Le tuyau de la semaine: Aker BP
La production du groupe a plus que doublé depuis qu’il a absorbé Lundin Energy. Il a investi en décembre dans une dizaine de nouveaux projets et estime pouvoir produire 525.000 barils d’équivalent pétrole par jour d’ici 2028.
Le producteur norvégien de pétrole et de gaz s’est littéralement transformé en 2022, en acquérant, pour la somme colossale de 9,4 milliards de dollars (2,2 milliards payés cash, le solde, via l’émission de 271,9 millions d’actions), les actifs de son concurrent Lundin Energy, situés comme les siens sur le plateau continental norvégien. L’opération a accru le nombre d’actions en circulation de 75,5%, à 632 millions d’unités. Lundin a été inclus dans le périmètre de consolidation dès le 1er juillet, et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Alors qu’au premier semestre, Aker BP avait produit quotidiennement 194.700 barils d’équivalent pétrole en moyenne, au second, il en a produit 421.800 par jour (dont 15% de gaz), soit plus qu’anticipé (410.000-420.000). Sur l’exercice, la production quotidienne est de 308.000 barils; c’est 47% de plus qu’en 2021 (209.400 barils). Le coût de production moyen par baril d’équivalent pétrole a bien diminué, de 11,8 dollars au premier semestre à 7,2 dollars au second (attentes: 7 dollars), d’une part parce que la production a augmenté, et d’autre part, grâce aux actifs de Lundin Energy, globalement moins coûteux. Lundin détient en effet notamment 20% du champ pétrolier et gazier Johan Sverdrup. Dans lequel la participation d’Aker BP s’est hissée à 31,57% de par l’acquisition. Au quatrième trimestre, ce champ lui a apporté 180.610 barils d’équivalent pétrole par jour, ou 41,7% de sa production consolidée. Le 15 décembre, la deuxième phase de Sverdrup est entrée en production, celle-ci grimpant de 535.000 à 720.000 barils d’équivalent pétrole par jour. A terme, elle passera à 755.000 barils par jour. Ce démarrage aide en outre Aker BP à réduire davantage son empreinte carbone (à seulement 3,1 kilogrammes par baril d’équivalent pétrole), même si sur ce plan, il était déjà le meilleur élève du secteur.
Porté par la hausse importante de la production et les prix élevés du pétrole et du gaz, le chiffre d’affaires a bondi de 4,3 milliards de dollars au premier semestre à 8,7 milliards au second. Si la progression du bénéfice net est moins impressionnante, de 724 millions à 875 millions de dollars, c’est la hausse des impôts et dépréciations (sur le projet différé Wisting) qui l’explique. Le bénéfice net de l’intégralité de l’exercice a doublé, à 1,6 milliard, par rapport à 2021. La dette nette s’est amenuisée sur les six derniers mois de 2022, de 3,8 à 2,66 milliards.
Aker BP ne se repose pas sur ses lauriers, en témoignent les décisions d’investissement prises en décembre – il fallait les soumettre pour approbation avant la fin 2022 au gouvernement norvégien, qui a réduit ses dépenses dans le secteur après l’éclatement de la pandémie: 10 nouveaux projets, d’une valeur conjointe de plus de 200 milliards de couronnes norvégiennes (quelque 19 milliards de dollars), contribueront à sa production dans quelques années. La plupart d’entre eux seront mis en service en 2026 et 2027. Aker BP vise dès lors au minimum 525.000 barils d’équivalent pétrole par jour d’ici 2028, une ambition qui tient compte de la décroissance naturelle de la production dans les gisements exploités.
Pour 2023, le groupe table sur une production quotidienne moyenne de 430.000-460.000 barils d’équivalent pétrole, à un coût moyen d’à peine 7-8 dollars par baril. Déjà relevé six mois plus tôt (à 0,525 dollar), le dividende trimestriel a été rehaussé fin décembre à 0,55 dollar brut par action, et augmentera de 5% par an dès 2024.
Conclusion
Comme nous l’espérions, l’action Aker BP s’est repliée. Le cours fluctue pour l’heure autour de 260 couronnes norvégiennes, au sein d’une zone de résistance. Nous nous attendons à une hausse des prix du pétrole en 2023, le spectre d’une récession s’éloignant et le marché du pétrole brut se tendant. Redevenu digne d’achat, le titre pourrait réintégrer le portefeuille modèle.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 278,2 couronnes norvégiennes
Ticker: AKERBP NO
Code ISIN: NO0010345853
Marché: Oslo
Capit. boursière: 175,4 milliards NOK
C/B 2022: 9
C/B attendu 2023: 6
Perf. cours sur 12 mois: +2%
Perf. cours depuis le 01/01: -8,5%
Rendement du dividende: 8,1%
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