Bernard Keppenne (CBC) : “Les Bourses ne vont pas trouver beaucoup de soutien en cette fin d’année”

L’économiste de la banque CBC analyse la glissade des marchés observée ces dernières semaines. Selon lui, la fin de l’année ne s’annonce guère positive sur le plan boursier.

Pourquoi les Bourses continuent-elles de dégringoler ?

Le Dow Jones a complètement effacé ses gains depuis le début de l’année, ce qui a aggravé les mauvaises performances en Asie et réduit fortement les performances positives en Europe. Comme toujours, plusieurs raisons expliquent cette dégringolade. D’abord les tensions géopolitiques au Moyen-Orient qui créent énormément d’incertitude avec le risque d’un embrasement qui pourrait provoquer des hausses des prix de l’énergie. Mais également les tensions entre la Chine et les Etats-Unis qui pèsent sur les relations commerciales. Et ensuite, la hausse assez marquée des taux longs alors que les opérateurs ont, enfin, pris conscience que les Banques centrales laisseront leurs taux inchangés pendant une longue période, car l’inflation mettra du temps à refluer.

Est-ce principalement à cause de la hausse des taux obligataires US ?

Ce n’est pas la seule raison, mais indéniablement la hausse des taux obligataires US a été, et est, l’élément principal qui explique cette correction car un certain nombre d’opérateurs n’avaient pas encore intégré le fait que les banques centrales se focaliseraient sur l’inflation. Il faut aussi souligner que les indicateurs économiques se sont révélés meilleurs que prévu aux Etats-Unis, ce qui a renforcé le scénario d’un atterrissage en douceur plaidant dès lors pour un statu quo monétaire pour une longue période.

Comment voyez-vous dès lors la fin d’année sur le plan boursier ?

Impossible pour le moment de savoir comment va évoluer la situation au Moyen-Orient, en cas d’embrasement les Bourses pourraient être encore mises sous pression surtout en cas de hausse du prix du baril. En faisant abstraction de cet élément, les marchés vont évoluer en fonction de l’évolution des taux longs. N’oublions pas que nous avons encore deux réunions de la BCE et de la FED, et même si le statu quo est attendu cette semaine pour la BCE et la semaine prochaine pour la FED, elles pourraient toujours tenir un discours de fermeté et ne pas fermer la porte à une dernière hausse de taux. Le tout dans un contexte qui confirmera le ralentissement de l’économie, ce qui veut dire que les Bourses ne vont pas trouver beaucoup de soutien en cette fin d’année.