Anglo et Teck s’unissent pour dominer le cuivre : opportunité ou piège ?

FILE PHOTO: Refined copper bundles can be seen at BHP's Olympic Dam copper and uranium mine located in South Australia, May 24, 2016. REUTERS/Sonali Paul/File Photo © REUTERS
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Anglo American et Teck Resources unissent leurs forces et devraient former l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre d’ici la fin de la décennie.

Les deux sociétés avaient déjà été des cibles potentielles de rachat : Glencore avait tenté d’acquérir Teck en 2023, tandis qu’Anglo American avait rejeté une offre du groupe BHP l’an dernier. Cette fois, l’opération prend la forme d’une « fusion entre égaux », avec un paiement en actions Anglo. Après la transaction, les actionnaires d’Anglo détiendront 62,4 % de la société combinée, contre 37,6 % pour ceux de Teck.

Le groupe issu de la fusion exploitera six mines de cuivre en production, ainsi que plusieurs projets de développement en Amérique du Nord et du Sud. Anglo Teck prévoit de générer 800 millions de dollars d’économies et de synergies sur quatre ans, principalement grâce aux mines voisines Collahuasi (coentreprise Anglo-Glencore) et Quebrada Blanca (Teck) au Chili.

La finalisation de la transaction devrait prendre 12 à 18 mois. Ce long délai s’explique par les procédures réglementaires qui veut que chaque reprise d’entreprises canadiennes liée à l’exploitation de ressources naturelles soit validée par Investment Canada. Elle doit aussi obtenir des autorisations de différentes autorités de la concurrence internationales.

Avant la clôture, Anglo prévoit de verser un dividende exceptionnel de 4,5 milliards de dollars, soit 4,19 $ par action. Pour les investisseurs belges, il n’y a pas d’urgence à vendre. Ce dividende présente un intérêt fiscal limité, et on ne sait pas non plus quand sera versé le coupon.

Défis opérationnels

Cette année, les deux sociétés ont sous-performé par rapport à leurs pairs du secteur des matières premières, tant sur le plan opérationnel que sur l’évolution boursière. Anglo American a enregistré une perte nette de 1,88 milliard de dollars au premier semestre 2025, avec un EBITDA sous-jacent en baisse de 20 % à 3 milliards de dollars. Le CEO Duncan Wanblad souhaite se concentrer sur le cuivre et le minerai de fer, mais la cession des actifs non stratégiques reste complexe.

De Beers, la filiale diamantaire, a vu son chiffre d’affaires chuter de 14 % sur le semestre et enregistrer une perte de 189 millions de dollars. Sa valeur comptable s’élève à 4,9 milliards de dollars, mais sa valeur de marché est bien plus faible. Des négociations sont en cours avec le gouvernement du Botswana, propriétaire de 15 % de De Beers, pour racheter la part d’Anglo.

Incendie et explosion de budget

Les actifs charbonniers devaient être vendus à Peabody Energy pour 3,8 milliards de dollars, mais un incendie sur la mine australienne de Moranbah North a suspendu l’opération. La vente prévue d’une mine de nickel au Brésil au groupe chinois MMG connaît également un retard en raison de l’examen par l’autorité brésilienne de la concurrence.

Teck rencontre également ses propres difficultés, notamment avec Quebrada Blanca. L’expansion de la mine, située haut dans les Andes, a dépassé le budget de plus de 4 milliards de dollars, avec des problèmes de gestion des déchets et de stabilité du sol.

Teck a revu ses prévisions de production 2025 de 230–270 000 t à 210–230 000 t de cuivre. Au niveau du groupe, la production devrait atteindre entre 470 000 et 525 000 t, en dessous des prévisions précédentes, mais Teck maintient son objectif de 800 000 t pour 2030. Les investissements dans d’autres projets, comme Highland Valley au Canada, Zafranal au Pérou et San Nicolas au Mexique, se poursuivent.

Perspectives pour les investisseurs

Comme la fusion ne prévoit aucune prime de rachat, un autre acteur diversifié du secteur peut encore lancer une contre-offre. Pour les actionnaires d’Anglo American, la fusion représente une étape stratégique qui réduit le risque de rachat de la société elle-même.  Si le groupe fusionné réussit à se concentrer sur le cuivre et à résoudre ses problèmes opérationnels, la perspective pour Anglo Teck est prometteuse. Pour le moment, les deux actions sont à conserver.

Conseil : conserver / attendre
Risque : moyen
Notation : 2B

Cours actuel : 25,45 GBP
Ticker : AAL LN
ISIN : GB00BTK05J60
Marché : Londres
Capitalisation boursière : 36,3 milliards USD
Perf. cours sur 12 mois : +8 %
Perf. cours depuis le début d’année : +5 %
Rendement du dividende : 0,4 %

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