Umicore peine à convaincre

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Les investisseurs sont moins confiants que la direction à l’égard du potentiel d’Umicore. Force est de constater cependant que le carnet de commandes est bien garni, et rentable. De plus, la valorisation inclut déjà un grand nombre de mauvaises nouvelles. A son prix actuel, l’action est à nouveau digne d’achat.

Umicore a connu des jours meilleurs. Son rapport relatif à l’exercice 2023, présenté en février, fait état d’un bénéfice d’exploitation en recul de 22 % par rapport à 2022. Du fait, notamment, de la forte baisse des prix des métaux précieux, la direction avait alors annoncé anticiper pour 2024 un recul du cash-flow d’exploitation, de 972 millions d’euros en 2023 à 900-950 millions d’euros.

Les résultats du premier trimestre n’ont nullement permis au groupe de regagner la confiance des investisseurs. Evoquant un contexte de marché de plus en plus difficile, entre autres pour les matériaux pour batteries, la direction a maintenu le cash-flow d’exploitation prévisionnel à 900-950 millions d’euros. Doutant toujours de la capacité d’Umicore à récupérer les milliards d’euros investis dans le segment des batteries, les investisseurs ont encore sanctionné le titre.

Le spectre de la technologie concurrente LFP (lithium-fer-phosphate), dominante en Chine et, surtout, moins onéreuse, plane sur le marché. Umicore affirme qu’elle est moins adaptée aux marques automobiles occidentales, dont les clients recherchent une plus grande autonomie, et a choisi de miser sur la technologie NMC (nickel-manganèse-cobalt), plus chère mais aussi plus performante. Le groupe belge développe également la technologie HLM (high lithium manganese), moins coûteuse, qui pourrait se substituer aux batteries NMC. Umicore planche en outre sur les prochaines générations de batteries, dont celles qui incluront des semi-conducteurs.

Umicore exécute actuellement les premières commandes de son carnet, qui comptera 190 gigawatts-heure (GWh) d’ici 2027 et 270 GWh d’ici 2030. Grâce aux achats garantis et à la clause de répercussion des hausses de coûts incluse dans ces contrats, Umicore s’assure de dégager dès 2026 une marge d‘exploitation de 25 % au bas mot. Ces commandes doperont aussi le chiffre d’affaires, et ce dès le second semestre de 2024. Après une, voire deux années de transition, les batteries deviendront en 2026 le moteur de croissance du groupe.

Bridée par des opérations de maintenance qui ont limité les volumes traités au premier trimestre, la division recyclage devrait aussi se redresser au cours de la deuxième partie de l’année. Les prix des métaux recyclés, et notamment du rhodium et du palladium, ont plongé en 2023 (-58 % pour le rhodium), avant d’atteindre un étiage et de se redresser ces derniers mois. Mais comme de ces prix dépend largement le résultat, la division recyclage portera encore les stigmates de cette chute pendant un certain temps ; cette année, son cash-flow d’exploitation devrait encore s’inscrire en baisse.

Le segment des catalyseurs se porte toujours bien. L’accent y est mis sur l’amélioration de l’efficacité et la génération de cash-flow disponible (qui finance les investissements dans les batteries). En 2024, ses résultats devraient égaler ceux de 2023, année record.

Malgré les investissements massifs, le ratio d’endettement est maîtrisé : la dette nette représente 1,3 fois le cash-flow d’exploitation.

Conclusion

Les investisseurs sont moins confiants que la direction à l’égard du potentiel d’Umicore. Ont-ils tort ? Nous constatons que les perspectives de croissance des matériaux pour batteries sont étayées par un carnet de commandes bien garni et rentable. Avec un ratio cours/bénéfice de 12, la valorisation inclut un grand nombre de mauvaises nouvelles. La faiblesse actuelle du cours offre donc à nos yeux une fenêtre d’entrée intéressante.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 20,7 euros

Ticker : UMI

Code ISIN : BE0974320526

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 5,12 milliards EUR

C/B 2023 : 12

C/B attendu 2024 : 12

Perf. cours 12 mois : -25 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -16 %

Rendement du dividende : 3,8 %

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