Les revenus d’intérêts de KBC déçoivent
Les résultats de KBC sont loin d’être mauvais et ses actionnaires sont gâtés. La valorisation de l’action est franchement trop faible: à moins de 60 euros, elle est digne d’achat.
Les valeurs bancaires peinent décidément à attirer les investisseurs, ces dernières années. En mars 2023, le cours de KBC avait certes grimpé à 70 euros, mais la Silicon Valley Bank, le groupe Credit Suisse et la First Republic Bank ont écourté la fête. Depuis lors, le marché est très critique à l’égard des chiffres de KBC. Bien que ses attentes aient été largement satisfaites, il a sanctionné l’action tant après la publication des chiffres du premier que du deuxième trimestre, ramenant le cours en deçà de 60 euros.
Le bénéfice net, de 966 millions d’euros au deuxième trimestre, a pourtant progressé de près de 9% en un an. Il a en outre dépassé de plus de 13% le consensus (853 millions d’euros). Le bénéfice par action est monté en un an de 2,10 à 2,29 euros, au deuxième trimestre. Mais les analystes sont encore plus attentifs à l’évolution des revenus nets d’intérêts des banques, qui, en ce qu’ils constituent la base de leurs bénéfices, sont leur cœur d’activité. Les réductions de valeur sur créances ou leurs reprises, les résultats de trading, les plus- et moins-values sur les cessions d’activités… ne sont, eux, que des éléments souvent ponctuels ou purement comptables. Or les revenus nets d’intérêts de KBC ont déçu le consensus: à 1,407 milliard d’euros, ils sont de 4 millions ou de 0,3% inférieurs aux attentes (1,411 milliard d’euros). Notez qu’ils ont néanmoins bondi de 6,3% en rythme trimestriel et de 12,8% en glissement annuel. Cette hausse est notamment attribuable à l’augmentation des montants placés sur les comptes à terme. Quant aux revenus totaux, ils ont atteint 2,775 milliards d’euros, soit 2,7% de plus que pronostiqué (2,700 milliards).
Si les analystes accordent une très grande importance aux revenus d’intérêts, les actionnaires se focalisent pour leur part surtout sur leur rémunération. Et ils n’ont pas à se plaindre. Le dividende ordinaire se monte à 4 euros brut par action pour l’exercice 2022. Mais ce n’est pas tout: le conseil d’administration a décidé de distribuer 1,3 milliard d’euros de capital excédentaire par le biais d’un programme de rachat d’actions. Le marché s’attendait à un montant de cet ordre, qui correspond grosso modo au surcroît de capital de 400 millions d’euros obtenu grâce aux excellents ratios de liquidité et de solvabilité, additionné au gain de 1 milliard d’euros lié à la vente de KBC Bank Ireland. KBC n’a pas (encore?) annoncé de dividende extraordinaire; certains analystes tablaient sur un montant de 400 millions d’euros à ce titre. La banque distribuera en novembre un acompte sur dividende de 1 euro brut par action pour l’exercice 2023. L’actionnaire de référence (18,6% des actions KBC), KBC Ancora, se réjouit de ces nouvelles, puisque ce “monoholding” belge qui n’a en portefeuille que des actions KBC tire le plus clair de ses revenus des dividendes qu’il perçoit de la banque.
Conclusion
Les augmentations des taux d’intérêt opérées par la BCE ont permis aux marges d’intérêt des banques européennes de s’améliorer considérablement et à ces dernières de voir leurs actions, relativement bon marché depuis plusieurs années, se renchérir. Mais cela fait de nouveau plusieurs mois que les valeurs financières ne progressent plus. Ainsi la valorisation de KBC est-elle une fois de plus très raisonnable, même trop, à 1,3 fois la valeur comptable et à un ratio cours/bénéfice attendu de 7,5. Nous avions abaissé notre conseil lorsque le titre avoisinait les 70 euros, mais le relevons dès lors qu’il vaut moins de 60 euros seulement.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 58,34 euros
Ticker: KBC BB
Code ISIN: BE0003565737
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 24,34 milliards EUR
C/B 2022: 8
C/B attendu 2023: 7,5
Perf. cours sur 12 mois: +16%
Perf. cours depuis le 01/01: -3%
Rendement du dividende: 6,9%
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