Analyse : voici quelques superbes actions à dividendes

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Qui sont les aristocrates des dividendes ? Valent-ils l’investissement ?

En termes de prévisibilité des dividendes, les États-Unis se distinguent nettement du reste du monde. Les distributions de dividendes stables, et de préférence croissants, y sont sacro-saintes et contrairement à ce qui se passe en Europe, entre autres, elles ne ralentissent pas nécessairement les années où les bénéfices sont à la traîne. Plusieurs sociétés européennes paient certes elles aussi des dividendes croissants, mais elles sont bien moins nombreuses qu’aux États-Unis. D’où, aussi, la relative rareté des aristocrates des dividendes (ces groupes dont les dividendes augmentent depuis 25 ans d’affilée au moins) européens. Sur le Vieux Continent, seule une vingtaine de sociétés font partie de ce cercle très fermé. Il s’agit notamment de Nestlé, Roche, Novartis, Sanofi et Diageo, dont les dividendes n’évoluent ceci dit plus que languissamment depuis des années.

Novo Nordisk, l’exception européenne

La seule exception européenne sur ce plan est Novo Nordisk qui, après s’être montrée plutôt parcimonieuse entre 2017 et 2019 (entre 2,5% et 3,8% d’augmentation annuelle du dividende), a résolument changé son fusil d’épaule il y a cinq ans. En 2024, son dividende a bondi de plus de 21%. L’on entend fréquemment dire que croissance des dividendes et cours de l’action vont souvent de pair : s’il est une action européenne qui confirme cet adage, c’est bien ce titre d’origine danoise.

De l’autre côté de l’Atlantique, la situation est radicalement différente : à la fin de l’année passée, 135 titres au bas mot ont augmenté leur dividende pour la 25e année consécutive, voire plus. Cerise sur le gâteau, bon nombre de ces dividendes affichent chaque année une croissance à deux chiffres. Ces actions sont évidemment très demandées.

Croissance des dividendes avant tout

Il convient de rappeler qu’un rendement en dividende modeste n’est pas nécessairement rédhibitoire, puisque c’est la croissance annuelle qui importe. Des entreprises au rendement en dividende quasi insignifiant peuvent parfaitement augmenter leurs distributions de plus de 10% chaque année et afficher, sur le long terme, un rendement total bien supérieur à celui des actions au rendement en dividende élevé, mais dont la valeur ou le dividende progresse à peine.

Cintas illustre parfaitement ce raisonnement. Son action, qui semble en permanence onéreuse et dont le rendement en dividende est faible, s’apprécie et paie un dividende plus élevé chaque année. Son exemple montre que les entreprises dont le dividende croît d’une manière régulière et vigoureuse obtiennent souvent les meilleurs résultats à long terme, même si le rendement en dividende laisse à première vue à désirer.
Nous avons sélectionné trois belles actions à dividende, que caractérise une croissance supérieure à la moyenne.

1. Snap-On

Peu d’actions sont aussi régulières, et donc prévisibles, en termes de dividendes, que celle de l’américaine Snap-On, qui fabrique et distribue dans le monde entier des outils à main, des systèmes de stockage et des dispositifs de diagnostic destinés aux monteurs professionnels. Ses équipements sur mesure sont innovants, de haute qualité et garantis à vie.

Avec une distribution qui n’a jamais faibli depuis 1953 et qui progresse même depuis 15 ans, le dividende de Snap-On a derrière lui un excellent historique. Il augmente de 14% à 15% par an. Au cours actuel (autour de 340 dollars), le rendement en dividende s’établit à 2,4%. Avec un rapport cours/bénéfice de 17 pronostiqué pour 2025, la valorisation n’a rien d’exagéré. Le bilan de Snap-On est solide comme le roc ; les marges bénéficiaires sont colossales et les flux de trésorerie disponible abondent. Le relèvement devrait atteindre 15% l’an prochain.

2. Texas Pacific Land

Nouvelle venue au sein de l’indice S&P 500, Texas Pacific Land Corp (TPL) a une histoire illustre et un modèle de gains exceptionnel. Elle se distingue surtout par la très forte croissance de son dividende. L’ex-Texas & Pacific Railway (T&P) avait à l’origine pour vocation de construire une ligne ferroviaire entre le Texas et la Californie. La liaison ne fut jamais achevée mais près de 1.600 kilomètres de voies ayant été posés dès 1881, T&P obtint 1,4 million d’hectares de terres au Texas. Lorsque l’entreprise fit faillite, ces terrains furent versés dans un trust, qui fit son entrée en Bourse en 1927.

