(ABM FN) Lesté de 0,8 pour cent en glissement hebdomadaire, en baisse pour la seconde semaine de suite, le Bel20 a vu les 4.700 points s’envoler au sortir d’une semaine difficile pour ses poids lourds de la pharma ainsi que pour Azelis, le distributeur de produits chimiques qui lâche désormais 45 pour cent depuis le 1er janvier.
Au sortir de la semaine écoulée, l’un des sentiments qui dominent est que la Fed pourrait finalement ne pas avoir à se presser à baisser encore ses taux cette année, alors que Jerome Powell avait parlé il y a dix jours de deux autres baisses à attendre en 2025.
En toile de fond, une croissance solide et supérieure aux attentes au second trimestre aux Etats-Unis, tandis que l’emploi à plutôt rassuré et que l’inflation est ressortie conforme aux attentes en août.
L’espoir des marchés suscité une semaine plutôt a donc fait place aux doutes. A ce titre, lors d’un discours très attendu, Jerome Powell a souligné en semaine que les actions étaient surévaluées en regard de nombreux critères. Il a également épinglé le double risque d’une inflation galopante et d’un affaiblissement du marché du travail.
Selon l’homme fort de la Fed, il n’existe “aucun chemin sans risque” de sorte que la trajectoire des taux reste incertaine.
Les divisions s’affichent au sein de la Fed
Cette incertitude sur l’évolution des taux de la Fed est par ailleurs alimentée par les divisions affichées par ses membres. Sans surprise, le tout nouveau gouverneur Stephen Miran, bras droit de Donald Trump, souhaite ainsi voir les taux baisser plus rapidement, tandis que Michelle Bowman estime elle aussi que les taux peuvent encore baisser.
Le président de la Fed de Saint-Louis, Alberto Musalem, s’est montré pour sa part sceptique quant à de nouvelles baisses des taux, tandis que Raphael Bostic, de la Fed d’Atlanta, hésite également en raison des inquiétudes liées à l’inflation.
“Pour l’instant, Miran semble être La voix discordante. Mais si Donald Trump parvient à convaincre la Cour suprême de révoquer Lisa Cook et qu’elle est remplacée par une personne dont les opinions se rapprochent davantage de celles de Miran, les divisions au sein du FOMC s’accentueront encore”, prévient Frank Vranken de la Banque Edmond de Rothschild.
“Le discours de Stephen Miran devant l’Economic Club of New York contient tous les éléments d’arguments non prouvés et douteux qui pourraient être utilisés pour orienter la politique monétaire dans la mauvaise direction”, a ajouté Frank Vranken.
Regain de tension sur le front commercial
La semaine a par ailleurs été marquée par un regain de tension sur le front commercial, en marge de l’annonce jeudi soir par Donald Trump de droits de 100 pour cent sur les médicaments brevetés des laboratoires qui ne possèdent pas ou ne construisent pas d’usines aux États-Unis.
Selon le locataire de la Maison Blanche, les fabricants de poids lourds, de meubles et d’équipements sanitaires pourraient également faire l’objet de sanctions à l’importation de 25 pour cent.
Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC banque, note toutefois que “le flou à ce stade n’est pas encore levé pour savoir si les accords commerciaux qui ont été conclus il y a quelques semaines entre Bruxelles et Washington permettront aux pays concernés d’échapper à cette nouvelle salve de taxes”.
“Dans l’ensemble, l’annonce d’une taxe de 100 pour cent sur les médicaments brevetés n’est pas si grave”, retient pour sa part la banque d’affaires Jefferies, “sachant que de nombreux laboratoires construisent déjà de nouvelles usines aux États-Unis et échapperaient ainsi à ces taxes”.
L’inflation PCE conforme aux attentes en août aux Etats-Unis
Vendredi, les investisseurs avaient rendez-vous avec le très important indice des prix à la consommation aux Etats-Unis (PCE), cette jauge d’inflation privilégiée par la Fed pour définir sa politique monétaire.
Il en ressort que l’inflation de base, retraitée des prix volatiles de l’énergie et de l’alimentaire, a augmenté conformément aux attentes de 2,9 pour cent en août, tandis que l’inflation globale a quelque peu accéléré à 2,7 pour cent.
La veille, il a par ailleurs été annoncé une solide croissance au second trimestre aux Etats-Unis, à hauteur de 3,8 pour cent, soit plus que prévu mais aussi plus que les 3,0 pour cent annoncés en première lecture.
Autre indicateur encourageant, les demandes hebdomadaires d’allocations de chômage ont atteint leur niveau le plus bas depuis juillet.
Selon Philip Marey de la Rabobank, cela suggère que, même si le marché du travail est toujours à l’arrêt, “les licenciements ne sont pas encore à l’ordre du jour”, ajoutant que cela donnera aux faucons de la Fed des arguments pour ne pas aller trop vite dans la poursuite des baisses de taux.
Dans un entretien accordé à ABM Financial News, Bernard Keppenne note toutefois toutefois que la croissance US au second trimestre ne remet pas en question les deux baisses de taux attendues encore cette année.
“Et pour cause, le mandat de la FED porte sur l’évolution de l’inflation et celle du marché de l’emploi, et c’est ce dernier qui justifie les baisses de taux s’il continue de se dégrader”.
“De plus, les chiffres du PIB sont faussés et difficilement comparables”, ajoute l’économiste de CBC Banque.
L’activité continue de se redresser en zone euro
De notre côté de l’Atlantique et à la lecture des PMI, les indices des directeurs d’achat publiés en semaine, l’activité a continué de se redresser en septembre dans la zone euro, avec une mention spéciale au secteur des service dont la croissance se renforce, ce qui a permis à l’indice composite d’atteindre les 51,2 points, son plus haut niveau en 16 mois.
L’économiste Cyrus de la Rubia, de la Hamburg Commercial Bank, a toutefois souligné les perspectives moroses pour l’industrie industrielle dans la zone économique et monétaire, où la cadence est principalement freinée par la France.
Aux Etats-Unis, le secteur des services et de l’industrie ont tous deux vu leur croissance décélérer, de sorte que l’indice composite a été ramené de 54,6 points en août à 53,6 points en septembre, un plus bas de trois mois.
Chris Williamson, de S&P Global, a souligné la baisse des marges, mais selon l’économiste, cela annonce également un ralentissement de l’inflation.
Du côté des devises et de l’énergie, l’euro a clôturé la semaine à 1,17 dollar vendredi soir, tandis que le baril a continué sa marche en avant.