Proximus atteint lentement un étiage
Proximus affiche de belles performances opérationnelles, mais le marché s’est concentré sur les effets négatifs de la consolidation de Fiberklaar sur le bilan, semblant oublier le potentiel du réseau de fibre optique et des actifs internationaux.
Le groupe a revu à la hausse ses prévisions de chiffre d’affaires (CA) et de bénéfice (Ebitda), mais cette annonce a été éclipsée par celle qu’il prendrait le contrôle total de Fiberklaar, la filiale spécialisée dans la fibre optique qu’il avait fondée en 2021 avec le fonds d’investissement EQT Infrastructure. Proximus entend ainsi gagner en flexibilité pour le déploiement de son réseau de fibre optique en Flandre et affirme pouvoir réaliser jusqu’à 100 millions d’euros de synergies. Le rachat des titres restants lui a coûté 246 millions d’euros (186 millions versés au troisième trimestre, 60 millions au quatrième). Tous les investissements dans Fiberklaar seront désormais entièrement repris dans le bilan de Proximus. Les dépenses d’investissement vont dès lors grimper à 1,36 milliard d’euros, ce qui va grever les flux de trésorerie à court terme. C’est pourquoi l’action a cédé du terrain.
Malgré la mauvaise performance boursière, le contrat du CEO Guillaume Boutin a déjà été prolongé de six ans, un an avant sa date d’expiration. Ce dernier a pour ambition de transformer l’opérateur télécom en une entreprise technologique diversifiée, en s’appuyant sur les filiales internationales BICS (connexion internationale de données entre opérateurs), Telesign (sécurisation de l’identité numérique) et Route Mobile (services de communication dans le cloud ; pôle bien positionné dans la sphère émergente), qui devraient assurer, à terme, au moins la moitié du cash-flow disponible. Au deuxième trimestre toutefois, le CA généré à l’étranger a reculé de 5,3 % sur un an, à 415 millions d’euros. L’Ebitda, lui, a augmenté de 6,5 %, à 43 millions d’euros. En Belgique, le CA a crû de 4,6 %, à quelque 1,2 milliard d’euros, légèrement plus qu’attendu, et l’Ebitda a progressé de 5,1 %, à 437 millions d’euros, grâce à la réduction des coûts. Au niveau du groupe, le CA s’est établi à 1,6 milliard d’euros (+2 %), l’Ebitda, à 480 millions d’euros (+5,3 %). Proximus pronostique désormais pour 2024 une hausse de 2,5 % au maximum du CA belge et de l’Ebitda du groupe (initialement : hausse de 0-1%).
Le cash-flow disponible ajusté s’est élevé à -114 millions d’euros par suite de l’augmentation des dépenses d’investissement et du fonds de roulement. Hors Fiberklaar, Proximus table pour 2024 sur un cash-flow disponible de 150 millions. La dette nette (hors engagements de leasing) s’était hissée à 4,16 milliards d’euros à fin juin après l’acquisition de Route Mobile.
Le dividende au titre de 2024 (et 2025) sera divisé par deux, à 0,6 euro, et ne pourra être couvert entièrement par les flux de trésorerie. Proximus prévoit donc de vendre pour 500 millions d’euros (400 millions précédemment) d’actifs (bâtiments, notamment) . Une amélioration est attendue à partir de 2027, quand les investissements auront baissé et que la fibre générera des revenus.
Le nouveau gouvernement conservera-t-il Proximus ? Une cession prochaine serait en tout cas mal venue, car l’action se négocie à un niveau historiquement bas.
Conclusion
A 3,5 fois l’Ebitda, la valeur de l’actif économique (EV) est plutôt faible, même pour un opérateur télécom. Le rendement est attrayant, à près de 9 % brut. Proximus reste donc un bon choix pour les investisseurs patients.
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 6,91 euros
Ticker : PROX BB
Code ISIN : BE0003810273
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 2,3 milliards EUR
C/B 2023 : 6,5
C/B attendu 2024 : 6
Perf. cours sur 12 mois : -8 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -21 %
Rendement du dividende : 8,7 %
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