Aujourd’hui, Texas Pacific Land possède toujours de vastes superficies dans l’ouest du Texas, principalement dans le bassin permien, riche en gaz. Ces propriétés foncières lui rapportent d’énormes redevances sur le pétrole et le gaz, les services d’approvisionnement en eau (pour l’extraction du pétrole et du gaz) et, depuis quelques années, sur le renouvelable (location de superficies pour la production d’énergies solaire et éolienne). TPL loue également désormais des terrains qui accueillent des centres de données, dont elle assure par ailleurs le développement. La diversification est donc assurée.

Les analystes tablent sur une croissance à deux chiffres du chiffre d’affaires au cours des prochains exercices. TPL n’est pas endettée et son flux de trésorerie disponible ne cesse de croître. Son dividende s’est envolé de 48% l’an dernier ; si l’on ajoute à cela le dividende spécial de 10 dollars, l’on obtient, au cours actuel de l’action, un rendement de 1,3%. Le dividende est orienté à la hausse depuis 21 ans et sa progression, inégalée depuis 10 ans. Compte tenu du rapport cours/bénéfice (près de 70 fois) et de l’évolution en dents de scie du titre, un tassement du cours pourrait constituer une fenêtre d’entrée.

3. Brown & Brown

En hausse depuis 31 ans, le dividende de Brown & Brown affiche une croissance annuelle de plus de 10% en moyenne sur cette même période. Le courtier en assurances mise surtout, pour se développer, sur les dizaines d’acquisitions qu’il réalise par an – dont aux Pays-Bas, où il s’est offert Quintes Holding.

La majeure partie (80%) du cash-flow d’exploitation est consacrée aux achats ; une fraction seulement va au paiement du dividende, lequel a été relevé de plus de 15% en 2024. Le chiffre d’affaires a crû l’an passé de 12,9%, pour atteindre 4,8 milliards de dollars. À terme, Brown & Brown vise 8 milliards de dollars. L’apparente inconsistance du dividende (0,5%) s’explique par l’extrême faiblesse du ratio de distribution. Avec un ratio cours/bénéfice de 26 et malgré un cours qui n’a pratiquement jamais été aussi élevé, le titre reste intéressant pour l’investisseur qui dispose d’un horizon long.

Ralentissement de la croissance des dividendes au quatrième trimestre

Si les dividendes distribués par les sociétés américaines ont augmenté de 11,7 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2024, leur croissance ne soutient pas la comparaison avec ce qu’elle fut en début d’année. Les 14,2 milliards de dollars de relèvements annoncés au total représentent une augmentation de 1% par rapport au troisième trimestre de 2024, mais une chute de 18,8% par rapport à la période octobre-décembre de l’exercice précédent.

En revanche, les diminutions ont ralenti de 45,6%, à 2,5 milliards de dollars, par rapport au troisième trimestre. Sur l’ensemble de l’exercice 2024, les relèvements ont atteint 71,4 milliards de dollars, en hausse de 9,7% en glissement annuel. Sous l’effet des incertitudes politiques surtout, la croissance s’est tassée au second semestre de 2024. Elle devrait reprendre cette année ; pour les entreprises du S&P 500, l’augmentation devrait atteindre 8%, contre 6,4% l’an dernier.

Trois nouveaux aristocrates des dividendes

Le 3 février, les aristocrates des dividendes, dont la liste est dressée par S&P, ont accueilli trois nouveaux membres : Erie Indemnity (assurances non-vie), Eversource Energy (services aux collectivités) et Factset Research (données financières). Au vu de la progression de son dividende (7% par an), de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices, Erie semble être le titre le plus intéressant des trois.

L’ajout de ces entreprises porte à 68 le nombre total des aristocrates des dividendes, dont l’inventaire s’étoffe depuis quelques années. Ces sociétés ont réalisé l’an passé un rendement total de 7,6% en moyenne. La progression la plus vigoureuse est à mettre au crédit de Walmart (+74,4%), qu’ont suivi Broadridge et Cincinnati Financial (assurances). Albemarle (lithium), Nucor (acier), Brown-Forman (spiritueux) et Archer Daniels Midland (agroalimentaire) ont pour leur part fermé la marche. Le rendement en dividende moyen s’établit désormais à 2,5%.

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