Colruyt souffre en bourse, et le cours pourrait ne pas repartir de l’avant de sitôt. Voici les perspectives.
Lors de l’assemblée générale des actionnaires qui s’est tenue fin septembre, Colruyt a, comme à son habitude, donné des prévisions plus précises pour l’exercice en cours, qui se terminera fin mars 2026. La direction table sur une stabilité du bénéfice d’exploitation comparable et du résultat net par rapport à l’exercice précédent.
Ces prévisions ne tiennent pas compte de l’impact des activités françaises, qui ont récemment été vendues. Colruyt a donc mis fin à ses vaines tentatives de rentabilisation de ses activités françaises. L’année dernière, le groupe a encore subi une perte d’exploitation de 20 millions d’euros en France.
Pas d’enthousiasme en bourse
La perspective d’un bénéfice stable ne suffit pas à enthousiasmer les investisseurs pour l’action. Les prévisions comportent quelques bémols. La direction table ainsi sur une baisse du bénéfice d’exploitation au premier semestre de l’exercice. Il faudra donc un second semestre relativement solide pour maintenir la stabilité du bénéfice sur l’ensemble de l’année. Les investisseurs s’interrogent sur la faisabilité de ces prévisions, car ils n’ont pas oublié que la direction n’avait pas pu tenir sa promesse d’un bénéfice stable au cours de l’exercice précédent. L’année dernière, le bénéfice d’exploitation sous-jacent a finalement baissé de 4,1%.
La poursuite de la baisse de la part de marché est également préoccupante. Malgré des signes encourageants au début de cette année, la part de marché a baissé de 35 points de base, pour s’établir à 28,9%. En 2023, le groupe détenait encore une part de marché de 32%. Colruyt pointe du doigt la concurrence acharnée sur le marché belge, qui incite les acteurs à multiplier les promotions et les remises, que Colruyt doit suivre s’il veut conserver la garantie des prix les plus bas. La part de marché est également sous pression, car la concurrence ouverte ouvre de plus en plus de magasins le dimanche. Colruyt ne peut pas suivre cet exemple, car cela lui coûterait trop cher. Colruyt doit payer des salaires plus élevés le dimanche, car ses magasins relèvent d’une commission paritaire différente de celle des supermarchés indépendants Delhaize, Albert Heijn et Carrefour. Colruyt ouvrira toutefois les 145 magasins Okay le dimanche à partir de 2026. La chaîne de magasins de quartier est toutefois trop petite pour reconquérir tous les clients et faire une grande différence dans le chiffre d’affaires du groupe. « Un jour, nous ouvrirons le dimanche. Dans trois ou cinq ans, cela reste à voir », a déclaré le directeur opérationnel Jo Willemyns lors de l’assemblée générale.
Malgré les conditions de marché difficiles, une dynamique inflationniste favorable devrait permettre d’obtenir un résultat stable. L’année dernière, les prix à la caisse ont augmenté plus lentement que les prix d’achat, ce qui a exercé une pression sur les marges. Cette année, les prix de vente devraient à nouveau suivre plus ou moins le rythme des prix d’achat, ce qui devrait contribuer à stabiliser les bénéfices. Pour l’instant, les actionnaires ne peuvent espérer mieux. Depuis des années, le groupe ne parvient plus à renouer avec la croissance de ses bénéfices. Le bénéfice d’exploitation de 447 millions d’euros réalisé au cours de l’exercice précédent était même inférieur à celui de 488 millions d’euros enregistré au cours de l’exercice 2013-2014.
La politique de diversification menée ces dernières années n’a pas été couronnée de succès. L’accent est à nouveau mis sur l’activité principale, à savoir le commerce de détail et de gros. « Nous voulons continuer à nous développer en tant que détaillant axé sur l’alimentation et la santé. Nous voulons croître en renforçant notre présence dans les villes et sur le marché des entreprises », a déclaré le PDG Stefan Goethaert lors de l’assemblée générale.
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Conclusion
Avec un ratio cours/bénéfice de 12, la valorisation de Colruyt a atteint un niveau historiquement bas pour le groupe. Les investisseurs sont toutefois rebutés par le manque de potentiel de croissance dû à la forte concurrence sur le marché belge. Sans croissance des bénéfices, les chances d’un redressement du cours sont assez faibles. Le conseil reste « conserver ».
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Notation : 2B
Cours : 33,42 euros
Ticker : COLR.BB32
Code ISIN : BE0974256852
Marché : Euronext Bruxelles
Capitalisation boursière : 4,2 milliards d’euros
Ratio C/B en 2024-2025 : 14
Ratio C/B prévu pour 2025-2026 : 12
Perf. cours sur 12 mois : -20%
Perf. cours depuis le début de l’année : -8%
Rendement du dividende : 4,1%