Cameco est en passe d’atteindre ses objectifs
L’entreprise n’a guère été affectée par la dépréciation de la livre d’U3O8 sur le marché au comptant. Elle a vu sa capitalisation boursière augmenter de plus d’un cinquième cette année.
Le rapport du 3e trimestre est plutôt bon et la société devrait pouvoir atteindre ses objectifs pour 2024. Sur le marché au comptant, le prix de la livre de concentré d’uranium (U3O8) est actuellement à peu près le même qu’il y a 12 mois. En janvier dernier, elle se négociait à 106 dollars, un prix plus atteint depuis 2007. Aujourd’hui, elle coûte un quart de moins, mais cela ne signifie pas grand-chose, sur ce marché illiquide. En effet, le prix sur le marché au comptant n’est pas celui que les producteurs comme Cameco obtiennent pour leur U3O8. Il est déterminé sur la base des prix contractuels, lesquels n’ont jamais été aussi élevés qu’à présent. Pour les nouveaux contrats, le prix actuel varie entre 70 et 130 dollars. Les volumes sur le marché des contrats restent pour l’heure faibles en raison de l’incertitude entourant les restrictions d’importation d’uranium russe – l’Occident disposant de peu d’autres solutions pour convertir et enrichir l’uranium, il serait préférable que des dérogations soient accordées. L’Association nucléaire mondiale estime que le déficit entre la quantité d’uranium produite et celle qui est nécessaire pour faire fonctionner les centrales nucléaires atteindra 60 millions de livres à la fin de la décennie. Les capacités de production doivent être accrues. Toute hausse des prix des contrats d’enrichissement ou de conversion de l’uranium se répercutera sur le prix de l’U3O8.
Cameco a vendu 7,3 millions de livres d’U3O8 au 3e trimestre et réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 721 millions de dollars, soit plus d’un quart de plus qu’un an auparavant. Le bénéfice net n’est pas un bon indicateur de la performance opérationnelle pour le moment, car la dépréciation de Westinghouse pèse sur lui, comme l’avait annoncé la direction. Il convient plutôt de se baser sur le bénéfice d’exploitation (Ebitda), lequel a augmenté de 32 % en glissement annuel, à 308 millions de dollars. Sur les trois premiers trimestres de 2024, il atteint 992 millions de dollars, près de deux fois plus qu’en 2023. La production prévisionnelle pour McArthur River, où l’automatisation de processus a été optimisée, est passée de 18 à 19 millions de livres. En revanche, la co-entreprise Inkaï, formée avec Kazatomprom, au Kazakhstan, ne livrera pas les 8,3 millions de livres escomptés, mais 7,7 millions, cette année. Cameco est tenue contractuellement de fournir en moyenne 29 millions de livres d’U3O8 par an à ses clients entre 2024 et 2028. Ce qui n’exclut pas que la société en vende plus, car une extension de la capacité à Cigar Lake est prévue.
Cameco a relevé sa projection de CA pour 2024, de 2,85-3 à 3,01-3,16 milliards de dollars, et s’attend désormais à ce que Westinghouse réalise un Ebitda de 460-530 millions de dollars (initialement : 445-510 millions). Sur le prêt à terme de 600 millions de dollars contracté pour acquérir Westinghouse, il ne reste lui que 200 millions à rembourser. Cameco disposait de 197 millions de dollars de liquidités à l’issue du 3e trimestre, et d’une ligne de crédit d’un milliard de dollars. Elle a porté le dividende annuel de 0,12 à 0,16 dollar cette année. Il passera à 0,2 dollar en 2025 et à 0,24 dollar en 2026.
Conclusion
L’entreprise n‘est guère affectée par la dépréciation de la livre d’U3O8 sur le marché au comptant. Elle a vu sa capitalisation boursière augmenter de plus d’un cinquième cette année. A 20 fois l’Ebitda attendu et à 10 fois le CA, l’action peut sembler chère, mais il n’en est rien : le marché haussier de l’uranium sera long. En tant que société intégrée, Cameco tirera parti de ce marché et sera en mesure d’accroître sa production. Nous recommandons l’achat de l’action, de préférence sur repli, pour le long terme (rating 1B).
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