Baidu, l’action chinoise à détenir ? “Elle a tout pour reprendre le flambeau de Nvidia”

Robin Li, CEO de Nvidia. (Photo by VCG/VCG via Getty Images) © VCG via Getty Images
Charly Pohu
Charly Pohu Journaliste

Nvidia a dû faire une croix sur la Chine, pour ses puces à IA. Ce qui laisse un vide à combler, pour et par les entreprises chinoises. Et Baidu pourrait remporter cette course et devenir le nouveau numéro 1 des puces à IA sur le marché chinois.

La Chine a été un point noir cette année pour Nvidia. D’abord, en avril, juste après la secousse de l’annonce des droits de douane, Trump a indiqué que l’entreprise avait désormais besoin d’une licence pour pouvoir continuer à exporter ses puces les plus sophistiquées pour le marché chinois vers la Chine.

C’est-à-dire que Nvidia ne pouvait de toute façon pas exporter ses puces les plus sophistiquées tout court vers la Chine, car Washington veut limiter l’avancée chinoise sur le front de l’IA. Nvidia a donc développé une puce spéciale pour la Chine, la plus avancée possible pour ce marché, la H20. Mais après l’annonce de Trump, le marché avait compris que Nvidia ne pouvait plus l’exporter – un manque à gagner qui se chiffre en milliards.

Puis, en juillet, le ciel a commencé à s’éclaircir. L’administration Trump a finalement donné feu vert à Nvidia. Mais les ventes n’ont pas vraiment repris. Ce qui a suivi, c’est un échange assez vif sur les risques de sécurité entre Pékin, Washington et Nvidia. La Chine craint que ces puces comportent une porte cochère qui donne accès à des données sensibles chinoises aux États-Unis. Et à la mi-août donc, Pékin a demandé aux entreprises de ne pas utiliser ces puces.

Guerre de succession : pourquoi Baidu s’impose

Il y avait donc une place à conquérir, sur le marché chinois des puces à IA. Et la spéculation sur le remplaçant de Nvidia s’est vite emballée. Cambricon par exemple a vu son cours exploser, lors de la saga de la puce H20 de Nvidia en été. Le nom d’Huawei (qui n’est pas coté en bourse) est aussi revenu dans les pronostics.

Mais quelques mois plus tard, il semble qu’il y a un acteur qui est en train de s’imposer comme le prochain numéro 1 chinois de la puce à IA. C’est le géant de la tech, Baidu, souvent appelé le “Google” chinois, s’accordent à dire des analystes cités par CNBC. Le groupe détient notamment une succursale qui développe des puces à IA : Kunlunxin.

“Kunlunxin s’est imposé comme l’un des principaux développeurs nationaux de puces IA, se concentrant sur les puces IA à hautes performances pour la formation et l’inférence de modèles linguistiques à grande échelle (LLM), le cloud computing, les télécommunications et les charges de travail des entreprises”, note par exemple Deutsche Bank.

Et à JP Morgan d’ajouter : “Nous pensons que la demande intérieure en matière de calcul IA reste forte en Chine, et que les hyperscalers s’approvisionnent de plus en plus auprès de fournisseurs de solutions locaux. Nous considérons la puce IA Kunlun comme l’une des mieux positionnées.” Les analystes s’attendent à ce que les ventes soient multipliées par six en 2026.

Baidu vient aussi de présenter un plan de développement sur cinq ans, avec des nouveaux modèles qui verront le jour en 2026 et en 2027 déjà. Son action est an hausse de 40% sur l’année (à Hong Kong), avec une hausse de 60% sur le mois de septembre. Depuis début octobre, elle a perdu 18%, et a également connu des chutes en novembre, comme la tech américaine.

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Sur plusieurs fronts de l’IA

Mais Baidu n’est pas uniquement actif sur le marché des puces. Le géant numérique chinois est présent sur plusieurs étapes de la chaine de valeur de l’IA, et les puces qu’elle vend à des tiers sont donc un atout en plus. L’entreprise exploite aussi des centres de données (qui tournent en partie avec ces puces) et fournit des services de cloud. Et elle a un bot d’IA à la ChatGPT, appelé Ernie.

Mais toutes ces opportunités ne viennent pas sans risques et problèmes. D’un côté, il y a une pénurie de puces en Chine. La production ne suit pas assez vite la demande, en hausse depuis que ces puces de Nvidia ne sont plus disponibles. Le principal fabricant local, SMIC, n’a pas la taille et les capacités techniques de TSMC. Ce qui fait que des entreprises peuvent reporter des investissements. C’est le cas de Tencent, qui a revu ses investissements prévus pour 2025 à la baisse car “il n’y avait pas assez de puces disponibles sur le marché pour dépenser cet argent”.

De l’autre côté, la Chine pourrait être un plafond de verre. Alors oui, Nvidia créé un vide en Chine que Baidu et d’autres entreprises pourraient combler. Mais est-ce que la croissance restera limitée à la Chine ? Les puces de Nvidia restent pour l’instant les plus sophistiquées, et les entreprises chinoises pourraient donc avoir du mal à s’imposer à l’international. Il y a bien sûr aussi les tensions commerciales et au sujet de la sécurité des données qui jouent, à échelle internationale.

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