La tendance du “Sell America” s’est accentuée en juillet, notamment sur le front des fonds d’actions. Comment expliquer ce phénomène ?
Avec Donald Trump, ses droits de douane, ses décisions politiques (dont surtout le fait de vouloir virer le président de la Fed Jerome Powell), commerciales, économiques et géopolitiques, et maintenant aussi le possible chipotage aux données statistiques, les actifs américains comme le dollar et les bons du trésor, réputés sûrs, perdent en crédibilité et la confiance des investisseurs baisse. Cela a créé une tendance appelée Sell America, “Vendre les États-Unis”.
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Le reste du monde contre les États-Unis
Et elle n’a pas désempli en juillet, montrent les chiffres. Au contraire ; les fonds d’actions non américaines (par exemple les fonds comprenant des actions européennes, asiatiques, etc., tout sauf Wall Street) ont vu leurs plus gros flux entrants en quatre ans et demi. 13,6 milliards de dollars y ont été placés, selon les chiffres de LSEG ralyés par Reuters.
Les fonds d’actions américaines ont enregistré des retraits de fonds, à hauteur de 6,3 milliards de dollars. C’est moins qu’en juin, lorsque les flux sortants dépassaient les 20 milliards, mais c’est le troisième mois de suite dans le rouge (chiffre similaire à juillet en mai).
Les États-Unis ne vont sans doute pas perdre leur première place dans les portefeuilles des investisseurs de sitôt pour autant. Rien que par la taille du marché, qui représente entre 50 et 60% de la valeur boursière mondiale (et de nombreux investisseurs respectent plus ou moins cette répartition dans leur portefeuille, surtout dans le domaine des fonds d’actions, comme les ETF). Mais ces chiffres montrent une recherche d’une plus grande diversification, qui a notamment profité à l’Europe et aux marchés émergents en juillet.
Performance
D’autres éléments jouent aussi en faveur des marchés autres qu’US. Le dollar par exemple ; avec sa baisse par rapport à de nombreuses autres devises, un actif coté en euros par exemple prend encore plus de valeur lorsqu’il augmente, pour un investisseur américain qui l’a acheté en dollars. S’il a par exemple acheté des parts d’un ETF sur le MSCI Europe pour 100 euros en janvier, il a payé 103 dollars. Ce placement vaut aujourd’hui environ 120 euros… ou 140 dollars.
L’autre attrait des marchés non US est justement cette bonne performance des indices. Le MSCI Europe (indice de près d’environ 400 entreprises européennes) est en hausse de près de 20% sur l’année. Le MSCI Asie Pacifique sans le Japon gagne 14%. Le S&P 500 américain ne gagne “que” 9% (et est au coude à coude avec l’Euro Stoxx 50). Ces deux marchés rallient notamment à cause de taux bas et de perspectives de croissance qui s’améliorent. Les valorisations plus basses qu’aux États-Unis sont également un attrait.