Recul des bénéfices d’Engie : peu grave !
Le bénéfice net récurrent d’Engie va chuter en 2024, 2025 et 2026. Alors que le groupe français avait clos l’exercice 2023 sur un bénéfice consolidé de 5,4 milliards d’euros, il annonce pour 2026 un chiffre qui tourne autour de 4 milliards d’euros. Cette baisse prolongée sera en réalité bien moins grave qu’il n’y paraît.
Si la contribution de l’activité nucléaire passera de 1-1,5 milliard d’euros cette année à 200-400 millions environ en 2026, c’est principalement en raison de la disparition d’un bonus lié aux résultats.
La flambée des prix et l’extrême volatilité qui ont caractérisé les marchés de l’énergie expliquent les bénéfices exceptionnellement élevés enregistrés l’an dernier. Son vaste portefeuille d’actifs et de contrats permet à Engie de tirer profit de cette volatilité et d’assurer la gestion des risques liés à l’approvisionnement de ses clients.
Global Energy and Management Sales (GEMS) a clos l’exercice sur un bénéfice d’exploitation de 3,5 milliards d’euros. A mesure que les marchés de l’énergie se normaliseront, les bénéfices d’exploitation de cette division en feront autant. Son bénéfice d’exploitation récurrent devrait passer à 1-1,5 milliard d’euros d’ici à 2026. Le recul est important, mais la contribution normale de GEMS aux bénéfices sera quoi qu’il en soit plus élevée qu’avant la crise. L’accroissement de la part des renouvelables rend les marchés de l’énergie structurellement plus volatils.
Les investisseurs ont toujours accordé bien moins d’attention à l’augmentation temporaire des bénéfices sur des marchés en dents de scie qu’à la rentabilité sous-jacente. Qui, sur un horizon de plusieurs années, est orientée à la hausse. Le bénéfice d’exploitation devrait progresser de plus de 10 % par an en moyenne entre 2021 et 2026. Même en tenant compte de la normalisation de la contribution de GEMS, l’entreprise sera donc bien plus rentable dans deux ans qu’en 2021. A un bénéfice net récurrent d’environ 4 milliards d’euros en 2026 (2,9 milliards en 2021) correspondra un bénéfice de 1,64 euro par action. Soit, au cours actuel de 15,4 euros, un ratio cours/bénéfice (C/B) inférieur à 10, ce qui est excellent. Les bénéfices pourraient en outre renouer avec une croissance régulière dès 2027.
Le rendement en dividende reste intéressant. Engie s’est engagé à verser 65-75 % de son bénéfice net récurrent sous la forme de dividendes, avec un minimum de 0,65 euro par action. Le dividende brut devrait donc atteindre 1,06 euro en 2026, soit un rendement de 7 %. Les flux de trésorerie rendent cette perspective réalisable, même si l’endettement net, qui inclut les provisions pour le démantèlement des centrales et l’élimination des déchets nucléaires, a atteint 43,9 milliards – près de trois fois les flux de trésorerie d’exploitation – fin mars. Ce n’est pas rien, mais c’est gérable, car les cash-flows sont stables, la contribution des énergies vertes ne cesse de progresser, et le groupe peut compter sur ses réseaux et sur ses capacités énergétiques flexibles. Les résultats du premier trimestre de cette année étant conformes aux pronostics, la direction a pu confirmer les bénéfices prévisionnels pour l’exercice.
Conclusion
A présent que le calme revient sur les marchés de l’énergie, les bénéfices retombent à des niveaux normaux. Ils ne devraient pouvoir croître qu’à partir de 2026. Mais le ratio C/B est inférieur à 10, le rendement en dividende est très élevé et le profil de risque s’est allégé. Nous conseillons toujours d’acheter l’action.
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 15,4 euros
Ticker : ENGI
Code ISIN : FR0010208488
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 37,5 milliards EUR
C/B 2023 : 7
C/B attendu 2024 : 9
Perf. cours sur 12 mois : +10 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -3 %
Rendement du dividende : 8 %
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