Baisse de l’or, ralentissement des actions… le point sur les investissements en ETF en mai

© Getty Images
Charly Pohu

En mai, les investisseurs en ETF ont réduit leurs positions en or et ont moins investi en actions… pour fortement augmenter leurs investissements en obligations. C’est ce que montre le rapport mensuel de BlackRock sur les flux du marché des ETP.

Quelles sont les grandes tendances dans l’investissement en ETP (grande famille d’actifs qui comprend avant tout les ETF) ? Voici quelques chiffres clés pour le mois de mai, comparés au reste de l’année, d’après le rapport.

Suivez les cours des entreprises, matières premières et ETF sur notre plateforme Trends Bourse Live & abonnez-vous à notre newsletter Bourse

Actions

  • Un ralentissement a été constaté du côté des actions. Les investisseurs ont acheté pour 52,6 milliards de dollars d’ETF reprenant des actions, à échelle mondiale (en termes de flux nets), c’est moins que les mois précédents et moitié moins qu’en avril.
  • Les flux vers les actions américaines ont notamment ralenti : ils étaient de 24 milliards de dollars (contre 36 en avril et 55 de moyenne sur le premier trimestre). Soit le chiffre le plus bas en un an.
  • L’Europe a récolté près de 8 milliards de dollars, soit également un ralentissement mais moins marqué. Ce sont surtout les investisseurs domestiques qui investissent en Europe, mais on voit aussi un retour des investisseurs américains, comme plus tôt cette année déjà.
    • “Ce qui témoigne d’un repositionnement progressif”, commente Jérôme Folcque, co-directeur de la division Wealth de BlackRock en Belgique & Luxembourg.
    • Ce rééquilibrage se montre notamment dans le fait que les flux ne correspondent pas aux capitalisations des marchés. Les bourses des États-Unis par exemple pèsent 60% du marché mondial, mais représentent moins de la moitié des flux, ici.
  • Pour les marchés émergents, il y a un net ralentissement, à 1 milliard de dollars environ. Ce sont surtout les Asiatiques qui ont retiré plus d’argent de ce pan du marché qu’ils n’en investi.
  • Avec cette baisse des investissements dans les actions, on pourrait donc, en quelque sorte, parler d’un effet de “Sell in May, go away”.

Obligations

  • Les obligations ont connu leur deuxième meilleur mois sur une période relativement longue, avec des flux de près de 60 milliards de dollars. C’est près du triple d’avril, et plus donc que les flux vers les actions. Ce qui “montre que les investisseurs cherchent du revenu fixe et du rendement, dans un contexte de volatilité. Il y a une réallocation des portefeuilles vers des actifs plus défensifs”, note l’expert.
  • C’est le crédit, c’est-à-dire les ETF reprenant des obligations d’entreprises, qui a pris les dessus en mai, tout comme les obligations à haut rendement et celles du marché émergent, alors que les obligations d’États dominaient largement en avril.

Matières premières

  • Changement du cap sur le marché des ETP reprenant l’or : il y a des flux négatifs, de l’ordre de 2 milliards de dollars, après cinq mois de flux positifs. Pour Jérôme Folcque, cela pourrait être le signe que les investisseurs prennent leurs bénéfices sur l’or et rééquilibrent leurs portefeuilles, comme le cours du métal jaune a fortement augmenté cette année. A voir si les chiffres de juin confirment cette tendance, précise-t-il.
  • Ils ont cependant continué à acheter des ETP liés à l’argent, ce qui montre que ce métal profite encore d’un effet de rattrapage.

La minute éducation financière

Après les chiffres et tendances du mois de mai, Jérôme Folcque fait aussi le point sur un sujet d’éducation financière. Quelles sont les différences entre un ETF distribuant et un ETF capitalisant ?

“Déjà, pour identifier l’un ou l’autre, on trouve souvent l’acronyme ACC (pour le capitalisant) et DIS (distribuant) dans le nom de l’ETF. Un ETF va distribuer les dividendes des actions sous-jacentes aux investisseurs qui détiennent des parts de l’ETF. Le capitalisant va lui directement réinvestir ces dividendes dans le fonds, ce qui fait augmenter la valeur du fonds.

Cela fonctionne comme pour les actions d’une entreprise : l’ETF va fixer une date de détachement du dividende, d’enregistrement et de paiement du dividende. Cela détermine qui va recevoir les dividendes, en fonction de quand les investisseurs ont acheté l’ETF. Ces dates sont bien sûr différentes du calendrier des actions sous-jacentes. Le paiement des dividendes de ces actions tombent à plein de moments. Mais il peut y avoir des centaines ou des milliers d’actions… l’ETF verse donc tout en une fois (par trimestre, par exemple, selon les fonds, NDLR). Le paiement du dividende de l’ETF est défini et les dates sont communiquées dans le prospectus. Le prix de l’ETF va donc évoluer comme pour une action ; augmenter ou fluctuer avant la date de détachement, ce qui montre une vague d’achats, puis baisser. C’est un proxy du marché.

En termes de choix, distribuant ou capitalisant, c’est vraiment en fonction de la préférence de l’investisseur, de son profil et des besoins. Est-ce qu’il cherche du rendement et du revenu régulier ? Est-ce qu’il préfère l’efficience de la capitalisation et du réinvestissement ? On voit aussi les investisseurs qui optent pour les deux en même temps, en fonction des objectifs du portefeuille. Il y a alors une partie, qui capitalise pour le long terme, et une autre qui génère du rendement.”

Il y a également des différences fiscales qui entrent en compte, mais BlackRock ne souhaite pas les commenter. Mais voici les points d’attention, en résumé, pour la Belgique et du point de vue de l’investisseur final. On ne touche pas les dividendes réinvestis directement dans le fonds, et on n’est donc pas taxé dessus. On pourrait être taxé sur la plus-value du fonds, lorsqu’on le revend, mais cette loi est encore en discussion. Pour les dividendes qu’on reçoit sur son compte, de l’ETF distribuant, on est taxé à hauteur de 30% (précompte mobilier). Il peut aussi y avoir une première taxe dans le pays où le fonds est coté. Ni l’une ni l’autre ne peuvent être déduites des impôts, comme c’est le cas des dividendes des actions (il y a une somme exonérée de 833 euros).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content