagne en promettant monts et merveilles au secteur de la cryptomonnaie, dont notamment la constitution d’une réserve stratégique de bitcoins. “Ce serait énorme en termes de conscientisation, de réputation et de confiance dans la classe d’actifs”, analyse Erald Ghoos. Il ajoute qu’une telle mesure pourrait pousser d’autres pays à suivre, pour ne pas rater le coche. Mais même si Trump ne tient pas ses promesses, Erald Ghoos reste optimiste : “l’adoption suivra, mais à une vitesse moins rapide que ce qui est anticipé aujourd’hui. La technologie reste en tout cas, tout comme la proposition de valeur.”
Comment constituer un portefeuille de cryptomonnaies ?
Comment choisit-on des cryptomonnaies ? “Cela va dépendre de votre profil-risque. A quel stade de votre vie êtes-vous ? Êtes-vous jeune et célibataire ? Avez-vous une famille et un prêt à rembourser ? Votre appétit pour le risque ne sera alors pas le même. Le risque, cela veut dire qu’on peut gagner beaucoup mais aussi perdre beaucoup. Je demande toujours aux gens d’évaluer leur appétit du risque de manière critique et sincère”, définit Erald Ghoos.
Lui se décrit comme un adepte de la stratégie coeur-satellite mentionnée plus haut. Son portefeuille est en grande majorité constitué de bitcoin. “Et pour mon divertissement personnel, j’investis dans d’autres cryptomonnaies, par pure spéculation. Si cela augmente, tant mieux. Si cela baisse, tant pis, je ne vais pas ne pas dormir la nuit”, détaille-t-il.
Pour lui le bitcoin est une bonne couverture contre l’inflation. Ce serait aussi un investissement pour le long terme et non le court terme. C’est aussi un actif qui devient de plus en plus stable, notamment grâce à l’adoption par les investisseurs institutionnels. “Les niveaux les plus hauts deviennent moins hauts et les niveaux les plus bas deviennent moins bas, conclut-il.
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