La marge bénéficiaire de NVIDIA culmine
Au vu de sa valorisation, NVIDIA n’a d’autre choix que de continuer à répondre aux attentes élevées. Or les perspectives laissent entrevoir un ralentissement de la croissance et une rentabilité sous pression.
Sans surprise, comme lors des sept trimestres précédents, NVIDIA a surpassé les attentes tant en matière de chiffre d’affaires (CA) que de bénéfice pour le 3e trimestre de l’exercice 2025 (achevé le 27 octobre). A 35,1 milliards de dollars, le CA bat de 2,5 milliards de dollars les prévisions de la direction et de 2 milliards celles des analystes. Les ventes ont progressé de 94 % sur un an et de 17 % sur trois mois ; la croissance ralentit donc (262 % au 1er trimestre, 122 % au 2e), mais reste franchement exceptionnelle.
L’hégémonie de NVIDIA demeure incontestée en ce qui concerne les semi-conducteurs pour les applications d’intelligence artificielle (IA). Le segment des centres de données a généré un CA de 30,8 milliards de dollars, en hausse de 112 % sur un an, mais dépend fortement d’une poignée de grands clients : les exploitants d’infrastructures cloud tels que Microsoft, Amazon et Google assurent la moitié du CA. A terme, ils pourraient développer leurs propres puces. La division inclut également des composants de réseaux avec la solution InfiniBand, développée avec Arista Networks et qui prend des parts de marché à Cisco.
NVIDIA développe actuellement la dernière génération de puces d’IA, Blackwell, qui associe une puissance de calcul supérieure à une consommation d’énergie réduite. Si le déploiement a été retardé par suite de problèmes logistiques et technologiques, la demande surpasse largement l’offre et cette configuration devrait perdurer encore plusieurs trimestres. La croissance de NVIDIA dans ce segment est limitée par la capacité de production. Heureusement, les puces de l’ancienne ligne de produits Hopper se vendent toujours bien.
Huawei Technologies a annoncé qu’il commercialiserait ses propres puces d’IA au premier trimestre de 2025. La Chine reste dans l’ombre de l’Occident, qui refuse de lui livrer les machines EUV d’ASML, capables de produire des puces avancées. Mais Beijing encourage le recours aux puces nationales. A terme, la Chine risque de devenir un débouché beaucoup moins important pour NVIDIA.
Le CA du segment des jeux a bondi de 15 % en un an, à 3,28 milliards de dollars, en raison de la demande accrue de puces graphiques pour ordinateurs et consoles de jeux.
La marge brute trimestrielle du groupe a reflué de 0,5 %, à 74,6 % (+0,6 % sur un an). Compte tenu de la hausse des coûts, elle devrait encore diminuer ce trimestre, pour s’établir à 73 %. Pour autant, la rentabilité de NVIDIA reste bien supérieure à celle de ses concurrents. Au 3e trimestre, le bénéfice net s’élève à 19,3 milliards de dollars (0,78 dollar par action), en hausse de 111 % sur un an (consensus : 0,75 dollar), et le cash-flow disponible, à 16,8 milliards (13,5 milliards au 2e trimestre). La direction vise pour le 4e trimestre un CA de 37,5 milliards de dollars, soit une décélération de la croissance, en glissement annuel, à 70 %. Le consensus a néanmoins été battu.
Conclusion
NVIDIA s’échange à 50 fois le bénéfice, 28 fois le CA et plus de 50 fois le cash-flow ; à ce prix, le groupe n’a d’autre choix que de continuer à répondre aux attentes élevées. Or les perspectives laissent entrevoir un ralentissement de la croissance et une rentabilité sous pression. Alors que la Chine incite ses fabricants à recourir aux puces locales et que les mesures susceptibles d’être adoptées par Donald Trump (droits de douane, barrières à l’exportation) suscitent des incertitudes, nous prenons une partie de nos bénéfices.
Conseil : vendre
Risque : élevé
Rating : 3C
Cours : 144,1 dollars
Ticker : NVDA US
Code ISIN : US67066G1040
Marché : Nasdaq
Capit. boursière : 3.570 milliards USD
C/B 2024 : 113
C/B attendu 2025 : 50
Perf. cours sur 12 mois : +186 %
Perf. cours depuis le 1/1 : +191 %
Rendement du dividende : 0,03 %
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