bpost prend un nouveau pari sur l’avenir
Vu l’extrême faiblesse de la valorisation, nous aimerions pouvoir relever notre conseil, mais les incertitudes quant à l’évolution des bénéfices restent trop importantes.
Si l’on s’en tient aux chiffres purs, le groupe bpost est ridiculement bon marché. Il a clos l’exercice 2023 sur un bénéfice d’exploitation ajusté de 248,5 millions d’euros et un flux de trésorerie disponible de 220 millions d’euros, pour une capitalisation boursière de 700 millions à peine. Son ratio cours/bénéfice (C/B) ne devrait pas dépasser 5 cette année. Autant de paramètres qui devraient nous inciter à émettre un conseil d’achat, mais après des années de mauvaise gestion et de recul des bénéfices, la confiance des investisseurs ne suffira pas à faire repartir le cours à la hausse.
A Chris Peeters, donc, d’offrir des perspectives aux actionnaires. Or bpost n’a pas encore réussi à compenser le déclin du courrier par des activités offrant un potentiel de croissance, a constaté le nouveau CEO le 1er mars, à l’occasion de la publication des résultats annuels. Chris Peeters a annoncé dès la semaine dernière l’acquisition de Staci, une entreprise française spécialisée dans les solutions logistiques pour les sociétés, pour un prix de 1,3 milliard d’euros. Staci a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires (CA) de 770 millions d’euros et un flux de trésorerie d’exploitation de 110 millions. Chris Peeters voit dans la transaction une opération stratégique qui contribuera à accélérer la transformation de bpost, qui entend investir dans des activités logistiques assorties de perspectives de croissance et de marges plus élevées. La facture est salée mais stratégiquement, l’opération fait sens. Les audacieux pourront voir là une occasion de faire de bonnes affaires.
Il était temps d’agir. Le financement de la distribution de la presse écrite prendra bientôt fin. L’activité a rapporté 255 millions d’euros l’an passé, dont 163 millions ont été subventionnés par l’Etat. Qui, comme on le sait, a supprimé la concession et les subsides à compter du 1er juillet. bpost va donc devoir trouver des contrats sur le marché. ‘‘Les négociations avec les éditeurs sont en cours’’, commente Chris Peeters.
En attendant, le groupe n’ose pas émettre de prévisions bénéficiaires pour 2024. La seule certitude est que le bénéfice d’exploitation va continuer à céder du terrain. Le ralentissement du trafic de courrier est néanmoins légèrement moins marqué que les années précédentes, et partiellement compensé par des augmentations de prix. Le trafic de colis continue de croître, pour des prix légèrement plus élevés. Les activités logistiques en Europe et en Asie devraient progresser de plus de 10 %.
La baisse du CA aux Etats-Unis est préoccupante. Radial est sous pression depuis 2022. Son CA a chuté de 14 % et ses bénéfices, de 25 %, l’an passé. L’entreprise ajuste sa stratégie en remplaçant les grands clients par d’autres, plus petits, ce qui devrait lui permettre de dégager des marges plus intéressantes et un CA plus stable. Mais la mutation prendra du temps, et bpost prédit un nouveau tassement des ventes, de près de 10 %, outre-Atlantique cette année.
Conclusion
Un flou certain plane donc sur les prévisions bénéficiaires de 2024. Ceci étant, le cours intègre d’ores et déjà bien des mauvaises nouvelles. Même si l’on tient compte d’une chute des bénéfices, le ratio C/B ne dépasse pas 5. En acquérant Staci, bpost prend un nouveau pari sur l’avenir. Vu l’extrême faiblesse de la valorisation, nous aimerions pouvoir relever notre conseil, mais les incertitudes quant à l’évolution des bénéfices restent trop importantes.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 3,45 euros
Ticker : BPOST
Code ISIN : BE0974268972
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 690 millions EUR
C/B 2023 : 6
C/B attendu 2024 : 5
Perf. cours sur 12 mois : -33 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -27 %
Rendement du dividende : 3,7 %
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