Newmont bientôt plus loin encore devant Barrick
Pas encore de fumée blanche, mais la fusion de Newmont Corp et de Newcrest Mining donnerait naissance au plus grand exploitant d’or de la planète.
Le conseil d’administration du producteur australien d’or et de cuivre Newcrest Mining a annoncé début mai qu’il soutenait la nouvelle offre de Newmont, de 19,5 milliards de dollars. Il avait refusé la première, soumise en février, de 17 milliards de dollars. Il n’y a cependant pas encore de fumée blanche, car tant les actionnaires que les autorités de la concurrence doivent se prononcer sur la transaction. Le géant qui naîtrait de cette fusion devrait sans doute céder quelques actifs çà et là. Newcrest est le 8e producteur d’or au monde. Il détient des actifs en Australie, son marché domestique, mais aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée (Lihir Gold et Wafi-Golpu) et au Canada (mine d’or Brucejack et mine de cuivre Red Chris), desquels sortent chaque année entre 2,1 et 2,3 millions d’onces troy d’or et entre 300 et 340 millions de livres de cuivre. Si venaient s’y ajouter les 6 millions d’onces d’or et les quelque 100 millions de livres de cuivre que produit annuellement Newmont, le nouveau groupe serait sans conteste, outre un important producteur de cuivre, le plus grand exploitant d’or de la planète. Par ailleurs, l’écart entre l’actuel numéro 2 Barrick et lui s’agrandirait encore.
Sur le plan opérationnel, l’année n’a pas démarré sous les meilleurs auspices pour Newmont. Au premier trimestre, sa production d’or a reculé de 5,2% en glissement annuel, à 1,27 million d’onces troy, et celle d’argent, de cuivre et d’autres métaux de base a chuté de 18%, à 288.000 onces troy d’équivalent or. Dans ce secteur, les chiffres pouvant beaucoup fluctuer d’un trimestre à l’autre, on ne tire pas de conclusions à la hâte. A Peñasquito, c’est un retard dans l’approvisionnement en minerais qui a conduit à une diminution du volume traité et donc, une baisse de la production. Mais ces minerais finiront par être tous traités et la production du trimestre actuel s’en verra accrue. Le recul dans le Nevada est, lui, attribuable à des travaux de maintenance, pas tous planifiés. En Australie, des inondations ont entraîné la fermeture de la mine Tanami pendant 32 jours. La production a également baissé à Pueblo Viejo (République dominicaine), où une expansion est prévue. En revanche, à Boddington (Australie), Ahafo (Ghana) et Yanacocha (Amérique latine), que Newmont détient désormais seul, la production a progressé.
La direction a maintenu ses prévisions de production pour cette année (6 millions d’onces troy) et les suivantes (6,2 millions d’onces troy en 2024 et 2025, et 6,4 millions dès 2026) – lesquelles n’incluent pas la contribution des mines de Newcrest. La baisse de la production associée à l’augmentation des dépenses d’investissement s’est traduite par une hausse des coûts. Le coût de production moyen (AISC) s’est accru de 19%, à 1.376 dollars l’once troy, tandis que l’once s’écoulait en moyenne à 1.906 dollars; c’est un peu plus qu’un an plus tôt, mais la marge brute a néanmoins chuté de 28% en glissement annuel, à 530 dollars par once troy, ce qui représente un flux de trésorerie d’exploitation (Ebitda) de 990 millions de dollars. L’AISC se situera cette année dans le haut de la fourchette prévisionnelle (1.150-1.250 dollars) mais baissera à nouveau à compter de l’année prochaine.
La dette nette s’élevait au 31 mars à 2,7 milliards de dollars, ou 0,6 fois l’Ebitda escompté. Aucune raison de s’en inquiéter dès lors qu’un flux de trésorerie disponible de 1,3 milliard de dollars et une progression du cours de l’or sont attendus. En outre, les besoins en capitaux de Newmont diminueront considérablement au fil des ans.
Conclusion
Si l’action Newmont sous-performe nettement les indices miniers aurifères cette année, c’est surtout en raison de l’offre soumise à Newcrest Mining – le marché a pour habitude de sanctionner les candidats acquéreurs – et ensuite, parce que le premier trimestre est décevant sur le plan opérationnel. Le reste de l’année sera bien meilleur, puisque la direction a maintenu ses prévisions. A 9 fois l’Ebitda et avec un rendement de 3,3%, Newmont affiche une valorisation attrayante.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 48,15 dollars
Ticker: NEM US
Code ISIN: US6516391066
Marché: New York Stock Exchange
Capit. boursière: 38,3 milliards USD
C/B 2022: 41
C/B attendu 2023: 20
Perf. cours sur 12 mois: -30%
Perf. cours depuis le 01/01: -3%
Rendement du dividende: 3,3%
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