Essoufflement des titres ASMI et Besi
L’effondrement des cours de plusieurs sociétés spécialisées dans les semi-conducteurs a surpris plus d’un investisseur. Que se passe-t-il ? Faut-il s’attendre à un renversement de tendance au sein du secteur ?
L’intelligence artificielle et les technologies connexes font s’envoler le secteur des semi-conducteurs. Mais les cycles économiques, les valorisations, le resserrement de la réglementation et l’immixtion des pouvoirs publics sont autant d’éléments qui en entravent par ailleurs l’évolution.
La demande de puces, et donc, aussi, de machines permettant de les produire, continuera de croître ces prochaines années. Il s’agit d’une tendance inéluctable, qui sera néanmoins cyclique – les cycles seront influencés par la dynamique de croissance économique, mais aussi par les restrictions commerciales et par l’augmentation des droits de douane, pour ne citer qu’eux.
ASMI : carnet de commandes bien rempli
Le ralentissement déploré au 1er trimestre ne s’est pas répété. ASMI a clos le 2e trimestre sur une croissance de 6 % de son chiffre d’affaires (CA) en rythme annuel : le CA a atteint 706 millions d’euros, un résultat supérieur à des pronostics déjà revus à la hausse. Si certains marchés évoluent plus lentement que prévu, le groupe profite de l’engouement pour l’intelligence artificielle, auquel il répond en déployant sa technologie gate-all-around, qui permet d’obtenir des puces plus puissantes et moins énergivores.
Le fabricant de machines à semi-conducteurs a décroché pour 755 millions d’euros de nouvelles commandes (+55 % en un an et 7 % de mieux que le consensus). Il table désormais sur une croissance de 15 % de son CA entre le 1er et le 2e semestre (+10 %, précédemment). Il est certain de pouvoir compenser ailleurs le tassement des ventes en Chine.
Le groupe a versé pour 135 millions d’euros de dividendes (2,75 euros par action) au titre de l’exercice 2023. Fin juin, son programme de rachat d’actions (150 millions d’euros) était achevé à 39 %. L’entreprise, qui n’est pas endettée, disposait à l’issue du 1er semestre d’une trésorerie de 637 millions d’euros. Comme le titre se négocie à 34 fois les bénéfices moyens escomptés, nous conseillons de conserver/attendre (rating 2B).
Besi : être juste bon ne suffit pas
Malgré un CA qui se situe dans la partie haute des prévisions, les pronostics pour le trimestre en cours, surtout au niveau des prises de commandes, sont décevants. Le CA (151,2 millions d’euros) a beau avoir progressé de 3 % en trois mois, il a cédé 7 % en rythme annuel. Les nouvelles commandes ont atteint 185,2 millions d’euros au 2e trimestre ; c’est 45 % de plus qu’au trimestre précédent, mais moins que le consensus (179 millions d’euros). Besi a enregistré une forte croissance dans l’hybrid bonding (connexion de différents types de puces) et les applications d’intelligence artificielle mais dans les autres segments, dont celui de l’automobile, les commandes n’ont pas toujours été au rendez-vous.
La marge brute s’établit à 65 %, ce qui laisse à l’entreprise la possibilité d’investir en recherche et développement. Les 29 commandes, passées en mai par deux clients, de systèmes d’hybrid bonding, seront livrées fin 2024-début 2025. Cette technologie ne représente pour l’instant qu’une fraction du CA, mais cela changera quand les applications commerciales feront leur percée. Besi espère fournir jusqu’à 1.900 systèmes d’ici la fin de la décennie, ce qui exigera évidemment des investissements substantiels dans les capacités de production.
La direction a revu en juillet la marge brute et la marge d’exploitation à la hausse. A terme, les activités traditionnelles devraient assurer un CA de 1 milliard d’euros au minimum. L’entreprise a consacré 171,5 millions d’euros au versement de dividendes (2,15 euros par action) et 14,8 millions au rachat d’actions. Elle disposait fin juin d’une trésorerie nette de 74,4 millions d’euros. Elle est, après la récente correction, cotée à 28 fois les bénéfices escomptés pour 2025 par le consensus ; ce n’est pas rien, et c’est pourquoi, jusqu’à nouvel ordre, nous recommandons de vendre (rating 3A).
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