Bourse : Deceuninck souffre d’une sous-évaluation chronique

Matière isolante, image d’illustration. © Getty Images
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

La valse des directeurs à la tête de l’entreprise, tout comme les résultats en baisse dans un contexte difficile pour le secteur de la construction, n’aident pas le cours en bourse de Deceuninck.

Malheureusement, ce ne sont pas les résultats semestriels qui ont fait l’actualité chez Deceuninck dernièrement. À peine un an après avoir été nommé CEO, ce dernier a déjà quitté ses fonctions. Il s’agit pourtant de Stefaan Haspeslagh, un homme très expérimenté qui a été pendant des années le bras droit de Luc Tack chez Tessenderlo/Picanol. Tout comme l’année dernière, Francis Van Eeckhout, « homme fort » et actionnaire de référence, doit à nouveau assumer le rôle de CEO par intérim. L’ancien CEO Bruno Humblet avait ainsi déjà été licencié début 2024.

Les investisseurs n’apprécient évidemment pas les changements fréquents à la tête d’une entreprise, cotée en bourse qui plus est. Cela n’aide donc certainement pas Deceuninck à regagner la confiance du marché. Une confiance qui s’est effritée au fil des ans, le cours de l’action continuant à osciller entre 2 et 2,50 euros.

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Chiffres

Bien sûr, le secteur de la construction traverse également une période difficile. Cela se reflète également dans les résultats semestriels de 2025 de Deceuninck, encore plus que dans les chiffres précédents. Le chiffre d’affaires est sous pression pour la troisième année consécutive. Il a reculé de 9% (contre -1,3% au cours des six premiers mois de 2024 et -4,5% sur l’ensemble de l’exercice 2024). Nous passons de 421,6 à 383,6 millions d’euros. La baisse est plus importante que ce que les investisseurs avaient prévu. D’un autre côté, cela n’est pas incompréhensible compte tenu des conditions de marché plus difficiles.

La Turquie et les pays émergents constituent une grande déception, avec une perte de chiffre d’affaires de pas moins de 22,6%, à 115,1 millions d’euros. L’Amérique du Nord s’est mieux comportée, avec un chiffre d’affaires en légère hausse (+1,6%) et des signes prudents d’une reprise de l’activité sur le marché.

En ce qui concerne l’évolution du flux de trésorerie ajusté (ebitda), nous constatons que tout est mis en œuvre pour limiter autant que possible la pression sur les marges. Néanmoins, nous observons un recul de 65,3 millions d’euros il y a un an à 54,6 millions d’euros (-16,4 %). Cela signifie que la marge ebitda (flux de trésorerie d’exploitation/chiffre d’affaires) a baissé, passant de 15,5% à 14,2% pour les six premiers mois de cette année, ce qui est conforme aux 14,3% prévus pour 2025. D’un point de vue historique, cela reste une marge ebitda ajustée très solide pour Deceuninck. Cela s’explique en partie par une gestion stricte des coûts et l’amélioration des performances opérationnelles.

Le résultat net augmente toutefois de 8,3 millions d’euros à 11,5 millions d’euros (+39,4%) grâce à une facture fiscale nettement moins élevée.

Grâce à une forte concentration sur le fonds de roulement, la dette financière nette diminue de 142,8 à 113,5 millions d’euros (-20,5 %). A 1,1 fois l’ebitda ajusté, celle-ci reste faible.

La valeur de la filiale turque cotée en bourse Ege Profil (appartenant à 87% à Deceuninck) est particulièrement remarquable et importante dans l’évaluation de l’action. Une fois de plus, nous constatons qu’aujourd’hui encore, la valeur boursière de la participation dans Ege Profil s’élève à 252 millions d’euros, contre 291 millions d’euros pour la société mère Deceuninck elle-même. Comme la plupart du temps au cours de l’année écoulée, la filiale turque couvre donc en grande partie (86,5%) la valeur boursière de Deceuninck.

Conclusion

Les changements constants de PDG ne contribuent évidemment pas à améliorer les piètres performances boursières des trois dernières années (46% plus faibles que l’indice BEL20). L’action reste ainsi (trop) bon marché à 0,85 fois sa valeur comptable, un peu plus de 9 fois le bénéfice attendu pour 2025 et à peine 4 fois le rapport entre la valeur de l’entreprise (ev) et le flux de trésorerie d’exploitation (ebitda). De plus, la filiale turque couvre à elle seule la quasi-totalité de la valeur boursière de Deceuninck. Francis Van Eeckhout doit désormais enfin faire le bon choix de PDG, sans quoi une radiation de la cote (vente à un acteur de capital-investissement, par exemple) deviendra une option de plus en plus réaliste.

Recommandation : achat recommandé

Risque : moyen

Notation : 1B

Cours : 2,08 euros

Ticker : DECB BB

Code ISIN : BE0003789063

Marché : Euronext Bruxelles

Capitalisation boursière : 290,9 millions d’euros

Ratio C/B en 2024 : 10

Ratio C/B prévu pour 2025 : 9

Perf. cours sur 12 mois : -8%

Perf. cours depuis le 1/1 : -11%

Rendement du dividende : 3,8%

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